Mahany, 22 ans, née au Brésil, vit en France
Comment êtes-vous devenue mannequin ?
J’avais 16 ans, et un jour mes parents regardaient une émission de télévision où on interviewait une mannequin qui venait du même village que moi au Brésil. Quand je l’ai vue, je me suis dit : “si elle peut le faire, moi aussi je peux !”. Dès le départ, mes parents m’ont beaucoup soutenue dans cette voie. Aujourd’hui, je suis mannequin à plein temps et j’adore ! J’ai l’intention de rester dans ce milieu longtemps.
De quelle expérience êtes-vous la plus fière dans votre métier ?
Avoir participé à la campagne Fenty Beauty, la marque de Rihanna, était un véritable rêve devenu réalité. Je suis également très fière d’un shoot auquel j’ai participé pour System Magazine. Le photographe était Paolo Roversi et le styliste Ibrahim Kamara, deux personnes qui m’inspirent énormément. C’était incroyable.
Y’a-t-il une anecdote qui vous a particulièrement marquée ?
C’était justement pour la campagne Fenty Beauty. Quand j’ai passé le casting à Los Angeles, le fond de teint qu’ils ont essayé sur moi ne convenait pas. Mon agence m’a annoncé que je n’avais pas eu le job mais que les directeurs de casting m’avaient vraiment appréciée et me recontacteraient une prochaine fois. Le lendemain, je reçois un appel me demandant d’embarquer de New York pour Londres, car j’avais finalement été retenue pour la campagne : ils m’ont dit qu’ils trouveraient ma nuance de peau quoi qu’il en soit ! Cela m’a beaucoup touchée, et j’étais très heureuse en tant que femme noire de me sentir autant représentée par une marque de beauté.
Qu’aimez-vous faire durant votre temps libre ?
Je viens de lancer ma propre chaîne Youtube avec deux amies, des mannequins noires comme moi. Nous souhaitons y filmer notre quotidien comme un journal, pour montrer comment se passent nos journées et les coulisses de notre métier qui ne sont pas toujours très glamour ! Par ailleurs, j’adore danser. Pendant le confinement, j’ai suivi des cours de danse par FaceTime. Et j’adore aussi cuisiner !
Y’a-t-il des films, des séries ou des livres que vous avez appréciés récemment ?
J’ai adoré la série Lovecraft Country, réalisée par Jordan Peele : c’es très intense ! Côté livres, j’ai beaucoup aimé Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus, qui relate l’expérience de cette écrivaine noire au Brésil dans les années 50. J’ai aussi aimé le Petit manuel antiraciste et féministe de Djamila Ribeiro, philosophe et activiste elle aussi brésilienne.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
Je ne sais pas encore, mais je pense que je serai plus détendue ! [rires] J’espère vraiment que je serai encore mannequin et toujours heureuse, mais si ce n’est pas le cas je pense que je travaillerai toujours dans la mode. J’adorerais être styliste, car j’aime beaucoup créer et associer des vêtements et accessoires. D’ailleurs, je collabore déjà avec une marque de bijoux brésilienne actuellement.
Quels mots utiliseriez-vous pour décrire votre génération ?
C’est difficile mais je adirais que notre génération a beaucoup de chance. Nous avons tout entre nos mains et il nous suffit juste d’utiliser ces outils à notre avantage. Parfois, tout ce flot d’informations peut être destructeur, c’est pourquoi nous devons nous en saisir avec précaution et s’efforcer de vivre dans le présent !
Bilel, 27 ans, né et vit en France
Comment êtes-vous devenu mannequin ?
Tout a commencé il y a deux ans. Je faisais la fête dans le quartier de Concorde un dimanche à une heure du matin, et un homme m’a approché alors que je marchais dans la rue en me proposant de faire du mannequinat. Deux jours plus tard, je signais en agence.
Vous intéressiez-vous à la mode auparavant ?
Absolument pas. J’ai toujours été un peu coquet, mais je n’ai jamais su trop comment bien m’habiller. Pour moi, la mode est un moyen de financer ma vie et mes études de droit, et cela restera ainsi. Je passe le barreau en septembre. J’aimerais être avocat pénaliste.
De quelle expérience êtes-vous le plus fier dans votre métier ?
Je l’ai appelée “la boucle est bouclée”. À l’origine, je travaillais chez Adidas comme manutentionnaire. Je suis passé de ce métier à vendeur, de vendeur à caissier, de caissier à VIP en charge des sponsorings dans les magasins, jusqu’au jour où j’ai défilé pour le label. J’ai trouvé cela très amusant de gravir tous les échelons et explorer tous les aspects de cette marque. Pour moi, ma carrière de mannequin n’est pas un talent et ne requiert pas beaucoup d’entraînement : ce sont mes parents qui ont fait le travail ! Ce sont eux qui m’ont donné la chance de naître comme je suis et de correspondre aux codes de beauté d’aujourd’hui, qui ont bien sûr évolué.
Y’a-t-il des labels et des créateurs que vous appréciez particulièrement ?
Le premier créateur pour lequel j’ai défilé, Louis-Gabriel Nouchi. C’était aussi son premier défilé à lui. Bien que c’était mon premier show, c’est moi qui le fermais. C’était une super expérience, on a passé un très bon moment et je l’en serai toujours reconnaissant.
Qu’aimez-vous faire dans votre temps libre ?
Pratiquer l’art oratoire, c’est-à-dire l’art de manier le verbe de manière à convaincre. J’aime beaucoup le débat et j’ai une passion pour les grands orateurs. Je débats sur tout et n’importe quoi avec mes amis et ma famille. J’ai été jusqu’au quart de finale du championnat de France des juristes.
Y’a-t-il des causes qui vous tiennent à cœur ?
Le féminisme. J’essaie de me débarrasser de mon conditionnement patriarcal de vingt ans, et c’est parfois très compliqué. J’ai été élevé par des femmes très ouvertes d’esprit mais malgré cela, j’ai conscience que j’ai pu avoir des réflexes misogynes par le passé, que je travaille à corriger. On peut selon moi expliquer historiquement et socialement sans justifier toutes les formes de discriminations qui existent, mais le sexisme, je n’y trouve aucune explication tangible… Dans de nombreuses civilisations, on ne manque pas d’exemples de femmes fortes !
Quels livres, films ou séries appréciez-vous particulièrement ?
J’adore Malcolm, je pense que j’ai regardé les sept saisons 800 fois. Je m’endors avec cette série, c’est à ce moment-là que je me relâche la pression.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
On a le droit de rêver ? Si oui, avocat en droit pénal, ancien secrétaire de la conférence avec mon propre cabinet à la Réunion, avec mes deux meilleurs amis qui sont exercent aussi le même métier.
Quels mots utiliseriez-vous pour décrire votre génération ?
Je dirais “contrat social”. Je fais partie de la génération 90 que l’on a élevé dans une méritocratie, à laquelle on a dit : “travaille à l’école et tu réussiras” Je n’ai pas l’impression que l’on dise autant cela aux jeunes d’aujourd’hui. Pour moi, c’était comme un contrat : maintenant que j’ai bien travaillé, j’aimerais en récolter les frais. mannequinat.
Wang, 25 ans, né en Chine, vit entre la France et le Royaume-Uni
Comment êtes-vous devenu mannequin ?
J’avais 17 ans. Un homme m’a approché alors que je me promenais dans une rue en Chine, et depuis c’est devenu mon travail à plein temps.
De quelle expérience êtes-vous le plus fier dans votre métier ?
Quand j’ai participé à mon premier défilé. C’était pour Raf Simons, je me souviens d’avoir été si heureux !
Y’a-t-il des labels et des créateurs que vous appréciez particulièrement ?
Raf Simons, Miuccia Prada et JW Anderson. J’adore travailler avec eux.
Qu’aimez-vous faire durant votre temps libre ?
Regarder des films, faire la fête avec mes amis et du shopping.
Y’a-t-il des films, des séries ou des livres que vous appréciez particulièrement ?
J’adore Kill Bill et Pulp Fiction by Quentin Tarantino, ainsi que Enter the Void de Gaspar Noé.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
J’aimerais être de retour en Chine, à Chengdu où vit ma famille, et travailler avec mes parents si je ne peux plus faire du