L’Academy Museum of Motion Pictures ouvrira ses portes fin 2019 en plein cœur de Los Angeles, que nous réserve ce musée ? Réponse en quatre points :
1. L’Academy Museum of Motion Pictures, le nouveau trésor de l’achitecte du Centre Pompidou Renzo Piano
Au croisement du Wilshire Boulevard et de la Fairfax Avenue, au cœur de Los Angeles, un étrange dôme de verre transparent vient d’éclore. Fin 2019, il abritera le nouveau temple mondial du 7e art et de la science du cinéma : l’Academy Museum of Motion Pictures. Un projet grandiose qui a été confié à l'architecte star Renzo Piano à qui l’on doit notamment le Centre Pompidou et le nouveau Palais de justice de Paris. En son sein : six étages susceptibles d’accueillir autant d’expositions, un grand auditorium, une salle dédiée aux Oscars, et cette fameuse sphère de verre reliée au bâtiment principal par une passerelle. Sous ce dôme spectaculaire s'alignent les 1000 sièges du théâtre David Geffen – du nom du producteur américain – grâce à qui le cultissime Entretien avec un vampire de Neil Jordan a notamment vu le jour –, ainsi qu’une terrasse panoramique avec vue sur les collines d’Hollywood.
C'est Robert Iger, PDG de la Walt Disney Company, qui a lancé en 2012 la levée de fonds initiale de ce projet pharaonique, dont le coût s'élève à plus de 335 millions d’euros. Une folle entreprise dans laquelle se sont immédiatement engagés les acteurs Tom Hanks (Forrest Gump) et Anette Bening (American Beauty), entre autres. Leur rêve est près de voir le jour : à la fin de cette année le musée prendra vie avec, en guise de programme inaugural, une grande rétrospective consacrée à l’histoire du cinéma, ainsi que deux expositions temporaires : l'une dédiée à l’œuvre du réalisateur japonais Hayao Miyazaki, l'autre, au cinéma afro-américain de 1900 à 1970.
2. La grande exposition “Where Dreams are made”
En 1968, Stanley Kubrick révolutionne le cinéma de science-fiction avec 2001, l’Odyssée de l’espace. Parmi les trophées de ce nouveau musée, les décors et les accessoires du chef-d'œuvre futuriste de Kubrick mais aussi d’autres trésors tels que les pantoufles rubis de Dorothy, héroïne du Magicien d’Oz (1939). Toutes ces reliques trôneront dans l’exposition permanente Where Dreams Are Made : A Journey Inside the Movies. Celle-ci occupe deux étages de l’Academy Museum. Mais les cinéphiles ne seront pas au bout de leur surprise, puisqu'ils pourront aussi admirer la toile de fond de Singin’ in the Rain (1952), les portes du Rick’s Café de Casablanca (1942), la machine à écrire utilisée pour taper le scénario de Psychose (1960) le célébrissime thriller d’Alfred Hitchcock… autant de pièces à conviction susceptibles de rendre compte de l’âge d’or d’Hollywood dont Greta Garbo, Dolores del Rio et Marilyn Monroe étaient les figures de proue.
L'exposition rend aussi hommage à des personnalités du cinéma qui incarnent à merveille le sympathique homme “ordinaire” auquel chacun peut s’identifier, à l’instar de Charlie Chaplin ou de Mary Pickford. Des travaux des frères Lumière aux plus gros blockbusters, de la Nouvelle Vague au Cinema Novo en passant par les premiers courts-métrages d’animation, "Where Dreams are Made” ne néglige aucun aspect du 7e art, usine moderne qui a vu naître des mouvements indépendants mais aussi des mastodontes façonnés entièrement en studio. Et parce que cette industrie, forte de son succès a rapidement su s’auto-congratuler, les Oscars auront, bien sûr, leur pièce dédiée.
3. La grande rétrospective Hayao Miyazaki, le génie de l’animation japonaise
Très discret, vénéré dans son pays natal comme partout ailleurs, le Japonais Hayao Miyazaki est devenu le maître du cinéma d’animation dès Le Château de Cagliostro (1979), son premier film, qui met en scène les aventures du petit-fils d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur.
Si l’œuvre de Hayao Miyazaki est aussi poétique que radicale, c’est parce qu’il a conservé le souvenir glaçant des avions de chasse que son père fabriquait pour l’armée japonaise lorsqu’il était enfant. Ces souvenirs forgeront son dégoût de la violence et de la guerre, mais aussi sa passion pour les engins volants. Au début des années 80, alors que Goldorak s’accapare les projecteurs, lui préfère les figures animalières aux robots justiciers. En 1992, il ira d'ailleurs jusqu’à prêter ses traits à l’aviateur porcin moustachu de Porco Rosso, un de ses chefs-d’œuvre.
Aux États-Unis, la rétrospective Hayao Miyazaki est un événement inédit. Elle nous plonge en immersion totale dans l’univers du réalisateur, entre images d’archives issues son studio d’animation Ghibli, matériel de production, décors, esquisses, story-boards. Deux long-métrages sont aussi projetés : Mon Voisin Totoro (1988) et Le Voyage de Chihiro (2001). Avec cette exposition temporaire, l’Academy Museum refuse l’endocentrisme et se positionne d’emblée comme une institution artistique internationale.
4. L’institution invite le cinéma afro-américain de 1900 à 1970
À l’automne 2020, l’Academy Museum présentera Regeneration : Black Cinema 1900-1970, la première exposition à explorer la culture visuelle du cinéma afro-américain. Examen critique des productions hollywoodiennes, cet événement fait écho au boycott de la 88e cérémonie des Oscars, en 2016, par des acteurs et cinéastes afro-américains dont Spike Lee, dopé à la dynamite, et Jada Pinkett Smith. Ils fustigeaient l’absence de représentants de la communauté afro-américaine lors de cette cérémonie. À titre d’exemple, sur les 332 prix d’interprétation décernés depuis 1928, seuls 5 ont été attribués à des acteurs noirs : Sidney Poitier en 1963 pour Le Lys des champs, Denzel Washington en 2002 pour Training Day, Halle Berry la même année pour À l’Ombre de la haine, Jamie Foxx en 2005 pour Ray et Forest Whitaker pour Le Dernier Roi d’Ecosse (2007). Cette exposition qui a déjà reçu le Prix Sotheby’s, décerné chaque année à des projets culturels innovants, fait également écho au retentissant Black Panther, superproduction Marvel qui, pour la première fois, fait d’un acteur noir un héros en première ligne.