Qu’est-ce qui vous a plu dans le bijou ?
J’aime le fait que ce soit un objet doté de sa propre forme, comme une petite sculpture, contrairement au vêtement. J’ai toujours adoré le design et l’architecture, et le bijou est plus proche de ces disciplines qu’il ne l’est de la mode. Je me suis aussi vite rendu compte que j’étais finalement plus douée pour la conception de bijoux que pour celle de vêtements [rires]. Je travaille sans dessin, directement sur des maquettes, de façon très intuitive. Je peux commencer par faire une bague, puis décider de la transformer en boucle d’oreille… Mes collections sont des “works in progress”.
Vous innovez beaucoup dans la manière de porter le bijou, notamment avec votre fameux bracelet Bond, qui entoure le poignet et s’étend en cercles jusqu’à la base du pouce. Est-ce essentiel à vos yeux ?
C’est important, car faire des bijoux, aujourd’hui, est un métier très à la mode, de la même façon que dans les années 90, tout le monde voulait être décorateur d’intérieur… Le marché est donc saturé de propositions, il faut se démarquer. L’idée d’un nouveau porter, je ne l’ai pas inventée, elle est très présente chez les créateurs de bijoux de ma génération. Mais cela me tient vraiment à cœur.
Comment développez-vous vos lignes tout en conservant vos pièces iconiques ?
La qualité des pièces est importante, pour les rendre intemporelles : je travaille avec de l’argent et du vermeil [argent recouvert d’une quantité réglementée d’or, certifiée par un poinçon], alors que les pièces fantaisie sont en laiton. J’ai aussi commencé la joaillerie sur ma dernière collection, avec de l’or 18 carats et des pierres fines. J’apporte de nouvelles pièces chaque saison tout en essayant d’installer mes modèles iconiques, tels que le bracelet Bond et les boucles d’oreilles Saturne, comme des éléments pérennes. Il faut garder un équilibre entre la spontanéité de ma marque, encore très jeune, et l’aspect intemporel du bijou, qui me touche profondément.