Tête haute et regard fier… lorsque Lolo prend la pose pour Numéro dans des looks aussi sculpturaux que sa beauté juvénile, elle évoque à la fois la top-modèle Rosie Huntington-Whiteley, la reine des dragons de Game Of Thrones et la Sharon Stone frondeuse de Basic Instinct. Un tempérament effronté qui se confirme quand la jeune fille de 23 ans se confie à nous. Lovée dans sa doudoune XXL jaune canari, au fond d'un café des beaux quartiers parisiens, elle prévient : “Mes chansons ressemblent à des bonbons, mais elles sont douce amères. Ce sont des anti-chansons d'amour, car je ne tombe jamais amoureuse. Elles contiennent beaucoup de mélancolie et, en même temps, on peut danser dessus. Mon animal totem, c'est le pokémon Rondoudou, parce qu'il endort les gens en chantant avec sa voix toute douce mais qu'après il devient méchant. Un peu comme ma musique, c'est de la sorcellerie douce.”
“Dans la même journée, je dansais dans une soirée sublime, puis je rentrais dans mon appart minuscule déprimer car il ne me restait plus que sept dollars en poche.”
À l'image de son avatar kawaï, la productrice d’origine franco-algérienne exilée à New York a ensorcelé le monde entier. Sa voix suave, puissante et poétique est l'une des plus prisées sur Spotify et Youtube en matière de R'n'B. Le tube langoureux qui l'a fait connaître fin 2017, High Highs to Low Lows, cumule presque 10 millions d'écoutes en streaming. En quelque mois seulement, Lolo Zouaï est devenue un phénomène que s'arrachent des artistes comme Myth Syzer, Oxmo Puccino, Orelsan ou le collectif H.E.R. Mais elle a travaillé dur pour en arriver là. “Je suis arrivée à San Francisco à l'âge de 3 ans avec mes parents qui avaient obtenu la green card, et je me souviens qu'ils bossaient tout le temps. Quand à 19 ans, j'ai déménagé à New York après un détour par Nashville dans une école de musique, j'ai enchaîné les petits boulots. J'ai tout fait : plier les vêtements dans une boutique, préparer les milkshakes dans un restau de burgers et même cuisiner des sushis vegan. À côté, je continuais toujours la musique. J'étais persuadée que c'était mon destin et que ça finirait par marcher. Et c'est ce qui s'est finalement passé quand j'ai enfin osé poster ma chanson.”
“Au lycée j'écrivais des chansons rap-punk. Je manquais trop de confiance en moi pour les faire écouter. Et puis je n'avais pas encore trouvé mon son.”
Il y a tout juste un an, Lolo écrivait encore ses démos dans sa petite chambre de Brooklyn, et il lui arrivait parfois de déchanter : “J'avais des amis qui connaissaient beaucoup de stars, et je me suis retrouvée avec eux dans des fêtes sur des yachts ou dans des lieux somptueux. Ma vie était faite de hauts et de bas (de “highs” et de “lows”), de moments de découragement, et d'autres, de luxe fou. Dans la même journée, je dansais dans une soirée sublime, puis je rentrais dans mon appart minuscule déprimer car il ne restait plus que sept dollars en poche. Une fois, je portais un tee-shirt acheté en fripes à un dollar et quelqu'un m'a demandé de quel créateur il s'agissait. C'est là que me sont venues ces paroles : ‘They think it so Gucci but it’s 99 cents.’ Aujourd'hui, je n'arrive pas à croire que des marques comme Tommy Hilfiger me donnent des vêtements alors qu'il y a un an, je rêvais d'en porter.”
La bombe platine aurait pourtant pu ne pas exploser. Elle a refusé à ses début les ponts d'or de gros producteurs de L.A. qui voulaient la formater, jetant à la poubelle plus de cinquante chansons. “Certains pensent que je ne sais pas ce que je fais, car je suis jeune et que je suis une fille, mais je ne suis pas du genre à me laisser faire. Je tiens ça de ma mère qui avait beaucoup de caractère et qui est une vraie bosseuse”, nous glisse-t-elle. Une mère qui jouait du saxophone à ses heures perdues et a donné le la des ambitions musicales de sa fille. “J'ai découvert ma voix à 6 ans, avoue Lolo. Je chantais tout le temps et faisais des solos dans des chorales à l'école. Ma sœur et moi avons appris enfants le piano. Je mémorisais par cœur comment placer mes mains, sans connaître le solfège, puis j'ai pris des cours de trompette au collège pour imiter mon grand père qui en jouait, et ensuite, je me suis mise à la guitare. Au lycée, je rêvais de participer aux talents shows et j'écrivais des chansons rap-punk, mais j'avais peur et j'étais très timide. Je manquais trop de confiance en moi pour les faire écouter. Et puis je n'avais pas encore trouvé mon son.”