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Numéro
01 Drag Race France, Nicki Doll, drag-queen, mois des fiertés, culture LGBTQ+

Podcast, drag shows, docus : 10 fabuleuses manières de célébrer le mois des fiertés

CULTURE

Spectacles et émission de drag-queens, documentaires sur le militantisme homosexuel ou encore livre sur la transidentité... Alors que ce samedi 1er juin inaugure l'entrée dans le mois des fiertés, Numéro propose 10 occasions d'enrichir sa culture LGBTQ+.

Drag Race France saison 3 - Découvrez les queens

1. Drag Race France revient avec sa troisième saison

 

“Qu’on me ramène… mes reines !” Ce vendredi 31 mai, l’émission Drag Race France faisait son grand retour sur France Télévisions avec une troisième saison, promettant déjà de nombreux rebondissements et surprises. Adaptée du programme américain RuPaul’s Drag Race, cette téléréalité mettant en compétition des drag-queens pour le titre de “prochaine grande reine du drag français” a su, en seulement deux ans, conquérir le public – en attestent les millions de téléspectateurs réunis devant les épisodes, autant que les milliers de spectateurs ayant assisté à la tournée du casting dans l’Hexagone. Entre les tenues époustouflantes des candidates, leurs interprétations puissantes de tubes de la chanson française, ou encore leurs talents de danseuses, humoristes ou comédiennes, l’émission hebdomadaire montre, à l’instar de sa grande sœur outre-Atlantique, l’éventail et la diversité de l’art du drag, portée par des personnalités attachantes que l’on découvre aussi bien sur scène qu’en coulisses. Sous le regard bienveillant de l’animatrice Nicky Doll et de ses deux fidèles jurés Daphné Bürki et Kiddy Smile, dix nouvelles candidates s’affronteront cet été pour succéder à Keiona, grande gagnante de la saison précédente.

 

Drag Race France, saison 3, à partir de vendredi 31 mai 2024 à 19 heures sur france.tv.

“Gay Bar: Pourquoi nous sortions le soir”, de Jeremy Atherton Lin, 2024.

2. L'histoire des bars gays romancée, de Londres à San Francisco

 

Lieux de vie, de danse et de spectacle, mais surtout théâtres de rencontres éphémères ou pérennes, les bars gays sont depuis plus d'un siècle l'un des piliers de la sociabilité homosexuelle. À l’abri des regards d’un monde longtemps hostile et intolérant à leur égard, leurs clients y ont longtemps trouvé la liberté d’être eux-mêmes, désireux de sortir de leur solitude et de leur silence quotidiens pour former une véritable communauté. Journaliste et essayiste américain, Jeremy Atherton Lin en a fait l'objet d'un livre, construit autour d'une histoire d'amour qui l’emmena de Londres à San Francisco. Décrit par son éditeur comme une “enquête historico-philosophique” Gay Bar: Pourquoi nous sortions le soir se nourrit aussi bien d’anecdotes personnelles que de faits historiques retraçant l'évolution de ces espaces clés. Volontairement laissé à l’imparfait, son titre annonce également la fin d’une époque : face aux modes de rencontre virtuels tels que les réseaux sociaux et les applications, plébiscités par les nouvelles générations de LGBTQ+, le rôle des bars gays a peu à peu changé, rendant leur devenir plus incertain que jamais.

 

“Gay Bar: Pourquoi nous sortions le soir”, de Jeremy Atherton Lin, paru en mars 2024, éd. Tusitala.

Stonewall, la révolution gay - Arte

3. Stonewall : un tournant de l'histoire LGBTQ+ dans un documentaire Arte

 

Nous sommes la nuit du 28 juin 1969, à New York, et l’histoire LGBTQ+ s’apprête à connaître un tournant majeur. Alors que le bar gay de Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village, fait l'objet d'une énième descente policière, ses fidèles clients – homosexuels, bisexuels, transgenres, drag-queens... – décident cette fois-ci de résister à la violence des forces de l’ordre, rapidement dépassées en nombre par les habitués du quartier queer de la Grosse Pomme. Largement relayées par la presse, ces émeutes dureront plusieurs jours et inspireront l’un de leurs participants, Craig Rodwell, à créer dans la foulée la toute première manifestation pour les droits des homosexuels, plus tard connue sous le nom de “marche des fiertés”. Diffusé en ce moment sur Arte, un documentaire de 2010 raconte cet événement à travers les témoignages de ceux qui l’ont vécu. En rappelant le contexte d'une époque où les personnes queer étaient encore considérées comme malades et dangereuses, autant que la vie cachée mais animée de la communauté LGBTQ+ à New York, ce film permet de mieux comprendre les raisons de ce soulèvement historique, qui a permis à une population invisibilisée et stigmatisée de faire entendre sa voix.

 

“Stonewall, la révolution gay”, documentaire réalisé par Kate Davis et David Heilbroner (2010). Disponible jusqu'au 29 juin 2025 sur Arte.

“Ceci n'est pas un livre sur le genre” de Morgan N. Lucas (2023).

4. Mieux comprendre la transidentité grâce à un livre éclairé

 

Mardi dernier, à l'issue de discussions tendues, le Sénat adoptait une proposition de loi visant à encadrer les transitions de genre chez les mineurs en France. Interdiction des prescriptions hormonales ou encore des chirurgies de réassignation de genre... Contestées par une grande partie de l'opposition, ces mesures sont une nouvelle preuve des divisions majeures autour des droits des trans, souvent liées à une méconnaissance de leur quotidien et leur parcours de vie. Dans ce contexte de débat politique et médiatique, dont les personnes concernées sont bien souvent exclues, l’ouvrage Ceci n'est pas un livre sur le genre du psychothérapeute Morgan N. Lucas offre un éclairage nécessaire sur la transidentité. En expliquant la trajectoire type d’une personne transgenre, des questionnements intimes sur l’identité à l’expérience de la transition, avec tous les obstacles rencontrés sur sa route, l'auteur permet de mieux comprendre ces réalités, tout en interrogeant les préjugés et les normes qui structurent notre société, partant de nos définitions du masculin et du féminin.

 

“Ceci n'est pas un livre sur le genre”, par Morgan N. Lucas, paru en novembre 2023, éd. Les Insolentes.

  • Violet Chachki au Crazy Horse Paris.

  • Violet Chachki au Crazy Horse Paris.

  • Violet Chachki au Crazy Horse Paris.

© Lonelyrodeostar.

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5. La drag superstar Violet Chachki enflamme le Crazy Horse

 

Cheveux noir de jais et lèvres rouge carmin, taille ultra corsetée et talons aiguilles vertigineux... Révélée en 2015 par l’émission RuPaul’s Drag Race, dont elle est sortie grande gagnante, Violet Chachki reste aujourd'hui l'une des drag-queens les plus mémorables du programme. Outre son esthétique impeccable et son goût pointu pour la mode, qui a su notamment séduire les maisons Jean Paul Gaultier, Moschino et Prada, l'Américaine a également prouvé aux quatre coins du monde entier ses talents scéniques, où se croisent performances burlesques et arts acrobatiques venus du cirque. Au point que l'une des plus célèbres institutions parisiennes, le Crazy Horse, l'invite fin juin à présenter en ses lieux un spectacle inédit, faisant d'elle la première artiste avec un corps masculin à fouler sa scène prestigieuse. Une carte blanche enthousiasmante pour la trentenaire, qui se produira aussi bien seule qu'aux côtés des mythiques danseuses du Crazy, réinterprétant avec son regard contemporain les numéros qui ont marqué l'histoire du cabaret français.

 

Violet Chachki au Crazy Horse Paris, du 24 au 28 juin 2024, Paris 8e.

“Pédés : réinventer le monde”, podcast diffusé sur France Culture, 2024.

6. Pédés : réinventer le monde : un podcast passionnant sur France Culture

 

“Tapette”, “tarlouze”, “flotte“, “enculé”… Dans la langue française, les insultes homophobes ne manquent pas. Mais depuis près d'un siècle, “pédé” reste sans doute la plus courante et la plus violente de toutes. Si courante qu'elle a fini par faire l’objet d’une réappropriation de la part des homosexuels, devenant pour beaucoup l’expression d’une identité et d’une communauté, souhaitant affirmer sa marginalité face aux discriminations instaurées par une société hétéronormée. Au fil de quatre épisodes d’une heure chacun, le podcast inédit de France Culture Pédés : réinventer le monde part de ce terme connoté pour dérouler le fil l’histoire politique de l’homosexualité masculine en France, et notamment à partir de 1971, année où s’est constitué le FAHR (Front homosexuel d'action révolutionnaire). Parcourant les cinq dernières décennies, cette série documentaire évoque les différents obstacles et crises – agressions, violences policières, épidémie de sida ou encore chemsex… – endurés par une communauté qui, en faisant de sa stigmatisation une armure, est parvenue à se battre, et doit encore aujourd'hui faire front commun.

 

“Pédés : réinventer le monde”, podcast de la série “LSD, série documentaire“, quatre épisodes disponibles sur France Culture depuis le 30 avril 2024.

“DRAG. Un art queer qui agite le monde”, d'Apolline Bazin (2023).

7. L'art du drag célébré dans un beau livre illustré

 

Comment est né le drag ? Que signifient les mots camp, club kid ou butch ? Quel rôle ont joué les drag-queens dans la lutte contre le sida ? Pourquoi les drag-kings sont-ils moins médiatisés que leurs homologues féminines ? Autant de questions auxquelles répond l'ouvrage DRAG. Un art queer qui agite le monde, paru à la fin 2023. Depuis plusieurs années, son auteure Apolline Bazin, journaliste et co-fondatrice du média queer et féministe Manifesto XXI, étudie le drag, ses évolutions et ramifications au fil des époques. Longtemps restée underground voire invisible, cette forme d'expression artistique passant par le travestissement et la performance du genre s'est peu à peu infiltrée dans la pop culture, avant de connaître un nouveau souffle avec internet et les réseaux sociaux. Richement illustré par les visages de figures majeures de la profession, de Divine à RuPaul, et enrichi des témoignages de plusieurs queens, ce beau livre habilement ficelé offre tous les éléments pour comprendre un art profondément transgressif, irrévérencieux, et politique.

 

“DRAG. Un art queer qui agite le monde”, d'Apolline Bazin, préface de Soa de Muse, paru en novembre 2023, éd. EPA.

  • “Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?”, par Brontez Burnell, traduction par Alexandre Gaulmin (2024).

  • “Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?”, par Brontez Burnell, traduction par Alexandre Gaulmin (2024).

  • “Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?”, par Brontez Burnell, traduction par Alexandre Gaulmin (2024).

  • “Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?”, par Brontez Burnell, traduction par Alexandre Gaulmin (2024).

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8. Le nouveau roman de Brontez Purnell, chronique d'un homosexuel débridé

 

“Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?” Avec ce titre pour le moins provocateur, Brontez Purnell annonce la couleur : son dernier roman n’est pas là pour satisfaire les âmes les plus puritaines. Écrivain reconnu, mais aussi musicien du groupe punk The Younger Lovers, danseur ou encore réalisateur, l’Américain aux multiples talents dévoile ici une autofiction, chronique d’un homme gay, noir et précaire à San Francisco. À la première personne comme dans un journal intime, son protagoniste y raconte par le menu ses nombreuses conquêtes scabreuses, ses soirées de défonce à la drogue, son tournage dans un film porno, ses séances de psychothérapie ou encore la découverte de sa séropositivité. Dans un style très cru et imagé, qui n’est pas sans rappeler celui de Guillaume Dustan, Purnell explose non sans humour les carcans d'une homosexualité jugée socialement “convenable” à travers cet antihéros subversif et excessif, se moquant bien volontiers de la morale et des modèles de vertu. Un récit palpitant qui offre à son auteur sa toute première édition française, avec une traduction d’Alexandre Gaulmin.

 

“Johnny, est-ce que tu m'aimerais si j'avais une plus grosse bite ?”, par Brontez Burnell, traduction par Alexandre Gaulmin, paru en mai 2024, éd. Rotolux Press.

  • La Grande Dame à l'événement “King Chefs and Drag Queens”.

  • “King Chefs and Drag Queens”.

  • Kam Hugh à l'événement “King Chefs and Drag Queens”.

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9. Chefs étoilés et drag-queens pour soirés mémorables

 

Si à première vue les mondes du drag et de la gastronomie paraissent bien éloignés, leur rencontre peut aussi faire des merveilles. C’est avec cette idée en tête que Philippe Quintin-Stern imagine, en 2018, le projet King Chefs and Drag Queens. Le concept ? Des soirées thématiques mêlant performances de drag-queens et repas concoctés par des chefs étoilés dans des lieux emblématiques de Paris. Depuis six ans, les amateurs du drag et de bonne cuisine ont pu ainsi avoir le plaisir de goûter les menus signés Guy Savoy, Michel Roth, ou encore Claire Heitzler, tout en assistant aux prestations de reines telles qu’Alice Psycho, La Grande Dame et Cookie Kunty, dans les espaces feutrés des cabarets La Nouvelle Ève, Aux Belles Poules ou encore le Bizz’Art Club. Pour les mois de juin et juillet 2024, l'événement organisera aussi bien des dîners à quatre services, des apéros tapas du chef Gaston Savine et des brunchs bistronomiques, le tout animé par des stars de l’émission Drag Race France et de la scène parisienne. Une manière pour le moins insolite de montrer, à tous types de publics, l’excellence à la française.

 

“King Chefs and Drag Queens”, cabaret La Nouvelle Ève, Paris 9e.

La bande-annonce d'Orlando, ma biographie politique (2024) de Paul B. Preciado.

10. Le film Orlando, ma biographie politique de Paul B. Preciado


Déroutant par sa forme et important par son sujet, Orlando, ma biographie politique est le nouveau projet de l’écrivain, chercheur et activiste espagnol transgenre Paul B. Preciado. Mêlant fiction et documentaire, le film qui sort au cinéma le 5 juin 2024 s’inspire du livre Orlando, écrit par Virginia Woolf en 1928. Déjà adapté par Sally Potter en 1992, avec Tilda Swinton en héroïne, le roman est ici repris par bribes, récitées par une dizaine de personnes transgenres ou non binaires. On croise notamment Virginie Despentes, la chanteuse Janis Sahraoui et la drag queen Le Filip dans cette galerie de portraits émouvante qui raconte le parcours de plusieurs personnes ayant changé de sexe. (VS)


 Orlando, ma biographie politique (2024) de Paul B. Preciado, au cinéma le 5 juin 2024.