Dans un monde idéal, Alexander McQueen serait dans son atelier, imaginant des pièces toujours plus extravagantes, des défilés toujours plus spectaculaires. Malheureusement, ce monde là n’existe pas, l’enfant terrible de la mode s’est éteint le 11 février 2010.
Un an avant sa disparition, le créateur britannique imagine les costumes d’un spectacle à la frontière entre le théâtre, la danse et les arts martiaux : Eonnagata. Créée au Canada par le chorégraphe britannique Russell Maliphant, l’Étoile Sylvie Guillem et le metteur en scène canadien Robert Lepage, la pièce revisite le mythe du chevalier Eon, le grimant en auteur, diplomate et espion français qui navigue entre féminité et masculinité.
Le mystère Eonnagata
Pour Eonnagata, la seule pièce qui a fait du créateur un costumier, McQueen imagine des kimonos transparents dont la structure rigide en crinoline est recouverte d’organza. Pendant une heure et trente minutes, les costumes transforment les trois interprètes en véritables samouraïs japonais. Présentée pour la première fois au Canada en 2009, Eonnagata circule partout dans le monde l’année suivante (Lyon, New York, Toronto, Paris, Barcelone et Tokyo) alors que McQueen, lui, a déjà disparu.
Revenant sur les collaborations les plus marquantes entre le monde du ballet et celui de la mode, l’exposition Couturiers de la danse ne présente pourtant pas les kimonos d’Eonnagata. Philippe Noisette, le commissaire de l’exposition, s’est lancé à la recherche des costumes imaginés par le prodige anglais. À sa grande surprise, tous les kimonos ont disparu. Seule Sylvie Guillem a conservé le sien, trop abîmé pour être exposé.