Rencontre avec Ser Serpas, artiste lauréate 2023 du prix Reiffers Art Initiatives
À observer de près ses torses peints sur de larges formats, ses membres enflés et ses nombrils à nu, on se sent à la fois irrésistiblement attiré et tendrement pris au ventre. Voilà l'effet de Ser Serpas. Son travail est à la fois une menace et une attraction, intense. “Je travaille à partir de rebuts, et beaucoup de mes œuvres ont quelque chose à voir avec des corps effrayants, loin des standards, un peu gore, des membres étirés... mais avec un certain niveau de raffinement et de goût” s'amuse-t-elle à nous expliquer. Dans ses peintures, de doux coups de pinceaux rose pâle sont interrompus par du bleu, du rouge énervé ou des nuances de violet.
Pour l'exposition de la fondation Reiffers Art Initiatives, “Infiltrées. 5 manières d'habiter le monde” à l'Acacias Art Center, Ser Serpas a créé des “peintures textuelles et murales”. Elle a généreusement envahi l'espace de ses textes peints. Certains mots trouvent leur origine dans sa pratique de la poésie, d'autres proviennent de son flux de conscience, de mots entendus à la télé, de publicités ou de ses films d'horreur préférés comme Redrum [Shining]. “J'aime l'idée que les mots commencent à suinter sur le mur.”
Heureusement pour Ser Serpas, elle n'est pas la seule à aimer cela. Elle vient d'ailleurs d'être récompensée du prix Reiffers Art Initiatives pour la jeune création et la diversité culturelle, à l'issue du vote d'un jury comprenant rien de moins qu'Emma Lavigne (directrice générale de la Pinault Collection), la célèbre commissaire d'exposition Caroline Bourgeois ou encore le chorégraphe Benjamin Millepied. Et ce n'est qu'un début. La Bourse de commerce lui offrira en septembre sa première exposition personnelle à Paris.
“Infiltrées – 5 manières d'habiter le monde”, jusqu'au 16 juin 2023 à l'Acacias Art Center, Paris 17e.