Cate Underwood
NUMÉRO : Vous avez débuté votre carrière comme photographe, comment en êtes-vous arrivée au mannequinat il y a 10 ans ?
CATE UNDERWOOD : Ce fut une petite aventure! J’étais effectivement photographe ainsi que mon propre modèle quand, lors d’un voyage à Paris, j’ai rencontré un agent qui m’a proposé de me lancer dans une carrière de mannequin. C’était une belle opportunité. Passer de derrière à devant un objectif d’appareil photo fut une expérience fascinante.
Comment avez-vous vécu d’être dirigée par quelqu’un ?
Au début, c’était étrange car j’avais l’habitude de contrôler le processus et le shooting. Puis finalement, être mannequin c’est faire partie d’une équipe et devenir l’instrument d’un artiste ou d’un photographe. C’est intéressant de sentir la différence.
Quel est votre meilleur souvenir dans l’industrie de la mode ?
Je dirais que ces deux dernières années étaient remplies de moments fort. L’un de mes meilleurs souvenirs est la campagne Dior J’Adore avec Charlize Theron réalisée par Romain Gavras. La qualité de la production était vraiment impressionnante. Un autre moment fort est la campagne Jean Paul Gaultier pour le parfum So Scandal que nous avons tournée l’année dernière. La façon dont Jean Paul Gaultier et Rossy de Palma interagissent relève de la performance.
Vous êtes également DJ de temps en temps ?
En réalité j’ai commencé à être DJ quand j’habitais encore à Kiev. J’avais des amis qui organisaient une soirée et ils invitaient des cool kids de Kiev, qui ne sont pas forcément dans la musique, qui avaient un style et une vibe. Ils m’ont proposé de partager ma playlist et j’ai adoré ça. C’était génial de voir le public s’amuser et d’assister à un tel échange d’énergie. Même si aujourd’hui je le fais moins j’apprécie toujours jouer pour mes amis.
Vous avez déjà eu mille vies… J’ai entendu que vous venez d’emménager à Paris.
Au début de ma carrière, j’ai quitté l’Ukraine pour Londres où j’ai vécu pendant quatre ans. C’était une expérience fantastique, j’étais dans la vingtaine et je découvrais l’underground londonien. C’est une ville géniale pour s’exprimer et se découvrir. Puis j’ai déménagé à New York, pour avoir plus d’opportunités professionnelles. New York est fascinante, on sent une telle énergie et on rencontre énormément de gens. Mais finalement, après cinq années, l’Europe me manquait et surtout le style de vie que l’on y mène. Paris est la plus belle ville au monde donc le choix s’est imposé facilement.
Qu’avez-vous fait durant cette année un peu étrange ?
Au début de l’année, j’étais en Grèce et en Allemagne pour travailler. J’ai senti que les frontières allaient se fermer, donc je suis retournée en Ukraine plutôt que d’être seule à New York. Ces moments avec mes proches durant lesquels j’ai pris le temps de me reposer et d'avoir des moments pour moi ont été absolument incroyables. J’ai réfléchi à ce qui me semblait réellement important, comme par exemple ne plus dire oui à tous les jobs ou les voyages. Accepter de me recentrer sur moi-même est un sentiment complètement nouveau. Quand les frontières ont finalement rouvert en juillet, j’ai déménagé à Paris.
Quel force de caractère de changer de vie sans regarder en arrière !
Oui, découvrir de nouvelles villes ouvre votre esprit de tant de façons différentes !
Quels sont vos projets pour l’année 2021 ?
Pouvons-vous vraiment prévoir des choses ? Non, je plaisante, bien sûr que j’ai de nouveaux projets. Je voudrais apprendre le français et surtout j’espère que la situation autour du virus va se calmer grâce au vaccin. Je pense que nous vivrons alors un très beau moment avec une énergie particulière, pleine de vie.
Pourriez-vous nous citer vos livres et vos films préférés ?
J’ai toujours adoré la littérature russe et les auteurs classiques comme Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov. Mais j’apprécie particulièrement l’écrivain et journaliste soviétique Sergueï Dovlatov, qui a notamment beaucoup écrit pendant la perestroïka [nom donné à la politique réformiste menée par le président Gorbatchev en Union soviétique entre 1985 et 1991]. Ses réflexions ironiques sur l’absurdité de cette époque me rapproche de mes racines ukrainiennes. Sinon en ce moment je relis un de mes romans favoris, Le Ciel n’a pas de préférés de Erich Maria Remarque, inspiré de la vie du pilote de course Alfonso de Portago. Côté films, j’aime beaucoup le documentaire de Wim Wenders, Le Sel de la Terre sur le travail du photographe Sebastião Salgado, ou son film Les Ailes du désir, une histoire entre deux anges qui renoncent à leurs privilèges pour l’amour d’une femme dans l’Allemagne divisée des années 80. Il y a aussi La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck, une fiction dans l’Allemagne de l’Est et Panic Room de David Fincher avec Jodie Foster.
Quelles sont vos adresses préférées à Paris?
J’aime beaucoup le bar Hemingway de l’hôtel Ritz et Le Fumoir à n’importe quel moment de la journée pour boire un verre ou manger un petit quelque chose. Quand New York me manque j’aime aller chez Ralph’s, le restaurant de Ralph Lauren à Saint-Germain-des-Prés. Parmi mes restaurants préférés, il y a L’Epi D’or, le bistro de Jean-François Piège avec son atmosphère cosy et surtout son délicieux schnitzel. Le restaurant italien Casa Bini pour les pâtes à l’ail et à l’huile d’olive, et enfin, le bistro Paul Bert pour sa cuisine française classique. Pour les parfums, j’aime beaucoup Jovoy et Marie Antoinette qui proposent des créations très confidentielles.
Quels sont vos labels de mode, joaillerie et beauté préférés ?
J’adore la marque de cachemire Leret Leret qui propose des modèles en éditions limitées et les bijoux faits à la main Innan. Sinon, j’aime beaucoup les pièces de Margiela et Helmut Lang à leurs débuts, Jil Sander pendant Raf Simons, et Phoebe Philo chez Celine. En ce moment je porte le parfum “Bandit” de Robert Piguet et les rouge à lèvres La Bouche Rouge.