Pour la première fois en 50 ans d’existence, les Rencontres de la photographie d’Arles, prévues du 29 juin au 20 septembre, ont été annulées en raison de la pandémie de Covid-19. Pour continuer à faire vivre ce festival de renommée internationale, qui a très largement contribué à la reconnaissance artistique de la photographie, les organisateurs ont maintenu certains évènements et même organisé une immense exposition à ciel ouvert à travers la ville d’Arles. De son côté, la chaîne franco-allemande Arte propose une sélection de documentaires qui retracent la vie de grands photographes comme Robert Mapplethorpe, Robert Doisneau, F. C. Gundlach, Willy Ronis, Dorothea Lange, Duane Michals, Andreas Gursky ou encore Martin Parr. Au sein de cette programmation, elle met aussi un coup de projecteur sur les 22 photographes de l’agence Ostkreuz, très réputée outre-Rhin et sur le photographe Reza, qui exhume 40 photos réalisées lors de la révolution iranienne en 1979. Parmi cette riche sélection, coup d'œil sur cinq documentaires à voir afin d'aborder la photographie sous tous ses angles.
1. Robert Mapplethorpe : plongeon dans la vie du photographe sulfureux
Ses nus, portraits de célébrités et natures mortes en noir et blanc extrêmement stylisées ont fait de lui l'un des maîtres de la photographie d'art. Le documentaire Mapplethorpe: Looking for the Picture revient sur la carrière de Robert Mapplethorpe, parcourant sa propre vie aussi sulfureuse que ses photographies. Emporté par le sida en 1989 après une vie d’excès, le photographe a pourtant vécu une enfance protégée dans une banlieue cossue de l’État de New York et fréquenté une école d’art à Brooklyn. Dès les années 60, son chemin bascule : Robert Mapplethorpe forme un couple anticonformiste et sexy avec la chanteuse Patti Smith avant que cette histoire d’amour mythique ne vole en éclats avec la découverte de son homosexualité. Tout au long de sa carrière, Mapplethorpe n’aura de cesse de créer la controverse par des actes subversifs. Dès la fin de ses études, il immole son singe domestique et dans les années 70, il commence un travail autour de la pornographie qui abolit les frontières entre l’art et l’intime, faisant de ses amants et de ses pratiques SM le sujet principal de ses photographies.
2. Robert Doisneau en toute intimité, raconté par sa petite-fille
Robert Doisneau : Le révolté du merveilleux
Réalisé par la petite-fille de Robert Doisneau, ce documentaire apporte un regard tendre et humaniste sur l’un des plus grands photographes français du XXe siècle. Malgré sa notoriété, l'artiste s'est toujours démarqué par son incroyable modestie et son travail sur les petites gens ou les scènes du quotidien. À travers une série de photographies – dont le fameux Baiser de l’hôtel de ville – d’archives vidéos et d’entretiens avec sa famille ou ses amis comme la photographe Sabine Weiss, l’écrivain Daniel Pennac ou l’actrice Sabine Azéma, le film Le révolté du merveilleux dévoile certaines facettes méconnues du travail et de la personnalité de l'artiste français, comme ses longs reportages à l’étranger ou sa peur de la foule.
3. F. C. Gundlach : le photographe de Dior et Chanel à travers ses propres mots
Romy Schneider, Jean Cocteau, Jean-Luc Godard, Maria Schell, Nadja Tiller… tous sont passés sous l’objectif du pape du cliché de mode F. C. Gundlach. Lorsque le jeune photographe allemand pose ses valises à Paris en 1951, la Ville Lumière vit au rythme de la haute couture française, alors en plein renouveau. Prenant part à cette effervescence, Franz Christian Gundlach démarre sa longue carrière de photographe de mode en s’intéressant à les modèles imaginés par le couturier Christian Dior – une vision de la femme émancipée, symbolisée par la mythique robe New Look qu’il mettra en scène avec une grande liberté. Grâce à ses cadrages graphiques et son audace, le photographe s’impose comme l’un des artistes les plus inventifs de son époque, façonnant ensuite l'image des plus grandes maisons de mode telles que Chanel, Yves Saint Laurent, Pierre Cardin ou encore Courrèges. “Au début je n’avais le droit de photographier que dans les salons des maisons de couture. Plus tard, lorsque je demandais à faire des clichés en extérieur, les créations étaient enveloppées dans du tissu qui n’était retiré que le temps de la séance photo”, raconte l’artiste âgé de 91 ans, qui nous fait voyager à travers ses anecdotes et ses archives privées.
4. Lange, Capa, Cartier-Bresson... les plus grands moments de la photographie de presse
Chargée par le gouvernement américain de témoigner des conditions de vie des réfugiés climatiques du Middle West, chassés par la grande sécheresse des années 30, Dorothea Lange immortalise en 1936 une famille abritée sous une tente de fortune. Le regard de cette mère affamée et désespérée (Migrant Mother) deviendra l’un des clichés de presse les plus célèbres, exposé depuis dans les musées du monde entier. À travers une succession d’autres images emblématiques signées Henri Cartier-Bresson, Robert Capa, Brassaï ou Richard Avedon, le documentaire retrace les coulisses et les moments marquants de l'incroyable discipline du reportage photographique, qui forge notre histoire en saisissant notre réalité sur le vif.
5. Les clichés démesurés d’Andreas Gursky
En 2011, une impression de Rhein II (1999) d’Andreas Gursky est adjugée pour 4,3 millions d’euros lors d’une vente aux enchères chez Christie’s à New York – faisant de ce cliché du Rhin retouché à l’ordinateur la photographie contemporaine la plus chère de l’histoire. Une somme démesurée à l’image des œuvres monumentales de son auteur, habitué à reproduire ses clichés de banques mondiales, d’industries textiles ou de paysages urbains dans des dimensions gigantesque qui atteignent parfois 2 à 3 mètres de hauteur. Pour la série Contacts d’Arte, le photographe allemand de notre monde post-moderne se raconte et dévoile les techniques qui ont fait sa renommée internationale.
Les rencontres de la photographie, documentaires disponibles sur le site d’Arte.