Dans la nef de l’Eglise Saint Barthélémy, au cœur de Manhattan, les sœurs Kate et Laura Mulleavyracontaient une histoire située quelque part entre le XIXe romantique et les années 40. En attestent les nombreuses références à la mode Belle époque, manifestée par les manches gigot et les jabots, tandis que les lignes plus épurées du vestiaire d’après-guerre se retrouvent dans les vestes à épaules marquées, les robes chemises et les tailles haute marquées par des ceintures assorties aux ensembles.
Si la palette colorée renforce cette impression de légèreté, avec du bleu ciel, du vert pastel, ou du beige, les pièces sont parfois décorées par du pied de poule, des pois ou encore d’opulents motifs floraux brochés. Mais chez Rodarte, le gothique n’est jamais bien loin, et se manifeste ici par petites touches : une broche araignée s’invite en-dessous d’un col, sa toile sequins apparaît au centre de plusieurs robes, de discrètes voilettes couvrent partiellement les visages tandis que quelques pièces ébène et écarlates apportent une certaine gravité… Vers la fin du défilé, un mannequin avance vêtue d’une grande cape à capuche, tel un petit chaperon noir : les sœurs Mulleavy créent une fois de plus un effet dramatique, prolongé ensuite par des boas de fleurs somptueuses ou la longue traîne bleutée qui accompagne la pièce finale. Une série de grandes robes en satin fluide réveillées par des fleurs imprimées aux vives couleurs clôturent cette collection, imbibée de romantisme et de délicatesse.