1. Les quartiers violents de Victorville et une passion pour la botanique
Lakeith Lee Stanfield nait un jour d’août 1991 sous le soleil californien de San Bernardino. Son enfance, il la passe avec sa mère et ses frères et sœurs à deux heures de route de Los Angeles, dans les quartiers ultra-violents de la ville désertée de Victorville, alors surnommée à juste titre Victimville. Alcool, drogues, vols, racisme, altercations avec la police… rien ne l’épargne. C’est pourtant loin des gangs et des dealers, dont il se désintéresse complètement que le jeune Lakeith témoigne d’un engouement pour la botanique. Il connait les plantes et sait les cultiver, que ce soit comme ornement ou pour une consommation… légale. Avec cet argent, il aide sa mère à nourrir le foyer et entretient son rêve déjà présent de devenir acteur.
2. Mannequinat, publicité et débuts au cinéma
N’ayant reçu d’autre formation que les cours de théâtre de son lycée, Lakeith Stanfield ne lésine pas sur les moyens. Que ce soit pour acheter des bonbons aux supermarchés, les revendre plus chers dans les rues de Victorville ou faire pousser légalement de la marijuana dans une ferme, il met tous les moyens de son côté afin de s’offrir des billets de train pour Los Angeles. Soutenu par sa mère, l’acteur en devenir se rend à toutes les auditions possibles. Il veut décrocher un rôle. Il entrera dans le milieu par la publicité et le mannequinat en suivant une formation au John Casablancas Modeling and Career Center de Los Angeles. Il obtient son tout premier rôle dans le court-métrage States of Grace de Destin Daniel Cretton (plus connu sous le nom de Short Term 12 aux États-Unis). C’est une révélation : le film est primé au Festival de Sundance en 2009 et une version longue est réalisée l’année suivante. Cependant, les offres se font rares. Lakeith Stanfield retourne à ses plantes et enchaine alors les petits boulots.
3. Une carrière prolifique et des rôles forts
Après plusieurs années d’arrêt, Lakeith renoue avec le grand écran en 2014. On le retrouve à l’affiche de The Purge: Anarchy, de The Fires, de Howling et du film historique Selma, basé sur la marche de 1965 pour les droits civiques, dans le rôle de Jimmie Lee Jackson. Dès lors, les projets s’enchaînent pour lui : Miles Ahead (2015), la série Atlanta (2016-), Snowden (2016), Get Out (2017), War Machine (2017), Uncut Gems (2019), À couteaux tirés (2019) … Il tourne aux côtés des plus grands d’Hollywood et sait choisir ses rôles – souvent politisés mettant en avant des hommes ayant résisté à des systèmes oppressants et violents pour leurs idéaux de justice. Son rôle de Cassius Green – un homme noir vendeur en télémarketing dont les talents le rendent riche tandis que ses collègues s’insurgent de l’exploitation qu’ils subissent – est une consécration. Présenté à Sundance l’année de sa sortie en 2018, Sorry to Bother You de Boots Riley dévoile un Lakeith Stanfield au sommet de son jeu, acclamé par la critique.
Moors - “Gas” (2015)
4. Ses début dans le rap avec Moors
De son rap de chambre dans States of Grace et Sorry to Bother You, à ses apparitions dans les clips Moonlight de Jay-Z et Cold Little Heart de Michael Kiwanuka – sur la bande originale de la série Big Little Lies – Lakeith Stanfield nous introduit doucement mais sûrement dans son univers musical. Il fait ses débuts en tant que chanteur derrière le groupe Moors, en parallèle de sa carrière prolifique d’acteur. Avec le morceau Gas sorti en 2014, Lakeith Stanfield délivre un titre introspectif et humble en hommage à la ville de son enfance. Réalisé par Andreas Brauning et Logan Sandler, le clip suit le rappeur dans les rues désertes de Victorville à travers des images en noir et blanc – une esthétique en clair-obscur qui fera la marque de fabrique de ses futurs morceaux.
Htiekal - “Birds” (2020)
5. En solo derrière le nom de scène HTIEKAL
Sous le nom de HTIEKAL (Lakeith à l’envers), l’acteur et rappeur de 28 ans s’évade en solo. En mars dernier, il dévoilait déjà le titre Fast Life et confiait au magazine GQ prévoir la sortie de son tout premier album studio qui parlera “de lutte, de combat, pour traverser les moments les plus difficiles afin d’en ressortir avec de l’espoir”. En attendant la sortie de l’album, Lakeith Stanfield nous exalte avec son dernier titre Birds dont le clip, réalisé à l’aide d’un smartphone, présente une vidéo FaceTime où le rappeur échange avec lui-même au milieu d’un parc en pleine nuit. Une ambiance obscure et un rap qui rappelle Childish Gambino, dans la continuité de l’introspection qu’il avait initié avec Moors.