Meilleur boxeur de tous les temps, Mohamed Ali a aussi écrit sa légende en dehors des rings. Né Cassius Clay avant de changer de nom lors de son entrée dans la très controversée Nation of Islam, le multiple champion du monde poids lourd a mené des combats pour les droit civiques des noirs aux États-Unis, l'émancipation des peuples africains et refusé de s’engager dans la guerre du Vietnam “parce qu’aucun Vietcong ne l’avait jamais traité de nègre”. Parce qu’elle surpasse tout ce que les meilleurs scénaristes d’Hollywood auraient pu inventer, la vie de Mohamed Ali a fait l’objet de nombreux films et documentaires couronnés de succès.
1. Mohamed Ali showman dans "Ali & Cavett: The Tale of The Tapes" (2018)
"Ali & Cavett: The Tale of The Tapes" (2018) de Robert S. Bader
Invité à de nombreuses reprises dans le célèbre talk show américain de Dick Cavett, Mohamed Ali s’est imposé comme l’une des voix les plus importantes de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Outrancier, irrévérencieux et véritable show man, le boxeur aux punchlines incisives, qui s’est toujours demandé “comment un noir pouvait remporter un titre olympique et être refusé dans les restaurants de sa ville natale”, faisait de chacune de ses apparitions un évènement, suivi “par les avocats, les médecins, les proxénètes, les péquenauds qui n’aiment pas les noirs qui parlent comme lui, les Black Panthers qui aiment son côté voyou et les fans de Jesus Christ”. Des propos pleins d’amertume et d’humour que l’on retrouve au fil des images d’archives du documentaire Ali & Cavett: The Tale of The Tapes (2018), commentées par le présentateur Dick Cavett, avec qui le boxeur avait noué une complicité hors norme.
2. Un combat historique dans "When We Were Kings" (1996)
"When We Were Kings" (1996) de Leon Gast
En 1967, Mohamed est dépossédé de son titre mondial et de sa licence de boxe à la suite de son refus de s’engager dans le conflit américain au Vietnam. Lorsque la Cour Suprême américaine lève ces sanctions quatre ans plus tard, Mohamed Ali est de retour avec une seule idée en tête : reconquérir son titre mondial. Moins agile qu’à ses débuts, le boxeur perd “le combat du siècle” face à son rival de toujours, Joe Frazier, avant de subir une nouvelle défaite face à Ken Norton. “The Greatest” repart de zéro, lave ces deux affronts et se retrouve de nouveau à quelques rounds de son graal le 30 octobre 1974, face à George Foreman. Financé par le tyran Mobutu, qui a promis 10 millions de dollars aux deux protagonistes, le combat se tient devant 100.000 spectateurs à Kinshasa, capitale du Zaïre. “Ali boumayé” (“Ali, tue-le”) hurle une foule survoltée pour encourager le boxeur, devenu une icône internationale de la lutte contre l’impérialisme blanc. À bout de souffle vers la fin du 8ème round, George Foreman tombe K.O sous les coups de poing rageurs de Mohamed Ali. Oscar du meilleur documentaire en 1997, When We Were Kings revient sur cet instant de grâce, resté comme l’un des plus mythiques de l’histoire de la boxe.
3. Will Smith métamorphosé dans "Ali" (2001) de Michael Mann
"Ali" (2001) de Michael Mann
Raconter un personnage aussi complexe que Mohamed Ali relève de l’immense défi. Surtout lorsque l’on est un réalisateur blanc comme Michael Mann (Le Sixième Sens, Heat) et que l’on s’attaque au biopic d’une icône afro-américaine. Consultant lors de la préparation du film qui dura plus d’un an, Mohamed Ali ne souhaite rien embellir de son histoire. Ni ses moments de doute sportifs, ni sa rupture avec son ex-mentor, Malcolm X, assassiné peu de temps après leur brouille. La pression repose aussi sur les épaules de Will Smith, qui prend 17 kilos, s’immerge des opinions politiques, de l’amour de l’Islam et de la manière de boxer de la légende pour les besoins du rôle, s’entraînant tous les matins pendant un an. Un moindre mal lorsque l’on sait que, par souci de réalisme, Michael Mann a demandé aux acteurs qui incarnent les opposants de Mohamed Ali de ne pas retenir leurs coups lors du tournage.
Cycle Mohamed Ali sur OCS, disponible à partir du 26 décembre 2020.