« Quand on m'a appelé pour devenir président du jury (...), je n'en suis pas revenu, j'étais à la fois heureux, surpris et fier », a confié Spike Lee, premier afro-américain à occuper cette fonction de président du jury. Pourtant, cette nomination n’a rien de surprenant, puisque l’œuvre du cinéaste de 62 ans a régulièrement été présentée à Cannes. Habitué du festival depuis les années 80, le réalisateur de BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan (Grand prix du Festival de Cannes en 2018) s’est fait connaître grâce à son œuvre foisonnante, dont les films militants défendent notamment les droits des personnes noires.
Dans Nola Darling n’en fait qu’à sa tête – premier film de Spike Lee à remporter le prix de la Jeunesse à Cannes en 1986 – on pouvait entendre l’actrice Tracy Camilla Johns dire face caméra "I consider myself normal, whatever that means. Some people call me a freak. I hate that word, I don’t believe in labels" (“Je me considère comme quelqu'un de normal, quoique ce mot veuille dire. Certaines personnes me disent bizarre. Je déteste ce mot, je ne crois pas aux étiquettes”). L’ensemble de l’œuvre du réalisateur pourrait d’ailleurs tenir sous ces quelques lignes candides. La place des Noirs dans la société américaine, les inégalités sociales, les violences dans les quartiers pauvres et le sexisme sont autant de thèmes abordés par Spike Lee à travers ses films. Entre Do the Right Thing (1989), Jungle Fever (1991), The Very Black Show (2000) ou encore Chi-Raq (2015), le cinéaste s’est illustré comme celui qui valorise ceux que la société délaisse, et qui a révélé un grand nombre d'acteurs à le renommée internationale : de Denzel Washington, à Halle Berry, en passant par Samuel L. Jackson ou encore Wesley Snipes.
Reconnu mondialement par les cinéphiles, le travail de Spike Lee a été consacré en 2018 avec son film BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan – qui lui a valu sept récompenses, dont l’Oscar du meilleur scénario adapté. Ce n'est donc pas vraiment une surprise si le cinéaste est nommé à la présidence du Festival de Cannes, qui se tiendra du 12 au 23 mai 2020. Si la sélection des films n’est pas encore connue, on peut espérer qu’elle présentera davantage de diversité que celle des Oscars.