“Tout est trouble, équivoque, avant de verser dans le noir” écrivait Céline à propos de la nuit. Rassurante pour certains, effrayante pour d'autres, elle n'en demeure pas moins fascinante et protéiforme. Sur Terre, et ce depuis la nuit des temps, les hommes trouvent dans cette période obscure une grande source d'inspiration et en font le théâtre de leurs plus grandes créations. Littérature, peinture, poésie, danse, cinéma… Les artistes les plus illustres ont souvent ancré leurs œuvres dans la pénombre de la nuit. Les réalisateurs, eux, ont pu la filmer.
Le cinéma fasciné par l'obscurité
Dans certains films, la nuit est si importante qu'elle pourrait être assimilée au personnage principal. Sans la pénombre, les bars, les boîtes de nuits, les clubs de strip-tease, les individus errants et les bagarres ultra violentes caractéristiques de cette période qui succède au coucher du soleil, nombre de longs-métrages n'auraient pas pu être tournés. À commencer par Night on Earth de Jim Jarmush, où des personnages plus loufoques les uns que les autres – celui de Béatrice Dalle en tête – se rencontrent dans un taxi roulant exclusivement à la tombée du jour.
Omniprésente au cinéma, la nuit – terrain de jeu favoris des jeunes, des fêtards, soulards, marginaux, prostitués… – ne peut désormais plus être vécue du dehors par plusieurs centaines de milliers de français. C'est pourquoi la plateforme LaCinetek (dédiée aux films du XXe siècle) a décidé de permettre aux spectateurs de vivre des expériences nocturnes par procuration, via un écran et les images qui y défilent. À travers la sélection “9 p.m – 6 a.m”, les créateurs du site de VOD ont rassemblé des films majeurs – voire de nombreux chefs d'œuvre du 7e art – dont la majorité de l'intrigue se trouve la nuit.
Errances, beuveries et érotisme
Ainsi se côtoient dans “9 p.m – 6 a.m” les errances de personnages multiples. Celles des flics de Wong Kar-wai dans Chungking Express (1994) – un long-métrage tourné caméra a l'épaule et sans autorisation dans les rues de Tsim Sha Tsui, un quartier réputé pour sa vie nocturne survoltée –, celles de Scarlett Johansson et Bill Murray à Tokyo dans Lost in Translation (2003) et les tribulations assassines de Robert de Niro dans Taxi Driver (1975).
Que ce soit dans les bars les plus glauques de New York pour Harvey Keitel et Robert de Niro (encore) dans Mean Streets (1973) de Martin Scorsese, dans un théâtre à la fin d'une répétition pour une Gena Rowlands en actrice déprimée et alcoolique dans Opening Night (1977) ou dans un bordel miteux tenu par Jeanne Moreau dans Querelle (1982) de Fassbinder… à la tombée de la nuit, chaque instant est propice pour user et abuser de spiritueux en tous genre.
Si la pénombre encourage la fête, elle fait aussi naitre l'amour et éclore le désir : dans Punch-drunk Love (2002) de Paul Thomas Anderson, Adam Sandler s'éprend d'une jeune femme troublante tandis que dans Nuits blanches (1957), Marcello Mastroianni tente de séduire une femme désespérée devant la caméra de Luchino Visconti…
Du désir, à la fête, en passant par des usages de drogues ou des rencontres décisives : à regarder cette sélection de films, on se dit que finalement, la nuit est un territoire de cinéma fascinant, sans doute le plus subversif de tous et donc, le plus excitant.
“9 p.m – 6 a.m”, une sélection de films en VOD disponible sur le site de LaCinetek.