Sur les œuvres de Mitchell Anderson (né en 1985 à Chicago), des captures d’écran du site zillow. com : des maisons, dont on découvre la valeur, estimée grâce à des informations publiques (nombre de salles de bains, etc.). Le site recense plus de 110 millions d’habitations américaines. Grâce à d’autres données libres d’accès sur le Net, Mitchell Anderson a ainsi réussi à déterminer l’adresse de certaines familles d’artistes américains, dont il montre les maisons, comme la famille Cheng ou la famille Auerbach. Ian Cheng et Tauba Auerbach sont de jeunes et très brillantes étoiles du milieu de l’art. La valeur moyenne d’une maison aux États-Unis est de 218 000 dollars. Les quelques foyers présentés dépassent parfois le million. Rien de nouveau sous le soleil : les artistes naissent souvent dans un milieu aisé et privilégié. Fascination pour l’argent (sacralisé ou décrié), voyeurisme généralisé sur le Web, effets troublants de ces bases de données et algorithmes capables de ficher les individus à travers leurs achats… Si son travail, récemment présenté à la galerie Sundogs (Paris Xe ), met en exergue certains traits de la nation américaine et du monde occidental, Mitchell Anderson ne s’en tient pas à ces nouveaux lieux communs, et ses œuvres interrogent le spectateur : peut-on vraiment réduire une famille à son foyer ? Et les artistes à leur origine sociale estimée par algorithme ?… Si nous acceptons si facilement ces informations prétendument neutres, n’est-ce pas parce qu’elles confirment surtout nos propres préjugés et perversités ?
www.sundogs.paris