En parallèle du Grand Palais Ephémère installé sur le Champs de Mars, dans laquelle elle organise cette année sa 47e édition, la FIAC étend comme à son habitude sa programmation à plusieurs lieux de la capitale française, tels que la place Vendôme ou le jardin des Tuileries. L’occasion de (re)découvrir le musée Eugène-Delacroix, qui depuis 2015 se joint à la fête en accueillant dans ses discrets locaux du sixième arrondissement les projets d’artistes contemporains. Après José María Sicilia, Katinka Bock ou encore Glenn Brown, en 2019, Jean Claracq est invité à faire résonner son travail avec l’œuvre du grand représentant du romantisme pictural. À 30 ans, le Français s’inscrit dans la nouvelle garde de la peinture figurative avec ses minutieuses toiles aux airs de scènes de genre dont les acteurs, principalement de jeunes garçons perdus entre les quadrillages des immeubles urbains et des écrans numériques, incarnent, sur des formats miniatures, les attitudes de la mélancolie moderne.
Après avoir présenté une installation inédite à la Fondation Louis Vuitton et signé l’affiche du dernier Roland-Garros, l’artiste s’est mis au diapason de l’auteur de La Liberté guidant le peuple en se plongeant dans son long journal dont il a presque tout épluché, de ses notes les plus triviales à ses réflexions sur le génie, en passant par la description de son quotidien d’artiste. Touché par le récit de ses émois et de ses échecs amoureux, ainsi que par son portrait d’un jeune homme de 1828 et par un tableau inspiré par Roméo et Juliette provenant des collections du musée, Jean Claracq est parti du XIXe siècle pour remonter jusqu’au XVIe et ses romances juvéniles narrées par le théâtre de Shakespeare.
Jean Claracq, “Homme assis” (2021). Courtesy galerie sultana / jean claracq
Jean Claracq, “Désir” (2021). Courtesy galerie sultana / jean claracq
Loin des références directes et littérales à Delacroix, les nouvelles œuvres de Jean Claracq réalisées ces derniers mois signalent ces contextes historiques par de subtils détails, comme les tours d’un château dépassant d’une palissade ou le visage de la reine Élisabeth Ire se dessinant sur un tissu. Présente dans les peintures de Claracq depuis ses débuts aux Beaux-arts de Paris, la douceur de la jeunesse se retrouve dans de nouveaux portraits dont les regards absorbés rappellent ceux représentés jadis par son homologue romantique. Dans l’ancienne chambre de Delacroix, espace intime et exigu où l’artiste a passé la fin de sa vie avant d’y rendre son dernier souffle, ces nouvelles œuvres s’inviteront sur les murs, faisant du peintre contemporain le chef d’orchestre d’un dialogue inédit.