Clown triste
Une légende persiste sur les clowns : derrière le maquillage et les rires en rafale qu'ils provoquent, ce seraient de tristes pitres. Carrey a démarré dans les années 90 en amusant la galerie par son talent loufoque en créature grimée dans The Mask (1994), pour ensuite enchaîner les films destinés au pur divertissement. Que ce soit dans Ace Ventura, détective pour chiens et chats, The Grinch ou Dumb and Dumber, ses gimmicks à la Tex Avery et ses grimaces élastiques ont fait rire la planète entière. Sauf qu'un jour, l'amuseur public n'a plus envie de rigoler. Il montre alors un visage grave, profond et émouvant dans le politique The Truman Show, le mélancolique Man on the Moon et le poétique Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry. Ce dernier ne l'a pas oublié puisqu'il lui confie désormais un rôle dans une série à venir sur Showtime, Kidding. Sur sa nouvelle lancée, Carrey vient également de présenter un documentaire sur l'humoriste pas toujours drôle Andy Kaufman au festival de Toronto. Les blagues de Jim sont aujourd'hui plus teintées d'ironie et d'absurdité que d'idiotie.
Slasheur imprévisible
Il n'y a pas que le cinéma dans la vie de Carrey. Cet été, l'homme a révélé une autre facette de sa personnalité en peintre complètement habité par ses œuvres colorées et réussies dans un court-métrage diffusé en ligne (intitulé Jim Carrey: I Needed Color et réalisé par David L. Bushell). La peinture semble avoir sauvé l'acteur après le suicide de sa femme, Cathriona White, en 2015, pour lequel il sera jugé pour homicide par imprudence en 2018. Lors de ses rares apparitions publiques, l'ex comique joue aussi les commentateurs surréalistes. Invité le 8 septembre à une soirée de la fashion week de New York, il a raconté à une journaliste désemparée de la chaîne E!News que cet événement n'était qu'un cirque dépourvu de sens, et que ni elle ni lui n’avaient d’existence réelle. Extrait : « Je voulais trouver la chose la plus vide de sens où je pouvais aller et me voilà. Vous le savez que ça n'a aucun sens ? (…) Je ne crois pas aux personnalités, je ne crois pas que vous existiez, mais vous laissez une merveilleuse effluve derrière vous. (…) Je crois que nous sommes des champs d'énergie qui dansent, et je m'en fous. » Quelque part entre Jean-Claude Van Damme et Guy Debord...
Trublion métaphysique
Jim Carrey a très longtemps été connu et aimé pour son corps qu'il pouvait tordre dans tous les sens et pour son visage expressif. Mais c'est son esprit qu'il veut désormais dévoiler au monde. Ses interviews sont d'étranges leçons de vie. Passionné par la figure du Christ et fervent pratiquant de la méditation transcendantale, il a déclaré à CNN : « Mon âme n'est pas contenue dans les limites de mon corps, mon corps est contenu dans l'illimité de mon âme ». Dans une interview publiée par le Monde en septembre, il poursuit plus loin ses élucubrations : « Beaucoup de gens ont interprété ce que j’ai vécu comme une dépression, mais ça n’a rien à voir. J’ai commencé à m’intéresser à l’idée du « Tout », à rejeter de plus en plus ce qui se rattache à l’individualité. Mon moi s’est dissout progressivement, à la faveur d’une série de petites épiphanies. (...) J’ai de la tristesse, de la joie, mais ces émotions ne s’accrochent pas assez longtemps à moi pour me submerger. » Le masque semble définitivement tombé pour l'une des âmes les plus humaines de la Cité des Anges.
Jim Carrey Sounds Off on Icons and More at NYFW 2017