Courtesy of the artist and Mendes Wood DM, São Paulo, Brussels, Paris, New York.
L’histoire débute par deux étudiants en philosophie de l’art qui se rencontrent à Paris en 2004. Matthew Wood et Pedro Mendes passent sept ans dans la capitale. Matthew Wood: “Nous aimions tous les deux l’idée de Schopenhauer selon laquelle la contemplation esthétique pouvait suspendre, l’espace d’un instant, l’angoisse existentielle. C’est un très bon socle théorique qui permet à deux amis de s’associer une vie entière. Beaucoup de nos proches à cette époque étaient déjà artistes. Je me souviens par exemple de Sonia Gomes. La première fois qu’elle est venue nous rendre visite à Paris, Pedro et moi portions une de ses sculptures dans nos bras pour la montrer à des galeries, et même à la Fondation Cartier, dans l’espoir de lui décrocher une exposition!”
Forts de cette expérience, Matthew Wood et Pedro Mendes rentrent au Brésil et décident d’ouvrir une galerie d’art contemporain. Ces très jeunes gens rencontrent rapidement un troisième homme partageant leurs convictions, Felipe Dmab, qui dirige un lieu d’exposition indépendant situé juste à côté du leur. En 2010, ils décident de s’associer pour monter un nouvel espace ensemble. Mendes Wood DM est né. La galerie devient vite un acteur incontournable au Brésil, en présentant très tôt le travail de futures stars du marché, comme Lucas Arruda, par exemple.
Courtesy of the artist and Mendes Wood DM, São Paulo, Brussels, Paris, New York.
Pedro Mendes: “Tous nos artistes ont en commun une approche pluridisciplinaire qui actualise les canons esthétiques de l’art brésilien. Nombre d’entre eux ont été des outsiders ou sont autodidactes. Ils sont passionnés, ils vivent pour l’art.” La galerie acquiert rapidement une stature internationale en inaugurant un nouvel espace somptueux à Bruxelles en 2017, puis un autre à New York en 2022. Il en sera de même cette année à Paris. Felipe Dmab explique que la ville a beaucoup gagné en attractivité, et qu’il n’est pas certain qu’ils se seraient installés ici il y a quelques années. Et Carolyn Drake, associée et fondatrice de la galerie en Europe, de renchérir: “À Paris, l’atmosphère générale semble beaucoup plus accueillante qu’autrefois, et cela a un impact sur l’image internationale grandissante de la capitale.”
Chacune des galeries a été choisie autant pour son lieu spécifique que pour la ville qui l’héberge, pour sa situation, sa singularité. En s’installant dans un immeuble d’époque de la place des Vosges, rénové par l’agence NeM, les architectes qui furent, entre autres, en charge de la transformation de la Bourse de commerce, cette nouvelle antenne parisienne n’échappe pas à la règle. Cet espace majestueux, décliné sur deux étages dans lesquels se tiendront principalement des expositions monographiques, promet de devenir un nouveau passage obligé à Paris, comme l’explique Felipe Dmab: “En 2010, notre première galerie à Sao Paulo comportait un jardin, et c’est très vite devenu un lieu de rencontre et d’échanges entre les artistes, les commissaires, les collectionneurs et nos amis. Nous espérons qu’il en sera de même avec ce nouvel espace parisien, que les gens souhaiteront prolonger leur visite et se rencontrer.”
Courtesy of the artist and Mendes Wood DM, São Paulo, Brussels, Paris, New York.
L’exposition inaugurale, curatée par Fernanda Brenner, commissaire du prix Fondation Pernod Ricard cette année, s’intitule “I See No Difference Between a Handshake and a Poem”, titre tiré d’une lettre écrite par le poète Paul Celan en 1960. Parmi les œuvres présentées, on trouve notamment Les Mains négatives, court-métrage de Marguerite Duras datant de 1979. Ce long plan-séquence, durant lequel la caméra sillonne Paris, est accompagné par la voix de l’écrivaine qui commente, en le poétisant, le mystère des traces de mains peintes dans les grottes préhistoriques du sud de l’Europe. Cette exposition met également à l’honneur des artistes phares de Mendes Wood DM, comme Lucas Arruda, Nina Canell, Sonia Gomes ou Giangiacomo Rossetti, mais également des artistes extérieurs à la galerie, qui, dans leur travail, privilégient une approche cinématographique, à l’instar de Philipp Fleischmann, Jeremy Shaw et Karim Aïnouz… C’est avec enthousiasme que Carolyn Drake formule ainsi ses vœux pour cette aventure qui commence: “Avec l’ouverture de ce nouvel espace à Paris, dans cette ville historique, je souhaite poursuivre la mission de Mendes Wood DM en exposant des artistes du monde entier, qui, à travers leurs dialogues, renforceront les liens entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest.”
“I See No Difference Between a Handshake and a Poem”, du 14 octobre au 25 novembre 2023 à la galerie Mendes Wood DM, Paris 3e.