Carnaval, hip hop et procession : le spectacle orchestré par Raphaël Barontini
De 21 heures à minuit, deux groupes de carnaval antillais se rencontreront samedi soir sur la tranquille allée des Cygnes, dans le 15e arrondissement de Paris. Imaginée par l'artiste Raphaël Barontini comme un battle de danse et de musique, la performance oppose une troupe de tambours Coukaj et une autre de caisses claires Bully Mass, accompagnés dans leur pas par une dizaine de danseurs hip hop. Telle une gigantesque procession, les quelques quatre-vingt personnes réunies par l'artiste “débouleront” sur l'île aux Cygnes, ravivant la flamme d'une tradition séculaire dont Raphaël Barontini fut le témoin lors de ses séjours dans sa famille en Guadeloupe. Chef d'orchestre de ce spectacle, le plasticien a imaginé avec l'aide des étudiants de l'école Duperré les costumes aux motifs cosmiques qu'arboreront les danseurs et musiciens. Une création inédite conçue spécialement pour cette 23e édition de la Nuit Blanche, à travers laquelle le jeune Français poursuit sa réflexion artistique sur la “créolisation”.
“Déboulé Céleste” par Raphaël Barontini, de 21 heures à minuit sur l'île aux Cygnes, allée des Cygnes, Paris 15e.
L'installation textile et vidéo de Tabita Rezaire
Nichée dans le jardin de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, une large structure triangulaire invitera demain les passants à pénétrer dans un tout autre univers : celui de la maternité. Puisant dans les traditions et dans les superstitions qui entourent la grossesse, plus particulièrement celles liées aux accouchements en Guyane, l'artiste originaire de Cayenne Tabita Rezaire nous emmène, au travers de vidéos, à la rencontre des doulas et de leurs pratiques ancestrales. À l'abri de la pluie et de l'agitation parisienne, les visiteurs se retrouveront alors protégés par cette grande installation textile, dont la forme reprend celle d'un calice d'hibiscus. Une expérience intimite et intimidante, où se dévoilent les mystères de la vie et de la maternité…
“L’art de naître” (2024), Tabita Rezaire, de 19 heures à 2 heures du matin au jardin de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris 13e.
Kenny Dunkan organise une déambulation de skateurs
Il s'agit sûrement de l'un des plus grand rassemblement de cette Nuit Blanche : à l'image de Raphaël Barontini, Kenny Dunkan imagine spécialement pour l'occasion une performance hybride et surprenante. Empruntant son titre à une locution créole qui traduit une liesse festive et collective, WÉLÉLÉ !!! (2024) réunit au sein d'une marche monumentale des dizaines de skateurs – dont la discipline rejoint cette année les compétitions olympiques –, qui traverseront les rues de la capitale du parvis de l'hôtel de Ville à la place de la République. Sur son passage, le groupe réuni par l'artiste produira une cacophonie de sons, chacun de ses membres imitant le cri d'une créature nocturne différente (oiseaux, grenouilles). Une immense performance, qui ne manquera pas d'attiser la curiosité des passants, transformant sur son passage l'activité habituelle de ces rues très fréquentées de Paris.
“WÉLÉLÉ !!!” par Kenny Dunkan, de 21 heures à 22 heures sur le parvis de l'hôtel de Ville (Paris 4e), en ititnérance de 22h15 et 22h45 (par la rue du Renard, rue Beaubourg, rue de Turbigo et rue du Temple) puis sur la place de la République (Paris 3e) à partir de 22h45.
Laura Henno projette son film Koropa sur les collines de Belleville
Dans les hauteurs du parc de Belleville, Laura Henno profite de la tombée de la nuit pour projeter, à partir de 22 heures et pour la première fois en plein air, son film Koropa (2016). Ce récit nocturne d'une traversée entre les archipels des Comorres et de Mayotte suivra un jeune garçon et apprenti passeur surnommé “Commandant”, plongeant les spectateurs dans le quotidien des peuples migratoires. Entre fiction et documentaire, cette œuvre poétique aussi prenante que poignante et ponctuée de suspense soulève les questions épineuses du droit de la mer.
“Koropa” (2016), par Laura Henno, Parc de Belleville, entrées rue Julien Lacroix et rue Piat, Paris 20e.
© Christophe Raynaud de Lage.
Abdelwaheb Sefsaf transforme le square Louise-Michel en scène de théâtre
Avec en toile de fond la basilique du Sacré-Cœur, le square Louis-Michel se transforme, ce samedi soir, en scène de théâtre géante pour accueillir la dernière création du directeur du théâtre de Sartrouville, Abdelwaheb Sefsaf. Intitulée Kaldûn Requiem ou le pays invisible (2024), la pièce alterne entre passages chantés et narrés, où se croisent des personnages historiques de la fin du 19e siècle qui ont œuvré pour la libération des peuples. Communards, kabyles, kanaks : l'artiste-auteur y met en scène des personnalités révoltées dans une œuvre de fiction qui prend pour fil rouge la repression coloniale, matérialisée également par le décor où les acteurs évoluent, de la cale d'un navire à une large sculpture du crâne du guerrier Ataï, figure de la résistance kanak.
“Kaldûn Requiem ou le pays invisible” (2024), par Abdelwaheb Sefsaf, performances de 40 minutes à 22 heures, 23h40, et 1h20. Istallation visible de 19 heures à 2 heures au square Louise Michel, Paris 18e.
23e édition de la Nuit Blanche, partout dans Paris et en Île-de-France. Évènements gratuits et sans réservation.