Interview de Deva Cassel, fille de Monica Bellucci et Vincent Cassel
Numéro : Quelle est la première expérience créative dont vous avez le souvenir ?
Deva Cassel : Depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé l’art, que ce soit la peinture, la musique ou la danse… J’ai vite compris que j’étais sensible aux mondes artistiques et imaginaires, mais je n’ai jamais eu de moment “déclic”… J’ai commencé comme mannequin car j’étais très curieuse de l’univers de l’image. J’ai accompagné ma mère sur un shooting et le photographe a voulu prendre quelques photos. Devant la caméra, je me suis tout de suite sentie à l’aise, et beaucoup amusée. J’ai su que je voulais continuer sur cette route.
Qu’est-ce qui vous attire dans la mode et que vous inspire votre lien à la maison Dior ?
J’admire par-dessus tout la créativité et le talent. J’ai toujours été inspirée par ce monde car cette manière d’exprimer des idées m’a toujours paru importante. À travers la mode – souvent visionnaire – peut se reconstruire une partie de l’histoire de l’humanité. J’ai un grand respect pour la maison Dior et son héritage unique. Maria Grazia Chiuri marie les influences des cultures française et italienne, et tout cela me parle, car j’appartiens aux deux. Dans sa dernière collection pour la maison Dior, j’ai particulièrement aimé ses chemises déstructurées, ses robes et les silhouettes mêlant avec naturel le chic et le cool dont elle a le secret.
“Le cinéma me fascine depuis l’enfance, mais je rejetais cette carrière pour ne pas faire le même métier que mes parents.” Deva Cassel
À 19 ans, vous incarnez une nouvelle génération qui a grandi avec diverses crises, politiques et climatiques notamment. Quelles causes vous tiennent à cœur ?
L’un des enjeux qui inquiètent ma génération est la préservation de l’écosystème marin. Tout le monde sait que l’activité humaine est à l’origine de la pollution des océans et que le plastique ingéré par la faune marine se retrouve ensuite dans les poissons qui finissent dans nos assiettes. Récemment, nous avons même trouvé des microplastiques dans des corps humains. Il faut que l’on prenne conscience de l’impact de nos actions, et vite, que l’on voie comment transformer le monde au quotidien. Je suis aussi particulièrement touchée par les violences faites aux femmes et aux enfants. Ce sujet me touche profondément. Je trouve anachronique qu’aujourd’hui encore on doive se battre autant pour des droits basiques et élémentaires.
Le premier film dans lequel vous avez joué, La bella estate de Laura Luchetti, vient de sortir en Italie. Comment le cinéma est-il arrivé dans votre vie ?
Le cinéma me fascine depuis l’enfance, mais je rejetais cette carrière pour ne pas faire le même métier que mes parents. Puis, avec le temps, j’ai compris que c’était quelque chose qui m’attirait et qui, malgré tout, me sortait de ma zone de confort. Laura Luchetti m’avait aperçue via des courts-métrages tournés pour des séries de mode. On a fait plusieurs auditions, et, quelques semaines plus tard, elle m’a appelée pour me dire que j’avais le rôle. Un moment que je n’oublierai jamais.
Le Guépard, la prochaine série Netflix avec Deva Cassel
Comment avez-vous travaillé votre rôle ?
J’interprète Amelia, une jeune mannequin des années 30, furtive, joueuse, sensuelle et provocante. C’est un personnage qui possède beaucoup de couches émotionnelles, assez complexe à travailler, mais nous avons fait de nombreux ateliers de préparation avec tous les acteurs et Laura, ce qui m’a permis de prendre confiance et d’arriver prête le premier jour du tournage.
Vous faites partie du casting de l’adaptation par Netflix du Guépard. Envisagez-vous désormais une carrière d’actrice ?
Je ne sais pas encore… Je suis beaucoup trop attachée à la mode pour la quitter ou la faire passer au second plan. Je compte faire les deux pendant un moment.
Quels types de conseils vos parents vous donnent-ils ?
Mes parents me laissent mon libre arbitre. Leur principaux conseils sont “laisse-toi aller, mais garde toujours la tête sur les épaules” et “amuse-toi dans ce que tu fais”. Ce serait d’ailleurs très amusant de les retrouver sur un plateau, et il nous arrive d’évoquer cette idée, mais avant, j’ai encore beaucoup de route à faire.
“J’ai un rapport très sain avec mon corps. Il le faut, c’est mon seul médium.” Deva Cassel
Le principal outil de travail d’un modèle et d’une actrice, c’est son corps. Trouvez-vous que la pression mise sur les jeunes femmes et hommes pour qu’ils correspondent à un canon de beauté classique est en train de changer ?
J’ai un rapport très sain avec mon corps. Il le faut, c’est mon seul médium. L’attention portée au corps humain apporte guérison et régénération. Grâce à la conscience du corps, nous nous souvenons de qui nous sommes réellement, et c’est si beau de pouvoir créer avec une chose aussi simple, et également si complexe. Je pense qu’aujourd’hui la pression est toujours présente, mais les gens y prêtent moins attention. Les “critères” contemporains n’arrêtent pas de changer et ont des variantes infinies. L’unicité est ce qui nous rend tous spéciaux, et les gens commencent à s’en rendre compte à nouveau.
La série Le Guépard créée par Richard Warlow et Benji Walters avec Deva Cassel sera diffusée en 2024 sur Netflix.