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27 Les 5 vies de Matt Dillon

Les 5 vies de Matt Dillon

Cinéma

Connu pour ses rôles de mauvais garçon dans “Rusty James” et “Outsiders” aux débuts des années 80, Matt Dillon est un acteur complet. Après avoir connu plusieurs passages à vide au cours sa carrière, l’acteur est revenu montrer l’étendue de son talent dans “The House That Jack Built” de Lars von Trier en 2018. Alors que les organisateurs de la Mostra de Venise ont annoncé que l'Américain sera membre du jury de Cate Blanchett – aux côtés de l'actrice Ludivine Sagnier et du cinéaste allemand Christian Petzold – lors de sa 77e édition (qui se déroulera du 2 au 12 septembre prochain), retour sur 5 rôles qui ont façonné sa carrière.

Matt Dillon dans "The House That Jack Built" (2018) de Lars Von Trier Matt Dillon dans "The House That Jack Built" (2018) de Lars Von Trier
Matt Dillon dans "The House That Jack Built" (2018) de Lars Von Trier

Après des débuts fulgurants dès l’âge de 14 ans dans Violences sur la ville (1979) de Jonathan Kaplan, Matt Dillon se fait connaître du grand public en jouant l’adolescent rebelle et sûr de son charme dans les teen movies de Francis Ford Coppola Outsiders (1983) et Rusty James (1983). Parce qu’il semble fuir la célébrité autant qu’il la désire, Matt Dillon est un acteur hollywoodien à part, qui alterne les moments de gloire avec de longues absences. Ces dernières années, l’acteur américain semble opérer un retour en grâce avec le déroutant The House That Jack Built (2018) de Lars von Trier, le court-métrage Nimic (2019) de Yórgos Lánthimos et Proxima (2019) d’Alice Winocour, dans lequel il incarne un commandant de station spatiale plutôt austère aux côtés de l’actrice Eva Green

 

 

1. Le nouveau James Dean dans Outsiders et Rusty James (1983) de Francis Ford Coppola

Bande-annonce – Outsiders (1983) de Francis Ford Coppola

Après avoir dû investir toute sa fortune personnelle dans le tournage mouvementé du chef-d’œuvre Apocalypse Now (1979) et connu un immense échec critique et commercial avec sa comédie musicale expérimentale Coup de cœur (1981), Francis Ford Coppola est au bord de la faillite. Le réalisateur se lance alors dans la réalisation de Outsiders et Rusty James – deux teen-movies à petit budget sortis en 1983 – mettant en scène des acteurs totalement inconnus à l’époque comme Patrick Swayze, Tom Cruise, Mickey Rourke ou encore Matt Dillon. Ce dernier obtient un rôle principal dans les deux films, où il campe à chaque fois un personnage d'adolescent frimeur et turbulent empêtré dans des bagarres entre bandes rivales. Des personnages de bad boy intègre comparables à celui de James Dean dans La Fureur de vivre (1956) qui font de Matt Dillon la nouvelle idole des jeunes en ce début des années 80. 

 

 

2. Un junkie à plein temps dans Drugstore Cowboy (1989) de Gus Van Sant 

Bande-annonce – "Drugstore Cowboy" (1989) de Gus Van Sant 

J’étais autrefois un junkie sans vergogne et à plein temps résume le personnage incarné par Matt Dillon en ouverture de Drugstore Cowboy, adaptation du roman autobiographique et éponyme de James Fogle – criminel multi-récidiviste toujours derrière les barreaux lors de la sortie du film de Gus Van Sant en 1989. Un rôle de drogué braqueur de pharmacies que Matt Dillon transcende en le rendant plus humain, prêtant à son personnage des superstitions étranges comme celle de ne jamais pouvoir poser un chapeau sur son lit ou celle de ne jamais faire allusion aux chiens car ces derniers peuvent mener la police sur sa trace. Le rôle permet aussi à Matt Dillon de changer de registre et de s’éloigner définitivement des teen movies. 

 

 

3. Un détective privé lourdingue dans Mary à tout prix (1998) des frères Farrelly

Bande-annonce – "Mary à tout prix" (1998) des frères Farrelly

Mary à tout prix est très certainement la comédie la plus réussie des frères Farrelly. Laissant (un peu) de côté les gags scabreux et récurrents de Dumb and Dumber (1994), le duo de réalisateurs se joue des codes de la comédie sentimentale et a la bonne idée de ridiculiser Matt Dillon, habitué aux rôles plus tragiques. Aux côtés de Cameron Diaz et Ben Stiller, l’acteur incarne un détective privé malhonnête et lourdingue qui lâche ses responsabilités pour draguer la femme sur laquelle il est censé enquêter. 

 

 

4. Au cœur des ténèbres pour City of Ghosts (2002), son premier passage derrière la caméra 

Bande-annonce – "City of Ghosts" (2002) de Matt Dillon

Lorsque Matt Dillon se rend au Cambodge pour la première fois en 1993, le pays est un terrain en ruine marqué par trente ans de dictature et de guerre civile menée par les Khmers rouges – l’une des factions communistes les plus violentes du XXe siècle. À l’époque, de nombreux criminels recherchés dans leur pays se cachent au Cambodge pour profiter de l’absence de traité d’extradition. Une anomalie qui inspire Matt Dillon pour le scénario de City of Ghosts, son premier film en tant que réalisateur. Sorti en 2002, le film est une œuvre complexe, loin des succès hollywoodiens de l’acteur, qui met en scène des personnages désorientés, tiraillés entre le bien et le mal, la loyauté et la cupidité, dans un thriller riche en suspens, où le sang coule à flot. Acteur principal du film, Matt Dillon s’offre un rôle aux côtés de Gérard Depardieu, à l’aise en expatrié tenancier de bar. 

 

 

5. Un serial killer en psychanalyse dans The House That Jack Built (2018) de Lars von Trier

Bande-annonce – "The House That Jack Built" (2018) de Lars von Trier

De là où Matt Dillon est placé lors de la présentation hors-compétition de The House That Jack Built au Festival de Cannes 2018, il ne peut pas voir la nuée de personnes qui s’échappent de la salle. L’acteur est même surpris par l'enthousiasme des spectateurs à la fin de la séance. L’histoire d’un tueur en série maniaque et compulsif filmée par le cruel réalisateur Lars von Trier choque par ses provocations – référence au nazisme, misogynie, infanticide – et ses scènes de meurtres ultra-violentes. Mais aussi par sa mise en scène extraordinaire et la sublime interprétation de Matt Dillon dans le rôle d’un déséquilibré qui érige ses crimes en forme d’art supérieur. Rarement un film sur les tueurs en série avait été aussi pervers.