Daveed Diggs est rappeur et Rafael Casal dramaturge. Ensemble ils crèvent l’écran. Normal, les deux protagonistes, également coscénaristes de Blindspotting, se connaissent depuis le lycée et ont tourné dans leur ville d’origine : Oakland. Prix de la critique au Festival de Deauville, le premier long-métrage de Carlos López Estrada met en scène une ville en pleine mutation (et gentrification) sous l’ère Trump, sur fond de violences policières. Collin (Daveed Diggs) purge ses trois derniers jours de liberté conditionnelle après avoir été incarcéré pour une violente bagarre. Il décide donc de rester sage et travaille en binôme avec son meilleur ami Miles (Rafael Casal) dont les pulsions agressives envahissent son quotidien. Mais lorsqu’il assiste à une terrible bavure policière, Collin perd pied.
Cet electrochoc, Carlos López Estrada en fait le moteur d'une fresque sociale, celle d'une Amérique morcelée où chaque communauté revendique son droit de cité, empêtrée dans des certitudes bancanles qui l'empêchent d'argumenter. Une atmosphère de revendication identitaire propice aux coups de sang mais qui prouve que le “vivre ensemble” est possible, à condition de prendre des distances avec ses "racines". Ici, le cinéaste ne tombe pas dans l'angélisme, son écriture est riche, son humour équilibré. Et le tout est rythmé par une imagerie colorée et percutante, une bande originale hip-hop et des plans homériques.
Blindspotting, de Carlos López Estrada. Avec Daveed Diggs, Raafel Casal, Janina Gavankar. En salle le 3 octobre.
Bande annonce “Blindspotting”