À 25 ans, Amandla Stenberg a déjà traversé deux décennies hollywoodiennes. Fille d’une mère afro-américaine et d’un père d’origine danoise, la native de Los Angeles a connu son premier gros succès en 2011, à l’âge de 13 ans, dans le thriller Colombiana, produit par Luc Besson, avant de marquer les esprits grâce au personnage de Rue dans Hunger Games, l’année suivante.
Depuis, elle navigue de film en série avec aisance et naturel. “Quand j’ai décidé d’être actrice, j’avais 9 ou 10 ans. Depuis quelques années déjà, je posais pour des pubs, ce qui n’a rien d’original lorsqu’on grandit à Los Angeles. Je faisais aussi de la danse classique, des claquettes, de la gym...” Elle demande alors à son agent de l’inscrire en priorité à des castings de cinéma. Pour ne plus jamais revenir en arrière.
Interview de l'actrice Amandla Stenberg, star d'Hunger Games et de la série Star Wars: The Acolyte
Amandla Stenberg s’engage corps et âme dans ses rôles, comme dans Colombiana dont elle partageait l’affiche avec Zoe Saldana. Elle s’y retrouvait dans une scène à ramper, et dans une autre à voir ses parents se faire tirer dessus sous ses yeux. Ce jeu physique intense, cette implication du corps l’attirent particulièrement. Mais pas à n’importe quel prix : elle appartient à une génération où l’idée d’être mise en scène comme une femme-objet n’est pas acceptable. Toute représentation de soi est une construction, consciente et travaillée avec soin.
“Je ne suis pas sûre que l’activisme sur les réseaux serve la cause sur la durée.” Amandla Stenberg
“Je n’aime pas particulièrement véhiculer une image de moi trop fidèle à la réalité, poursuit-elle. J’aime incarner d’autres personnes. Le fantasme, l’imagination, tout cela me transporte. Être actrice est l’un des seuls métiers dans lesquels, en tant qu’adulte, on a le droit de jouer ! Plus je vieillis, plus j’essaie de rester fidèle à l’enfant que j’ai été.” Cette enfant, Amandla Stenberg a dû lutter dès le départ pour la préserver, et percevait d’ailleurs l’étrangeté, dans son métier, de se voir considérée comme une adulte même quand ce n’était pas encore le cas. “J’ai connu la célébrité assez jeune, mais ma priorité était de continuer l’école. Mes parents et moi savions que j’avais besoin d’une part de normalité : avoir des amies, aller au bal de fin d’année... Je ne voulais pas sacrifier cela sur l’autel de ma passion. C’est seulement après le lycée que j’ai décidé de m’y consacrer entièrement.”
Amandla Stenberg peut alors participer au film de Beyoncé qui accompagne son album Lemonade en 2016, et trouve l’un de ses rôles les plus marquants dans le drame indépendant The Hate U Give – La Haine qu’on donne, deux ans plus tard, où elle joue une ado qui assiste à la mort de son ami d’enfance tué par la police. Une manière de se situer dans les débats contemporains qui n’est évidemment pas due au hasard. Sa façon d’intervenir dans l’espace public sur les questions de genre, de féminisme ou de racisme lui a parfois valu quelques petits désagréments.
Comme le jour où, sous une publication Instagram de Kylie Jenner, elle a laissé un commentaire à propos de ses tresses, évoquant l’appropriation de la culture et du style des femmes noires... qui s’est transformée en clash virtuel, bien malgré elle. “Je me suis toujours exprimée librement, mais parfois, ça peut jouer des tours ! [Rires.] Ce jour-là, j’étais censée bosser sur un devoir de physique et les choses ne se sont pas passées comme prévu. Je me souviens de ma mère courant dans l’escalier en criant mon nom : “Amandla, qu’est-ce que tu as fait ?...”
Il n’empêche, Amandla Stenberg a provoqué un débat légitime. Elle l’assume, même si les réseaux sociaux lui inspirent parfois de l’inquiétude. “Je ne suis pas sûre que l’activisme sur les réseaux serve la cause sur la durée. Les intentions sont excellentes pour mettre en avant des voix longtemps réduites au silence, mais les mouvements qui nous ont précédés avaient peut-être plus de poids. Aujourd’hui, on parle de tout, mais cela ne dure qu’une seconde. La culture est plus inclusive, les inégalités et les préjugés moins nombreux, certaines choses sont considérées comme très inappropriées alors qu’elles n’étaient pas reconnues comme telles auparavant. C’est positif. Néanmoins, notre rapport collectif à la vérité est plus chaotique.”
L'actrice Amandla Stenberg est le visage de la collection joaillière Coco Crush de Chanel
La jeune actrice vient de terminer à Londres le tournage d’une série issue de la franchise Star Wars. Elle traverse aussi une période d’affirmation personnelle, que son rôle actuel d’égérie de la collection de joaillerie Coco Crush, de Chanel, l’aide à définir. “Chanel a été la première marque à avoir proposé de m’habiller alors que je devais avoir 13 ans. Ma mère est une grande amatrice de mode et j’avais des posters Chanel dans ma chambre ! J’aime beaucoup la simplicité et l’élégance de la collection Coco Crush, les bagues en particulier.”
Ce lien spécifique avec la joaillerie, Amandla Stenberg l’a développé en pensant à son identité mouvante. “J’ai longtemps été un tomboy, une personne au genre fluide, mais récemment, j’ai eu de plus en plus envie d’explorer le féminin. C’est vraiment nouveau dans ma vie. Avant, cela ne m’intéressait pas du tout, je le rejetais même un peu. Maintenant j’ai vraiment le désir de m’exprimer en tant que personne féminine... et adulte !”
La série Star Wars: The Acolyte (2024) avec Amandla Stenberg n'a pas encore de date de sortie.