À l’aube du mois de décembre 2017, une jeune femme s’empare de la Bellevilloise pour un double concert en une seule soirée. IAMDDB vient pour en découdre, elle arbore fièrement un top orange vif, fait hurler les garçons comme les filles et commande trois rasades du tube Shade à son DJ impassible tant la fosse asphyxiée mais masochiste en redemande. Radieuse, charismatique mais surtout électrisée par la foule, la chanteuse enchaîne les titres issus de ses trois projets : Waeveybby Vol.1 (2016), Vibe Vol.2 (2017) et Hoodrich Vol. 3 (2017). Depuis, elle a sorti Flightmode Vol. 4 (2018) et Swervvvvv.5 le 22 février dernier.
IAMDDB – “Urban Jazz”
C'est depuis sa chambre de Manchester qu'“I am Diana Debrito” (IAMDDB) commence à composer ses hymnes contemporains. Cette alchimiste hip-hop mêle les rythmes de Lauryn Hill, la substance “Erykah Badu”, la verve d’une Jorja Smith et l’héritage de son père saxophoniste Manuel De Brito. Dans sa fiole, une poudre d’or que la native du Portugal aime nommer “urban jazz”. Biberonnée par les studios d’enregistrement c’est pourtant en Angola, cette nation lusophone aride au sud du Congo, qu’IAMDDB saisit véritablement la musique : quelque chose de profond qui ne se limite pas à un instrument ou à une partition. Marquée par ce voyage, elle puisera dans ses souvenirs et cette philosophie pour produire des créations downtempo, pendant serein du trip-hop dans lequel elle glissera un rap groovy, élégant et épineux.
IAMDDB – “Pause” COLORS
Avant ses œuvres étincelantes et hypnotiques, la demoiselle de 22 ans a déposé sa voix mélodieuse sur JazB, une production du DJ et rappeur californien Flying Lotus. Elle chantonnait déjà son pseudonyme à l’époque, répétant inlassablement ses initiales comme des vocalises à la mode. Elle est alors repérée par le programme Four to the Floor sur la chaîne Channel 4 qui promeut les talents émergents d'Angleterre. Puis sonne l’heure du premier clip, indépendante, autonome et souveraine, IAMDDB sort Leaned Out, morceau enregistré avec Inka, une vidéo sobre dans laquelle elle ne joue pas encore réellement avec les codes bling-bling du gangsta rap. Car si Diana n’a pas connu l’époque du marketing néo-soul des nineties portée par D’Angelo ou Maxwell, elle s’immisce très vite aux confins du genre et y injecte une attitude imparable: un flow aiguisé et des percussions aux triolets clinquants.
Sur la jaquette améthyste de Swervvvvv.5, nouvelle mixtape sortie mi-février, on découvre sa silhouette tremblotante à travers un voile de fumée. Derrière ses lunettes retro, sapée de groove et de moins en moins sage, IAMDDB se pose en nouvelle reine du R’n’B à l’énergie débordante. À grand renfort de marijuana, elle emprunte sa diction à Cardi B et rappelle sans le vouloir aux chanteuses françaises que le chemin sera long pour sortir du ridicule.
Swervvvvv. 5 d‘IAMDDB, disponible.
IAMDDB sera en concert à l’Élysée Montmartre le 31 mars prochain.