Il était si plein de vie, de magnétisme et d'enthousiasme, qu'il était difficile d'imaginer qu'il partirait un jour... et si tôt. À 50 ans, suite à une mauvaise chute accidentelle d'un étage élevé, par la fenêtre, d'un immeuble parisien, Philippe Zdar nous a quitté. Il laisse derrière lui une ribambelle de tubes éternels qui continueront de nous faire danser longtemps sous la boule à facettes tels que “I <3 U So” (sur Ed Banger) et “Toop Toop”. En 2011, on se souvient qu'il nous racontait, conscient de la fugacité de la vie : “J'ai compris très vite la phrase de Nietzsche “La lutte pour la vie n'est qu'une exception” et ça a été un tel cataclysme, qu'à dix ans je disais : tout peut s'arrêter alors il faut en profiter un maximum. À ma tante qui m'a offert une batterie jeune, je disais à 13 ans et demi : si tu me donnes 10 euros, je les dépense illico. Si tu me donnes 10000 euros là tout de suite, je te jure que je descends et je les dépense.”
Philippe Cerboneschi (de son vrai nom) aura en effet dépensé sans compter. En énergie pour commencer. Le Savoyard joli garçon passionné de punk débute comme assistant aux studios +XXX (Plus30) avec Dominique Blanc-Francard, ingénieur du son et producteur. Serge Gainsbourg et Étienne Daho passent dans les locaux. C'est ainsi que celui qui roule d'abord des joints pour les autres musiciens rencontre son comparse Hubert Blanc-Francard, Boom Bass, le fils de Dominique, en 1988. Ensemble, les deux hommes vont faire des merveilles, notamment pour MC Solaar, en mixant house, funk et influences rap. Qui sème le vent récolte le tempo, ils se retrouvent aux manettes de La Funk Mob. Ils tapent alors dans l’œil de James Lavelle du cultissime label britannique Mo'Wax, qui signe leurs tribulations extra-sensorielles en 1994. On leur doit aussi d'excellents remixes de Depeche Mode et Björk.
Le Savoyard joli garçon passionné de punk débute comme assistant aux studios +XXX (Plus30) avec Dominique Blanc-Francard, ingénieur du son et producteur.
En 1996, en tant que Boombass et Zdar, ils deviennent l'un des plus beaux fleurons de la french touch et les meilleurs représentants de la house à la française, notamment avec le sublime Pansoul. Renommé Cassius (en hommage au boxeur Cassius Clay), le duo se retrouve sur Virgin et à la tête de plusieurs hits dans les années 1990 et 2000. En 1998, leur premier single "Cassius 99" se hisse dans le Top 10 en Angleterre.
Phoenix, Cat Power, Hot Chip, Beastie Boys, Cut Copy, Kindness, The Rapture et Franz Ferdinand sont passés sous ses mains expertes.
C'est aussi comme producteur que Philippe a brillé toute sa vie. Phoenix, Cat Power, Hot Chip, Beastie Boys, Cut Copy, Kindness, The Rapture et Franz Ferdinand sont passés sous ses mains expertes. Avec humour, intelligence et bienveillance, il a su pousser les artistes internationaux vers le meilleur d'eux-mêmes, du fond de son studio rue des Martyrs. Philippe Zdar fut nommé chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en février 2005. On y était et il semblait le premier étonné, avec une joie de gosse sur le visage.
Philippe Zdar était dans l'intimité un amoureux d'Ibiza, de cuisine, de littérature, de peinture ou de design, proche de ses amis, des collègues musiciens et de sa famille.
Humble, hédoniste et solaire, Philippe Zdar était dans l'intimité un amoureux d'Ibiza, de cuisine, de littérature, de peinture ou de design, proche de ses amis, des collègues musiciens et de sa famille. Avec un humour et un coeur gros comme un beat de Cassius. Il est partie de la même mort que son copain DJ Mehdi. Et on espère que là-haut ils continuent de faire du bruit.