Elle est la dernière photographe à avoir immortalisé John Lennon, un matin de décembre 1980, quelques heures avant son assassinat. A ce moment Annie Leibovitz, devenue photographe officielle pour Rolling Stone à seulement 23 ans, n’imagine sans doute pas que son cliché fera le tour du monde. Sur la photographie, le chanteur, nu, embrasse Yoko Ono. C’est à Annie Leibovitz que l’on doit les images de Marina Abramovic en Ève entourée de serpents, Demi Moore, completement nue, dont le costume est entièrement peint sur le corps, Whoopi Goldberg se prélassant dans un bain de lait, la première photo de Bruce Jenner devenue Catlyn ou encore Carla Bruni-Sarkozy, sur les toits de l’Elysée.
Aujourd’hui, l’artiste réunit soigneusement ses premiers clichés dans un recueil publié aux éditions Taschen, Annie Leibovitz: The Early Years, 1970–1983. A cette époque, celle qui poursuit des études de peinture au San Francisco Art Institute préfère se mêler aux manifestants qui protestent contre la guerre du Vietnam armée de son appareil photo, capturer le lancement d’Apollo 17, la campagne présidentielle de 1972, la démission de Richard Nixon en 1974 ou encore la tournée des Rolling Stones un an plus tard. Autant d’événements socio-politiques et culturels qu’elle rend exaltants. Et dans cet ouvrage, Mohammed Ali, Mick Jagger, Keith Richards, Ken Kesey, Patti Smith, Bruce Springsteen, Joan Didion et bien d’autres se bousculent.
Qu’il s’agisse de reportages ou de portraits réalisés pour Rolling Stones, Annie Leibovitz conçoit ses images comme des œuvres picturales, laissant transparaître sa maturité précoce. A travers ces archives, cette artiste hors-pairs nous embarque sur les routes d’une Amérique en pleine mutation, affichant ses rencontres impromptues et sa vie effrénée.
Annie Leibovitz: The Early Years, 1970–1983, Annie Leibovitz, Luc Sante, Jann S. Wenner, 180 pages, 40 €, Taschen.