Un showman à la Freddie Mercury en concert au Stade de France
En tournée depuis septembre 2021 sans presque jamais prendre de pause, Harry Styles semble plus dans son élément sur scène que partout ailleurs. Alors qu’il chante en boucle ses deux derniers albums, Fine Line (2019) et Harry’s House (2022) depuis trois ans, le chanteur britannique de pop-rock suscite toujours autant l’engouement de ses fans qui répondent constamment présents et chantent en chœur ses plus gros morceaux. Ce vendredi 2 juin au Stade de France, à Saint-Denis, sa puissance scénique semblait ainsi s'inscrire dans la lignée des shows mémorables de Freddie Mercury, son aura suffisant à enflammer tout un stade.
Pour sa tournée “Love On Tour” comme pour les précédentes, le chanteur mise en effet sur lui plus que sur le décor : les grands écrans ne montrent que ce dernier et ses musiciens, sans aucun artifice ni mise en scène grandiose, mais en retransmettant seulement un artiste survolté qui traverse de long en large la scène, sautille guitare et micro à la main ou s’asperge d’eau en secouant sa crinière. Bref, Harry Styles est une bête de scène. Et s’il ne se compare pas directement à Freddie Mercury, la presse et ses fans s’en chargent pour lui, rapprochant sa façon d’interagir avec la foule de celle de l’icône des années 70 et 80.
Sur son single Kiwi, il parvient ainsi à rendre silencieuses les 60 000 personnes présentes au stade de France jeudi soir, avant de les faire entonner à tue-tête avec lui les paroles de sa chanson puis de les faire – littéralement – hurler “Live America” pendant son single As it was vendredi. Mais il rend lui-même parfois directement hommage à Mercury : en diffusant, par exemple, l’incontournable tube Bohemian Rhapsody (1975) avant son arrivée sur scène ou encore en reproduisant au stade de Wembley en juin 2022 le célèbre “Ay-Oh” du leader de Queen au concert Live Aid de 1985 sur cette même scène.
Des strass, du cuir et des franges : une icône mode électrique
Qu’il soit sur scène, sur les tapis rouges ou dans les rues de Londres ou de New York, Harry Styles s’est aussi imposé en véritable icône de mode de ces dernières années. Et ses références à d’autres icônes sont nombreuses : en 2019, il sortait vêtu d’un pull imprimé d’un motif de moutons signé Lanvin, directement inspiré par celui que la princesse Diana portait en 1981. Ou encore en accessoirisant ses looks de boas à la Elton John, parfois couleur lilas pour la 63e cérémonie des Grammy Awards, d’autres fois rose pétant ou tricolore lors de ses concerts en chantant son tube Cinéma. Une attention au détail pour ses tenues de scène, réfléchies à la couture près par la maison de mode Gucci de laquelle il est égérie depuis 2018. Ensemble de veste-pantalon à paillettes rayé bleu et blanc ou rouge et bleu, jaquette en jean brodée de strass et de cœurs, bomber en satin vert à broderie rose poudré, costume en velours bleu tendre et marcel moulant, combinaison multicolore échancrée sur le torse…
Chaque soir de représentation est l’occasion pour Harry Styles d’inaugurer un nouveau look électrique, inspiré par les couleurs vives et les coupes des seventies, qui déchaîne à coup sûr l’euphorie de ses fans. Aussi fluide dans ses influences musicales que dans ses looks et sa façon de penser, le chanteur semble ainsi réuni tout ce qu’attend la Gen Z d'une pop star moderne. Génération sur laquelle il étend ainsi une influence mode indéniable – et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, les recherches internet de “jumpsuit pour homme” ont bondi de 212%, tandis que celles de “vernis à ongles pour homme” ont doublé et celles de “pantalon à paillettes” ont explosé de 40%. Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder la foule de ses concerts au stade de France : chapeau de cow-boys rose fluo, boas de toutes les couleurs, ensembles en crochets et à strass… Le thème Harry Styles est respecté par les “harries” (surnom de sa fanbase) au doigt et à l’œil.
Du garçon à mèche de One Direction au statut d’idole
Dès ses débuts dans l’industrie musicale, Harry Styles se démarque : repéré dans l’émission The X Factor alors qu’il a tout juste 16 ans, le Britannique forme avec quatre autres jeunes chanteurs – Niall Horan, Zayn Malik, Louis Tomlison et Liam Payne – le groupe One Direction. En quelques années seulement, leur succès est viral et traverse le monde entier, conférant à chaque membre le statut de superstar. En particulier à Harry, petit favori de celles et ceux qui se surnomment les “directionners”. Il a de longs cheveux ondulés, un sourire timide et un talent indéniable, auteur de nombreux futurs tubes du groupe (il en écrit trois dès leur premier album) et vocaliste hors-pair. Après le départ, en 2016, de Zayn Malik du groupe des One Direction – qui génère près de 4 millions de réactions sur Twitter en 24h –, Harry Styles décide, lui aussi, de provoquer sa destinée et de se lancer en solo.
Un an plus tard, il dévoile son single Sign of The Times, éponyme de son premier album de dix titres, qui fait un carton. Les mois qui suivent, il devient le troisième chanteur (après Adele et Michael Bublé) auquel la célèbre chaîne de la BBC consacre un documentaire, tandis qu’il reçoit en parallèle le Brit Award du Meilleur Clip. Bref, toutes les étoiles semblent s’aligner pour l’artiste qui passe très rapidement de membre de boysband à idole mondiale et cumule les succès. Il devient égérie de la maison Gucci, sort en 2019 son deuxième album Fine Line et son tube Watermelon Sugar, revient en 2022 avec un troisième, Harry’s House, acclamé par la critique, et récolte plus de 4 milliards d’écoutes en streaming pour sa chanson As it Was… Depuis ses premiers pas au sein du groupe One Direction, l'artiste britannique de 29 ans s'est ainsi métamorphosé, passant du chanteur formaté et adulé à l'excès à l'artiste capable de morceaux de bravoure pop-rock aussi épiques que ambitieux. Une mue spectaculaire, que le succès de ses deux concerts à guichets fermés au Stade de France a confirmé.