Erwin Wurm, “Outdoor Sculpture (Taipei)” (2000). C-print, 159.1 x 126.5 cm © Erwin Wurm
Erwin Wurm, “Palmers” (1997). C-print, 94 x 74 cm © Erwin Wurm
1. Erwin Wurm à la Maison Européenne de la Photographie (Paris)
Depuis maintenant trois décennies, Erwin Wurm est passé maître dans la mise en scène du caractère vain et absurde des situations où le corps, l'objet et l'espace se trouvent confrontés à leurs propres limites. Située principalement entre la sculpture et la performance, la pratique plurielle de cet artiste autrichien ne saurait toutefois se passer de sa retranscription par l’image afin de documenter ses expérimentations. C’est précisément sur cette place de la photographie et de la vidéo dans son œuvre que la MEP a choisi de se concentrer avec la plus grande rétrospective consacrée à cet aspect de son travail, dont le corps reste le dénominateur commun essentiel. Rouverte depuis le 17 juin, celle-ci nous offre l’occasion de revenir à travers une vaste sélection de 200 tirages sur l’œuvre protéiforme d’un artiste radical.
“Erwin Wurm : Photographs” jusqu'à la rentrée à la Maison Européenne de la Photographie, Paris 4e.
2. Claudia Andujar à la Fondation Cartier (Paris)
Population amérindienne partagée entre le nord du Brésil et le sud du Vénézuéla, les Yanomami ne cessent de faire face à des menaces de destruction de leur territoire, à nouveau mis en danger récemment par le président Jair Bolsonaro. Au début des années 70, la photographe brésilienne d’origine suisse Claudia Andujar fait la rencontre de ce peuple indigène, une rencontre d’abord artistique puis humaine qui la bouleversera jusqu’à devenir le combat de sa vie depuis cinquante ans. La Fondation Cartier reprend le fil de cette histoire puissante en consacrant à l’artiste et activiste – âgée aujourd’hui de 89 ans – une exposition traversée par les enjeux politiques contemporains.
“Claudia Andujar : La Lutte Yanomami”, jusqu'au 13 septembre à la Fondation Cartier, Paris 14e.
Patrick Caulfield, “Coal Fire” (1969)Sérigraphie © Tate © The Estate of Patrick Caulfield. All Rights Reserved, DACS / Adagp, Paris, 2020
Carolus-Duran, “La dame au gant” (1869). Huile sur toile. Musée d'Orsay - Paris © RMN-Grand Palais musée d'Orsay - Hervé Lewandowski
3. Soleils noirs au Louvre-Lens (Lens)
Le noir dans l’art au fil des siècles et sous toutes ses formes. Tel est le programme de la nouvelle exposition du Louvre-Lens, qui revient à travers plus de 180 œuvres sur les apparitions, les nuances et les interprétations de cette “couleur” si essentielle dans l’histoire des représentations, tout en tissant des liens avec le passé minier de la région de Lens. Couvrant une période qui s’étend de l’Antiquité à aujourd’hui, “Soleils noirs” retrace les mutations plastiques du noir en les rapprochant des évolutions sociales, politiques et culturelles, à l’instar de la place de la religion chrétienne, des révolutions industrielles ou de l’avènement de l’art abstrait. Sa sélection rassemble des artistes aussi éminents que Sandro Botticelli et Pierre Soulages, Édouard Manet et Douglas Gordon, François Pétrovitch et César, Edith Dekyndt et Gustave Courbet. La puissance du noir a aussi inspiré les créateurs dans un autre registre : la mode. Elle y est elle aussi mise à l’honneur avec des créations de Jeanne Lanvin ou encore Yohji Yamamoto.
“Soleils noirs. De l'Égypte à Soulages, l'épopée de la couleur noire”, jusqu'au 25 janvier 2021 au Louvre-Lens, Lens.
4. William Kentridge au LàM (Villeneuve d'Ascq)
Regarder l’œuvre multidisciplinaire de William Kentridge, c’est se plonger dans plusieurs histoires : celles d’un pays d'abord, l’Afrique du Sud, d’un continent, l’Afrique, mais aussi celles de mouvements artistiques, de l’absurde au surréalisme en passant par l’expressionnisme dont l'artiste sud-africain s'inspire constamment. À travers le dessin, la gravure, la sculpture, le collage ou encore le film d’animation, ce plasticien crée son propre théâtre d’ombres poétique traversé par des questions politiques et mémorielles brûlantes, à l’instar de l’apartheid ou du passé colonial de l’Afrique du Sud. Le LàM lui consacre sa plus grande rétrospective française à ce jour, balayant près de quarante ans de pratique. On y découvre ses premiers dessins réalisés dans les années 80 jusqu’à ses derniers films d’animation, encore en cours de production.
“William Kentridge : Un poème qui n'est pas la nôtre”, jusqu'au 13 décembre au LàM, Villeneuve d'Ascq.
Vue de l’exposition « Le Milieu est bleu » d’Ulla von Brandenburg, Palais de Tokyo (2020). Photo : Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Le Milieu est bleu » d’Ulla von Brandenburg, Palais de Tokyo (2020). Photo : Aurélien Mole
5. Ulla von Brandenburg au Palais de Tokyo (Paris)
De retour au Palais de Tokyo après quatorze ans, Ulla von Brandenburg habille cette fois-ci le premier étage du musée parisien de ses immenses rideaux colorés. Conçue comme un opéra en trois actes, son exposition “Le milieu est bleu” explore l’idée d’œuvre d’art totale : la plasticienne allemande y investit aussi bien le son et la musique, l’installation et l’accessoire que l’image vidéo jusqu’à activer son décor chaque samedi grâce à la participation de cinq performeurs, que le public est invité à rencontrer. Au milieu de l’exposition, un film se fait la synthèse de son théâtre textile immersif et développe un récit poétique incarné par ces mêmes comédiens.
Ulla von Brandenburg, jusqu'au 13 septembre au Palais de Tokyo, Paris 16e.
6. Jeremy Shaw au Centre Pompidou (Paris)
Fasciné par l’extase, la transcendance et le dépassement de soi, l’artiste canadien Jeremy Shaw explore à travers ses œuvres les limites de la conscience et du contrôle de l’être humain sur son propre corps en jouant notamment sur les effets du temps et des psychotropes. Au Centre Pompidou, il propose une installation filmique inédite répartie sur sept écrans où se racontent simultanément les histoires de communautés fictives vivant aux 21e et 22e siècles. Afin de construire ces récits uchroniques, l’artiste crée de nouveaux langages verbaux et chorégraphiques qu’il capture dans une esthétique vidéo vintage. Chacun de ces groupes se rejoint alors dans un espace imaginaire cryptique et irrationnel empreint de mysticisme.
“Jeremy Shaw : Phase Shifting Index”, jusqu'au 27 juillet au Centre Pompidou, Paris 4e.
7. “Permafrost” au MO.CO (Montpellier)
Depuis son inauguration l’an passé, le MO.CO continue de s’affirmer comme une nouvelle place forte de l’art contemporain en France. Dans l’espace de la Panacée jusqu’à la fin août, l’exposition “Permafrost : les formes du désastre” rassemble les œuvres de dix artistes qui interrogent le devenir du vivant, des organismes et des espaces. Plusieurs sculptures hybrides, des vidéos énigmatiques et des installations y dessinent une véritable archéologie du futur, un futur hypothétique et fictif façonné par les bouleversements climatiques, sociaux et économiques déjà bien réels qui placent le spectateur face à des transformations encore inconnues mais inévitables de notre monde.
“Permafrost. Les formes du désastre”, jusqu'au 30 août au MO.CO. Panacée, Montpellier.
8. Yves Klein au Centre Pompidou-Metz (Metz)
On le connaît pour son bleu unique, ses monochromes et Anthropométries mais tout au long de sa vie, Yves Klein n’a cessé de chercher à représenter l’immatériel. Nombreuses et variées, ses représentations du ciel, de l’espace, de l’air et du temps ont d’ailleurs rejoint les réflexions plastiques de nombreux artistes dès la deuxième moitié du XXe siècle. Le Centre Pompidou-Metz se concentre sur cette quête infinie en insistant sur les rapprochements du travail du plasticien français avec d’autres mouvements, du spatialisme à Gutai en passant par le groupe ZERO. Ainsi, aux côtés d’Yves Klein, on retrouvera entre autres des œuvres de Piero Manzoni, Takis, Yayoi Kusama ou encore Hans Haacke.
“Le ciel comme atelier. Yves Klein et ses contemporains”, du 18 juillet au 1er février 2021 au Centre Pompidou-Metz, Metz.
Roger Ballen, “Waif” (2012).
Roger Ballen, “Immersed” (2016) © Marguerite Rossouw
9. Roger Ballen à la Halle Saint Pierre (Paris)
Depuis le 7 septembre dernier, la Halle Saint Pierre – musée parisien consacré à l'art brut et outsider à quelques pas de la basilique du Sacré-Cœur – consacre une rétrospective d'ampleur au photographe américain Roger Ballen, la plus grande qu'il ait jamais connu. Sa réouverture récente offre l'occasion de plonger dans l'univers hanté de cet artiste fasciné par les mystères de l'humain et de son inconscient, qui s'incarnent dans ses mises en scène inquiétantes en noir et blanc où se croisent hommes et femmes marginaux, animaux, poupées et fantômes. À cette occasion exceptionnelle, le photographe y recrée notamment ses décors favoris à travers une étonnante installation in situ.
“Le monde selon Roger Ballen”, jusqu’au 31 juillet à la Halle Saint Pierre, Paris 18e.
10. 10 ans de photoreportages à la Fondation Carmignac (Porquerolles)
Dans le cadre idyllique de l’île de Porquerolles, située en pleine mer Méditerranée, la Fondation Carmignac honore cet été les lauréats de son prestigieux prix du photoreportage créé il y a onze ans. Riche d’environ 170 photographies, l’exposition parcourt plus d’une décennie d’exploration par des photojournalistes qui, grâce à leur objectif affûté, informent, alertent et émeuvent sur les problématiques et les urgences de notre monde contemporain. De l’Arctique à l’Amazonie, régions particulièrement affectées par le réchauffement climatique, à l’esclavage encore en vigueur en Libye et au Népal, en passant par les conflits au Pakistan ou à Gaza, l’éventail de réalités que proposent ces photographes est aussi divers que percutant, pour ne pas dire bouleversant.
“Prix Carmignac du Photojournalisme. 10 ans de reportages”, du 4 juillet au 1er novembre à la villa Carmignac, Île de Porquerolles.