Avec son court-métrage, Damien Krisl, nous plonge dans un univers à l'esthétique sophistiquée et aborde les effets pervers et à double-tranchant de la manipulation moderne à travers les images. Très inspiré par l’idée de rétro futurisme, le photographe et réalisateur suisse explore l’esthétique d’un futur rêvé, fantasmé, — notamment dans sa série de photos mode pour Numéro 233, “Tangerine Dream”.
Dans une salle entièrement vide qui se remplit progressivement de meubles et de décoration vintage - évoquant au passage un jeu vidéo ou le métaverse -, la mannequin Kim Schell se demande “Is it tomorow yet ?” (“Est-ce qu'on est déjà demain ?”). Avec ses objets qui semblent provenir tout droit du Space Age et un stylisme inspiré de la mode des années 1950, le film suggère, à la manière des romans d'anticipation d'Aldous Huxley ou George Orwell, un monde futuriste tel qu'on l'envisageait il y a 60 ans — une réalité qui finalement n'a jamais existé. Cette idée que l'on se fait de l'avenir — qui, finalement ne ressemble jamais à ce que l’on avait imaginé — est ainsi mise en parallèle avec les projection idéalisées que les médias peuvent en faire, en particulier l'obsession pour l’irréel. Dans le film, Kim Schell incarne parfaitement ce rôle de femme solitaire, perdue, avec pour seule compagnie sa télévision, dont l'image la retient dans son salon, et l'engouffre dans un tunnel déformant de la réalité. Se répétant en boucle et dépeignant le même sujet dans un cycle sans fin, Never Ending Now agit comme une incitation à se saisir l’instant présent. Plutôt que de se perdre dans nos fantasmes d’un futur qui ne fera qu’alimenter toujours plus nos désillusions — encore et encore et encore…