1 - Le théâtre, les séries et les Oscars
Après avoir suivi une formation théâtrale en Géorgie puis en Floride, Alan Ball part s'installer à New York au début des années 90. Il y écrit plusieurs pièces, dont Five Women Wearing the Same Dress, en 1993, ou Made for a Woman, en 1994. Talentueux, il jubile toutefois lorsque Hollywood lui tend les bras. Il commence alors une carrière de scénariste à la télévision avec des séries sans prétention : Cybill, qui raconte les péripéties d’une actrice ratée, ou la sitcom Père malgré tout. En 1992, une Lolita de Long Island, Amy Fisher, blesse grièvement l’épouse de son amant, Joey Buttafuoco. Elle n’a que 17 ans. Alan Ball se saisit de ce fait divers qui passionne les médias, et écrit le script d'American Beauty, un long métrage qui mêle innocence virginale et charme prédateur. Derrière la façade du pavillon bourgeois de Lester Burnham (Kevin Spacey) et de sa femme, Carolyn (Annette Bening), se déroule une tragi-comédie qui mène inexorablement vers la mort… La première tentative cinématographique d’Alan Ball est couronnée de succès : American Beauty, réalisé par Sam Mendes, reçoit l’Oscar et le Golden Globe du meilleur scénario en 2000. Une belle entrée en matière.
2 - De Six Feet Under à True Blood
Le succès d’Alan Ball ne se limite pas au cinéma. En 2001, l'homme se lance dans un projet bientôt unanimement salué : Six Feet Under, une série diffusée sur HBO. Passé à la réalisation, il décroche deux Golden Globes et six Emmy Awards. À Los Angeles, “la capitale mondiale du refus de la mort” pour reprendre les termes de Ball lui-même, la famille Fisher hérite de la société de pompes funèbres créée par le père, disparu dans un accident. Dans cette série, l’humour noir est de rigueur, et Alan Ball rivalise d’ingéniosité dans l'écriture de situations toujours plus improbables. Chose étrange (et peu rassurante), le scénariste semble fasciné par la mort. Toute envie de plaisanterie s'évanouit face à son explication : “Lorsque j’avais 13 ans, je me suis retrouvé dans un accident de voiture avec ma sœur, qui conduisait le véhicule. C’était son 22e anniversaire, et elle est morte. Elle est morte devant moi. Elle est morte sur moi. La mort a coincé son gros visage immonde face à moi et ma vie a changé. Voilà pourquoi la mort semble être un thème récurrent dans mon travail…” Alan Ball se lance dans une cure de jouvence avec son projet suivant, la série True Blood, inspirée des romans de Charlaine Harris, Southern Vampire Mysteries. Ici, les vampires vivent parmi les humains et se nourrissent de sang synthétique, alternative sympathique à une tuerie de masse. Ouvertement homosexuel, Alan Ball s’est engagé auprès de la communauté LGBT. Il est une voix forte, qui n’hésite pas à multiplier les personnages gays et lesbiens dans ses œuvres. Président de la société de production Your Face Goes Here Entertainment, il a produit les séries True Blood (de 2008 à 2014) et Banshee (2013-2015), diffusées sur Cinemax.
3 - Le nouveau projet : Here and Now
Alan Ball avoue n’avoir aucune connexion émotionnelle avec ses écrits. Selon lui, la beauté existe dans les endroits les plus étranges, les États-Unis font donc office de puit sans fond. À 60 ans, le scénariste se cache cette année derrière Here and Now, nouveau projet de HBO qui débarque le 11 février prochain sur la chaine OCS. Une série dramatique dans laquelle l’humour noir et de rigueur, d’ailleurs, le scénariste en a quasiment fait son credo. Le projet suit une famille multi-raciale composé d’un professeur de philosophie, de sa femme avocate et de leurs trois enfants adoptifs originaires de Somalie, du Vietnam et de Colombie.
“Here and Now” bande annonce