Edgar Allan Poe inspire le défilé Didu
Edgar Allan Poe est une véritable inspiration pour la mode. Et son poème Le Corbeau (The Raven), publié en 1885, est souvent érigé en thème central de collections présentées lors de la Fashion Week. On se souvient notamment du dernier défilé Thom Browne automne-hiver 2024-2025 dévoilé à New York.
Après un défilé printemps-été 2024 qui recréait l’atmosphère brumeuse du film de Woody Allen, Minuit à Paris (2011), Didu rend, cette fois-ci, hommage à la prose de l’écrivain américain en mêlant la noirceur romantique du récit aux œuvres picturales du célèbre artiste Mark Rothko. Ainsi, découle un défilé automne-hiver 2024-2025 où les silhouettes noires simples et sophistiquées – avec une touche de gothique – tranchent avec des éclats de rouge ou des total looks pour la plupart rehaussés de lunettes rectangulaires façon “secrétaire”.
Jouant avec les matières épaisses tel que du cuir ou avec la légèreté de la soie délicate, Didu imagine des looks qui combinent avec brio les volumes enveloppants et la transparence ravageuse à l’image de ce look rouge composé d’un pantalon et d’une cape vaporeuse légèrement transparente. (EC)
La pureté minutieuse de la collection Quira par Veronica Leoni
Il n’en fallait pas moins pour présenter cette collection Quira. L’Italienne Veronica Leoni, fondatrice du label et créatrice de mode finaliste au prix LVMH 2023, s’est littéralement emparée des murs d’une église en plein cœur de Paris. Avec l'aide d'une lumière tamisée et de chants grégoriens qui résonnent divinement dans l’espace, cette collection automne-hiver 2024-2025 brille par sa pureté et ses détails minutieux.
Telle des sculptures alignés, des portes au chœur de l’église, les mannequins statiques – dont l’un ouvre les bras comme une figure sainte – s’habillent d’un vestiaire où la construction des lignes parfaite contraste avec la déconstruction des coupes. La créatrice romaine qui se qualifiait de “chercheuse acharnée” dans une interview de Numéro en 2023, fait preuve d’une attention remarquable au vêtement mobilisant un travail précis du volume, du drapé ou encore du tailoring.
En effet, les épaules s’affirment et définissent les manteaux et les vestes de tailleur qui tombent droit, ou marquent la taille tandis que les robes se courbent, se drapent et se plient à l’image des chemises qui deviennent des vêtements à part entière. Féminine mais jouant des codes du genre, cette garde-robe reflète une nouvelle fois la maestria de la créatrice qui depuis trois ans dessinent les contours d’une mode raffinée et affutée qui s’inscrit pleinement dans la lignée de Jil Sander et Phoebe Philo, auprès desquelles elle a travaillé. (EC)
Les dentelles et rubans immaculés du défilé Róisín Pierce
Armée de sa dentelle, de ses volants et de ses rubans, la créatrice Róisín Pierce imagine à nouveau cette saison un vestiaire immaculé, dont les coupes et les motifs rappelent sa collection dévoilée l'an passé. Sous les ors de l'ambassade d'Irlande à Paris, les silhouettes imaginées par la créatrice irlandaise se déploient telles de poétiques apparitions. Mais ce que l'on retient surtout ici, c'est le savoir-faire qui accompagne chaque délicate pièce, où fusionnent des voiles smockés et du crochet, de l'organza et de la dentelle, dans une association de textures qui différencie chaque silhouette.
Mais, pour la première fois, Róisín Pierce rompt avec sa dictature du blanc (de mise au sein de toutes ses créations) et ponctue sa collection automne-hiver 2024-2025 d'un seul et unique look bleu marine, porté avec des chaussures noires, qui apparaît comme une anomalie au sein de son défilé. “Une colombe immaculée plonge dans les profondeurs nocturnes de la mer, rassemblant la terre et le ciel. La lumière et l'obscurité, le soleil et la lune, l'air et l'eau, la paix et la colère” écrit ainsi la créatrice à propos de cette robe dans sa note d'intention. Une porte ouverte vers une future collection plus obscure ? (CBM)
© Oriane Verstraeten.
Les mix and match colorés et inspirés de Julie Kegels
Jeune pousse de la Fashion Week de Paris, Julie Kegels présente cette saison sa toute première (et très réussie) collection. Après un bref passage dans les ateliers de Meryll Rogge puis dans ceux d'Alaïa aux côtés de Pieter Mulier, la créatrice belge d'une vingtaine d'années à peine n'a pas longtemps hésité avant de se lancer. “J'ai eu l'impression que c'était maintenant ou jamais” confie-t-elle à Numéro. Alors elle a rassemblé toutes ses inspirations et ses passions dans ses premières créations, réunies sous le titre très explicite “50/50”.
Fascinée par les différentes personnalités qu'une femme peut se créer simplement au gré de ses vêtements, elle a décidé de toutes les rassembler en une seule silhouette : la business woman, la sportive et la party girl. “J'ai voulu créer des pièces à la fois fun et élégantes” explique ainsi Julie Kegels. Mix and match de motifs et de matières, sa collection se déploie en des looks à deux versants totalement différents. Ici le dos d'une robe droite, à rayures bleues et blanches, se complète d'un motif floral coloré et plissé sur le devant. Là, un cardigan et une élégante jupe en soie blanche se transforment, une fois retournés, en un ensemble rose transparent… Et les accessoires aussi sont versatiles, des hybrides escarpins-sandales aux délicats voiles imperméables pour sacs à main. (CBM)
© Alessandro Garofalo.
Culottes à strass, imperméables et tricots : l'éclectique défilé Meryll Rogge
Chez Meryll Rogge, le vestiaire de l'automne-hiver 2024-2025 s'adapte autant aux journées de travail qu'aux terrain de sport et aux soirées arrosées en boîte de nuit. L'ingrédient clé ? Beaucoup (beaucoup) de layerings, qui permettent d'adapter sa tenue à chaque situation, en retirant ou rajoutant une couche de vêtement.
Ainsi une culotte en strass argentée associée à un délicat haut satiné se recouvrent-ils, à l'aube, d'un pantalon de jogging bleu marine bordé de jaune fluo, et porté avec un haut évasé façon veste de costume. Une vision versatile de la mode, qui résonne avec le défilé Meryll Rogge, organisé dans les sous-sols et le rez-de-chaussée de l'École Duperré, sur une musique électronique entraînante, débouchant en suivant sur une grande soirée avec ses invités.… (CBM)
La première collection Rochas par Alessandro Vigilante
Passé par les studios de Gucci, de Philosophy et de The Attico, Alessandro Vigilante est loin d'être novice. Couvert de la même discrétion avec laquelle il mène sa barque depuis ses débuts, le créateur italien de 41 ans a pris les rênes de la direction artistique de Rochas au printemps dernier, succédant à Charles de Vilmorin. Présentée au sein du précieux Hôtel d'Evreux place Vendôme, sa collection automne-hiver 2024-2025 ouvre un nouveau chapitre pour la maison parisienne, plein de maturité et d'élégance.
Intitulé Élégance, simplicité et jeunesse, ce vestiaire puise ses formes et ses motifs dans la mode européenne des années 1930, développant une palette de couleurs éthérées et de matières luxueuses, ponctuées de silhouettes amples et confortables. Ainsi une robe-couverture satinée bleue et verte enveloppe les épaules d'une mannequin, tandis qu'une jupe à volumes bleue marine s'associe à un simple cardigan dans des tons plus clairs, ou une somptueuse robe en satin vert brodé de dentelles noires épouse les courbes d'une modèle. (CBM)
Les tissages ultra-colorés du défilé Benjamin Benmoyal
Quelques années après avoir lancé son label éponyme, le créateur franco-israélien Benjamin Benmoyal présente son tout premier défilé à la Fashion Week de Paris. Il faut dire que depuis son admission à l'école Central Saint Martins de Londres en 2013, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 32 ans, a parcouru un sacré chemin. Pour cette huitième collection baptisée Yarn, Benjamin Benmoyal célèbre de manière explosive l'art du tissage et de l'artisanat : deux éléments qu’il a toujours placés au cœur de l'identité de sa marque.
Visuellement, le tissage se retrouve ainsi de la tête aux pieds des mannequins et jusque dans le décor à travers plusieurs métiers à tisser dispersés dans la salle. Cette collection automne-hiver 2024-2025 émerge au gré de silhouettes ornées de franges, donnant l'impression que certains vêtements sont encore en gestation. Entre-temps, des chapeaux exhibent un tissage minutieux, formant des cercles éclatants de fils enchevêtrés, tandis qu'une collaboration audacieuse avec le label britannique Dr. Martens met en lumière une série de bottes montantes aux couleurs vives et de chaussures à plateformes. En apothéose, Benjamin Benmoyal conclut ce premier défilé avec un sweat-shirt noir sobre, arborant l'inscription percutante “Fuck cool, give me craft” (Adieu le cool, vive l'artisanat !), laissant ainsi éclater au grand jour sa vision sans compromis de la mode. (NM)
© Alessandro Garofalo.
La jupe sous toutes ses coutures au défilé Marie Adam-Leenaerdt
Un an après ses débuts à la Fashion Week de Paris, la créatrice belge Marie Adam-Leenaerdt inaugure cette saison automne-hiver 2024-2025 un troisième défilé où les proportions de nos vêtements et de nos accessoires sont, à nouveau, remis en question. Si l'on retient particulièrement la ribambelle de sacs XXL qui ponctuent quelques silhouettes de la collection (et font parfois la même taille que les mannequins qui les portent), on s'attarde surtout sur son thème : la jupe.
Réinventées sous toutes ses coutures, celle-ci voit sa taille se transformer en col d'une robe, les jupons en soie d'une autre se mélangent et se rassemblent en un seul et même look aux dégradés de beige, de gris et de noir… tandis que la taille d'une autre s'étire dans un mouvement presque architectural, pour une allure aussi avant-gardiste que puissante. La jupe, depuis quelque temps remplacée par d'amples pantalons, est ainsi, entre les mains de Marie Adam-Leenaerdt, démultipliée, additionnée, déclinée, décousue puis recousue. Bref, elle renaît ! (CBM)
© Dominique Maitre.
L'extravagance mesurée du défilé Weinsanto
En ce second jour de Fashion Week de Paris, le jeune créateur Victor Weinsanto donne rendez-vous à ses invités dans un lieu habituellement délaissé lorsque sonnent les douze coups de midi… au Bisou club. Boîte de nuit ultra branchée de la capitale, l'endroit s'est transformé pour l'occasion en parfait écrin pour accueillir ses dernières créations, qui explorent et renforcent les codes et les pièces iconiques de la marque.
Ainsi, la Lady imaginée par le créateur français se joue-t-elle de la bienséance, optant parfois pour une combinaison all-over semi-transparente, associée ici à un long manteau violet électrique ou là à un simple voile de tête en dentelle noire, comme d'autres fois pour une mini-jupe à fourrure blanche et un plus simple cardigan rose bonbon – mais façon Weinsanto : épaulettes oversize pour un look affranchi et terriblement sexy. Cerise sur le gâteau, la robe de mariée corsetée, ornée de drapés en plâtre par le sculpteur Damien Moulierac. (CBM)