Une allure anticonformiste
Vous avez peut-être du mal à retenir son nom, mais vous n'avez pas pu oublier son visage. Crâne rasé, teint caramel, tâches de rousseur, dégaine tomboy, Adwoa Aboah fascine depuis son explosion en 2016. Sa beauté singulière a séduit non seulement les magazines de mode, mais aussi les marques, qui se l'arrachent comme Dior, Chanel, Calvin Klein, Burberry, Marc Jacobs, Fenty, Coach, Versace, Fendi et H&M. Pile dans l'air du temps, Adwoa possède un charisme androgyne quasi punk lui permettant de rendre cool n'importe quel vêtement, même le plus strict. Avec elle, les publicités de cet hiver font preuve d'une belle diversité. Son vestiaire unisexe, street et pointu – y compris in real life, en dehors du catwalk – et visible sur son compte Instagram est lui aussi des plus inspirants. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles Dazed & Confused la mettait en couverture avec comme accroche : « The real thing. » Le cool d'Adwoa ne ment pas.
Une vie chaotique
Crise oblige, beaucoup de millennials ont du mal à trouver un boulot... et surtout, leur place. Née le 18 mai 1992 à Londres, la petite fille d'origine ghanéenne symbolise le parcours de nombreuses filles et garçons de sa génération. Avec une mère agent de photographes et un père fondateur d'une entreprise dénichant des lieux de shooting pour le luxe, Adwoa avait de quoi percer très tôt. Mais à 13 ans, elle décide de bousculer sa vie toute tracée pour partir dans un pensionnat loin de la capitale. Différente des autres avec sa peau pain d'épice et ses cheveux en bataille, l’adolescente souffre. Elle déclare dans la série vidéo The What’s Underneath Project qu'elle voulait juste ressembler à toutes ces filles de son école qui plaisaient aux garçons : « blondes, blanches, avec les yeux bleus...» À 14 ans, elle s'isole avec pour seuls compagnons la dépression, l’alcool et la drogue. Des troubles bipolaires n'arrangent rien à l'affaire...
Un modèle de résilience
Mais Adwoa est une battante. Comme elle avait décidé toute seule, ado, de quitter Londres, elle part en cure de désintoxication dans le silence du désert de l'Arizona. À 18 ans, elle signe avec l’agence de mannequins Storm, mais cela ne l'empêche pas de faire une tentative de suicide par overdose, qui la conduira au coma à 23 ans (2015). Miracle de Noël, la même année, après sa sortie d’hôpital psy, la jeune fille exaltée par le fait d'être en vie, prend la décision de s'affirmer sans compter sur l'approbation d'autrui. Sa thérapie ? Aider les autres filles en créant en 2016 Gurls Talk, un mouvement les invitant à évoquer leurs démons librement. S'ensuit une série documentaire abordant le féminisme, les règles, l’égalité, les genres, les maladies mentales, les sexualités différentes... Son message ? Ne pas tenter de se faire accepter par la société, mais s'accepter soi-même.