Dans cette saison automne-hiver 2016, le créateur à la tête de sa maison indépendante, qui ne cesse de grandir, transmet une fois de plus au public la joie pure que lui procure son travail : repenser le vocabulaire de la haute couture parisienne, célébrer son savoir-faire unique et l’appliquer avec intelligence à des thèmes et des styles du vestiaire contemporain. Des ceintures-smoking en satin et d’autres, en cuir, nouées, extra longues, structurent les silhouettes qui sont autant de jeux de construction. Le savoir-faire tailleur se décline à travers des robes-smokings, jumpsuits sophistiqués, et vestes spencers. Le flou se fait presque ironique dans des robes transparentes poids plume qui révèlent le corps plus qu’elles ne le drapent. Un thème militaire est décliné dans des sahariennes, robes-chemises rehaussées de pattes de boutonnage, et jusque dans un cargo pants à imprimé camouflage, qui se voit appliquer une cristallisation. Cristaux, plumes, sequins, tous les froufrous de la haute couture répondent à l’appel, radicalement dédramatisés. Résultat : une haute couture parfaitement contemporaine. Mais encore, des silhouettes bombastiques qui mélangent joyeusement les registres, et qui ne manqueront pas de faire chavirer le cœur de Rihanna, adoratrice des vêtements d’Alexandre Vauthier depuis ses débuts. Rencontre avec le couturier.
Numéro : Bella Hadid, Jourdan Dunn et Cindy Bruna ont défilé pour vous cette saison…
Alexandre Vauthier : Je suis ravi parce que ces filles qui font tant rêver sont heureuses d’être là. Elles ont envie de participer au défilé et de porter mes vêtements. Je pense qu’elles sont très excitées par l’énergie du show, mais aussi par ce qu’elles peuvent exprimer ici à travers les vêtements. J’essaie de bien équilibrer ma cabine, car il est très important pour moi de présenter un échantillon varié de types de féminité : je veux mêler des genres physiques différents, la sensualité de Bella Hadid avec l’élégance de Guinevere.
Vous présentez pour la première fois des robes très volumineuses en taffetas, qui rasent le sol…
Effectivement, c’est une nouvelle proposition. Je n’avais encore jamais traité ce genre de robes. Pourtant, j’ai toujours été fasciné par la haute couture des années 50, mais je n’ai jamais eu envie jusqu’à présent de l’inclure dans mes collections, parce que je trouvais que ce n’était pas le moment. Mais cette fois, mélangée au reste de la collection, cette proposition semblait juste. Nous sommes partis de la base des volumes de Charles James [couturier anglo-américain des années 30 à 50 célébré pour ses volumes sculpturaux], que nous avons détournés, habillés avec une saharienne ou hybridés avec une résille, pour les moderniser.
Le tailoring a toujours fait partie de votre univers, il est encore ici très important.
Le savoir-faire tailleur est une de mes véritables passions. Nous avons, cette fois encore, beaucoup travaillé la coupe, décliné dans des jumpsuits et dans des robes du soir.
Avez-vous réalisé spécialement ces étonnants collants résille rehaussés de cristaux ?
Absolument, nous les avons brodés à la main. Nous avons même fait un bodysuit entier sur ce modèle.