Haider Ackermann repense l'héritage de Jean Paul Gaultier
Pour la quatrième saison consécutive, Jean Paul Gaultier a laissé les clefs de sa maison de couture à un créateur invité. Si pour le défilé précédent, Olivier Rousteing, le directeur artistique de la maison Balmain, rendait un touchant hommage à la diversité des corps prônée par Jean Paul Gaultier depuis ses débuts, pour cette saison haute couture printemps-été 2023, c’est Haider Ackermann qui a eu l’opportunité de prendre les rênes du studio de création. En compagnie de Florence Tétier, la directrice créative de la maison parisienne, le créateur français d’origine colombienne a réalisé une collection composée de pièces élégantes parfaitement coupées assagissant la vision créative de “l’enfant terrible de la mode”.
Jean Paul Gaultier par Haider Ackermann : l'élégance reine
L’un est féru de précision et de sobriété, l’autre est l’auteur d’une œuvre protéiforme. Pourtant la magie a facilement fusionné entre ces deux univers parfaitement contraires. Au sein du studio historique de la maison de couture Jean Paul Gaultier, les silhouettes aux lignes pures foulent, dans une démarche gracieusement ralentie, le podium immergé dans un silence monastique. “Puisque les vêtements sont un langage, il faut les entourer de silence afin de faire entendre la voix qu’ils portent” déclare Haider Ackermann dans une note d’intention à propos de ce défilé. Une veste queue-de-pie noire, un pantalon étroit conjugué à des escarpins classiques aux talons aiguilles… Le premier look précise la direction qu’Haider Ackermann a souhaité prendre pour ce défilé haute couture printemps-été 2023. C’est à l’art sartorial, l'une des signatures de Jean Paul Gaultier, que le créateur rend tout d’abord hommage. Décliné sous différentes formes, le costume se réinvente, soit avec un haut bustier dont les fameux seins coniques sont aplatis, soit avec une veste cintrée balafrée sur la poitrine. Cependant, connu pour une utilisation de couleurs flashy, Haider Ackermann égaye ce vestiaire sobre et élégant par des teintes acidulées. Tantôt en total look, tantôt en touches sur des gants longs, on retrouve des notes bleu clair, vert acidulé, jaune poussin, rose saumon, violet ou orange vif. S'il a délibérément laissé l'iconique marinière dans les archives, le créateur français imagine plutôt des tailleurs qui se fondent en robe, une longue robe en Lurex qui, vue de dos, se transforme en pantacourt, et, pour la mariée finale, une combinaison intégrale en plumes blanches, portée avec une cape en crêpe.