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02 “J’ai commencé à créer des vêtements”, confie à Numéro Homme Robert Pattinson, égérie Dior Homme

“J’ai commencé à créer des vêtements”, confie à Numéro Homme Robert Pattinson, égérie Dior Homme

Ils font 2020

Acteur le plus bankable de sa génération… Robert Pattinson s’invente un destin que nul n’aurait pu prédire : égérie du parfum et du prêt-à-porter Dior Homme, rôles exigeants, et bientôt une ligne de vêtements. Numéro dévoile son interview exclusive.

  • Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino

    Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino
  • Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino

    Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino
  • Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino

    Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino Robert Pattinson, photographié par Jean-Baptiste Mondino

Réalisation: Ryan Hastings. Maquillage: Diana Schmidtke pour Dior. Coiffure: Frida Aradóttir. Décor: Hervé Sauvage chez Tristan Godefroy.

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Numéro Homme: Il y a trois ans, après la série des films Twilight, vous avez changé de cap en tournant notamment avec David Cronenberg. Vous balanciez entre exaltation et angoisse à propos de la suite de votre carrière. Où vous situez-vous aujourd’hui?

Robert Pattinson : J’ai intégré l’idée qu’il faut du temps pour que les projets les plus étonnants se mettent à exister. Les choses folles sont les plus fragiles. Parfois, elles s’effondrent. Je cherche des cinéastes avec lesquels j’ai profondément envie de travailler. Voilà des années que je rêve d’un film avec la Française Claire Denis, et c’est enfin sur le point d’arriver. Nous tournons ensemble un long-métrage de science-fiction à partir du mois de mai. Le plasticien danois Olafur Eliasson va imaginer des vaisseaux spatiaux et des trous noirs. Ce sera probablement dingue ! Je ne sais pas si ma présence a aidé le budget à décoller mais, en revanche, pour le film que je vais tourner dans quelques jours [l’entretien s’est déroulé le 19 janvier], il se peut que j’aie eu une petite influence. Le projet est signé par les frères Josh et Benny Safdie, des réalisateurs new-yorkais indépendants totalement underground, dans le meilleur sens du terme. Josh m’a raconté avoir tourné son premier film, The Pleasure of Being Robbed, avec l’argent d’une publicité pour un sac à main. Grâce au budget d’une pub, il a fabriqué un film entier !

 

Les frères Safdie vous ont qualifié d’“indomptable” dans une interview. Un beau compliment venant d’eux…

Je les adore. J’étais tombé sur un photogramme de leur film Heaven Knows What avant même que la bande-annonce ne circule. Stupéfait par la puissance de cette image, j’ai tout de suite envoyé un mail à Brady Corbet, avec qui je venais de tourner un film, car il est devenu réalisateur. Je savais qu’il était ultra connecté à New York. Et évidemment, il connaissait les Safdie. Je les ai rencontrés, et deux mois plus tard, ils m’ont envoyé l’un des meilleurs scripts que j’aie jamais lus. Avec eux, je vais découvrir un autre cinéma. Les comédiens avec qui je dois jouer ne sont pas des professionnels, car Benny et Josh font du casting sauvage. Je ne serai pas regardé comme un acteur au sens classique.

 

En vous dirigeant vers un cinéma exigeant, avez-vous l’impression d’avoir trouvé votre voie? L’ère Twilight semble définitivement révolue…

J’imagine que le public a gardé une certaine image de moi. J’ai toujours l’impression de devoir faire mes preuves. Je n’ai pas eu suffisamment de premiers rôles pour que les gens passent à autre chose, me voient différemment. En attendant, je trace ma route, avec toujours présent le souci de la diversité. Je viens juste de tourner avec James Gray en Colombie [The Lost City of Z] : un film d’aventures en costumes où les personnages sont confrontés à la faim. Ils errent dans la jungle et tombent sur des ruines anciennes. James Gray est adulé ici, en France, non ? C’est un mec parfait. Je n’ai jamais croisé quelqu’un de plus new-yorkais que lui. C’était vraiment le compagnon idéal pour s’aventurer dans la jungle (rires). Quand il entrait dans une rivière, il portait une combinaison comme en ont les scientifiques pour éviter les contaminations !

 

Les réalisateurs de votre génération vous intéressent-ils?

Oui, de plus en plus. Avant The Childhood of a Leader, de Brady Corbet, qui a 27 ans, je n’avais jamais tourné avec quelqu’un d’aussi jeune. Ça a été une expérience totalement différente de ne pas être confronté à un maître. Une autre vision du cinéma. Je le vois bien avec les frères Safdie. Ils ont l’habitude que tout le monde leur dise “non”. Ils vivent dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas, alors ils passent en force. Il y a quelques semaines, nous avons fait des essais pour le film dans une station de lavage de voitures, en plein New York. On est juste entrés et on a commencé à tourner un truc. Employés et clients nous regardaient comme si on était fous : “Partez, les mecs, partez, qu’est-ce que vous foutez là, putain !” Mais avant qu’ils n’aient le temps d’appeler les flics, la scène était tournée.

 

Vous collaborez avec Dior depuis 2013. Vous avez d’abord tourné la campagne pour le parfum Dior Homme, réalisé par Romain Gavras. La plus récente a été confiée à Peter Lindbergh. Comment envisagez-vous ce partenariat?

Dès le début, tout le monde a été adorable avec moi. Au premier rendez-vous, ils m’ont dit très simplement : “Tu fais ce que tu veux.” La décision était facile à prendre, car Dior ne m’a jamais forcé à rien. Je crois qu’il y a certaines clauses dans mon contrat qu’on ne m’a jamais demandé de respecter (rires) ! Des apparitions publiques, par exemple… C’est assez génial. Notre collaboration va même s’étendre aux vêtements à partir de cette année. La première campagne arrive au mois d’avril. Je me sens très à l’aise dans cette atmosphère qui n’a rien de “corporate”.

 

Vous ne pensez pas à écrire ou à réaliser?

J’ai commencé à créer des vêtements. Depuis deux ans, je rends visite à des fabricants et à des artisans. Il y a déjà pas mal de pièces. J’adore faire ça. Mon style est influencé par les villes où je me trouve, la provenance des matériaux et les compétences locales. À Los Angeles, il est très facile de travailler le denim et les habits inspirés du workwear. En Angleterre, je me tourne plutôt vers la laine et les pulls. Ce que je fais est assez multiforme, des vêtements pour hommes et pour femmes, des choses que je réalise avec des amis… Mais je ne veux pas entrer dans les détails, je n’ai pas envie de me porter la poisse…

 

Ce que vous ne pouvez pas éviter, en revanche, c’est le passage du temps. Vous aurez 30 ans au mois de mai. Comment envisagez-vous ce passage de cap?

Franchement, c’est terrifiant ! Cela ne fait qu’une semaine que je réalise ce qui va m’arriver, et résultat, aujourd’hui, pour la première fois, je me suis rasé de près avant la séance photo. J’ai fait des essayages de vêtements hier, le mannequin sur l’image de présentation avait à peu près 14 ans. Et en me regardant dans la glace, je me suis demandé : “Mais pourquoi est-ce que mon cul ressemble à ça ?” (rires).