De la Corée du Sud à la Bourgogne, l'itinéraire d'une étrange soucoupe volante
Dix ans plus tard, jour pour jour, une soucoupe volante, circulaire comme il se doit, et de couleur violette, précédemment repérée à Anyang en Corée du Sud, atterrissait dans le parc de la ville, en Bourgogne. Plus qu’un atterrissage, il s’agissait en vérité d’un crash, car la soucoupe se trouva plantée dans le sol quasi à la verticale, l’arête de sa circonférence s’enfonçant dans l’herbe.
Une œuvre étonnante commandée à l'artiste Sylvie Fleury
Les deux événements sont liés : la commande fut passée à Sylvie Fleury, une artiste suisse, et la soucoupe volante est l’une de ses œuvres qui fut d’abord exposée en 2007 à Pyeongchon, le quartier neuf de la ville d’Anyang, dans le cadre du Anyang Public Art Project (Apap), le festival coréen d’art contemporain et d’architecture. Enfin celle qui “atterrît” en Bourgogne est une “réplique” de celle de Corée, fabriquée à la demande de l’artiste par une société spécialisée dans les décors de cinéma. Les habitants de Vitteaux et des villages voisins, de même que les automobilistes circulant le long de la route qui borde le parc municipal, furent globalement stupéfaits – on les comprend ! Ils adoptèrent rapidement l’œuvre, qui servit tour à tour de support aux graffitis de noms d’amoureux livrant leur passion forcément éternelle aux extraterrestres ou à des fêtes durant lesquelles des adolescents habillés en martiens gesticulaient autour de la soucoupe.
L’atterrissage d’une soucoupe volante dans la campagne bourguignonne ne va pas de soi : celui-ci fut rendu possible grâce au programme des “Nouveaux commanditaires” que sollicita le maire de Vitteaux pour passer commande d’une œuvre à une artiste de son époque. Ce programme est né de la réflexion de François Hers, un photographe, qui en eut l’idée dès 1989, et qui sut convaincre la Fondation de France de la développer. Selon ses propres termes, ce programme “propose à toute personne de la société civile qui le souhaite, sans exclusive et en n’importe quel lieu, seule ou associée à d’autres, les moyens d’assumer la responsabilité d’une commande d’œuvre à un artiste. En tant que commanditaire, il lui appartient dès lors de comprendre et de dire une raison d’être de l’art et d’un investissement de la collectivité dans la création”. Une procédure qui rend un peu démodée celle de la commande publique de l’État, un peu hors sol et autoritaire, à une époque qui ne supporte plus l’autorité (des experts) et valorise la “température ressentie” (des lambda).