L’acheteur est inconnu, les responsables de Christie’s ont refusé de dévoiler son identité. Pourtant, ce dernier a explosé tous les records en se procurant l‘œuvre du génie Léonard de Vinci : Salvator Mundi, le sauveur du monde, un portrait de Jésus-Christ, premier tableau de Léonard de Vinci découvert depuis 1909. Exceptionnelle, la vente aux enchère new-yorkaise de Christie’s se démarquait tant par les lots qu’elle proposait que par les records qu’elle a surclassé. En 19 minutes, alors que les enchères démarraient à 70 millions de dollars, il n’a pas fallu moins de 53 échelons pour que le Salvador Mundi soit adjugé 450, 3 millions de dollars avec commissions, frais et taxes soit 381,8 millions d’euros. À 190 millions de dollars, cinq enchérisseurs (quatre au téléphone et un dans la salle) poursuivaient leur course. Le tableau recèle cependant quelques surprises.
“Je ne reconnais pas, dans l’intégralité de cette œuvre, la présence de la main de Léonard de Vinci”
Rare, car elle a été peinte entre 1506 et 1513, cette peinture à l’huile sur un panneau en noyer mesure 65 cm sur 45 cm. Propriété du roi d’Angleterre Charles Ier, l’œuvre est ensuite vendue et passe de main en main. En 1958, un Américain s’en fait propriétaire auprès de Sotheby’s, principal concurrent de Christie’s, pour l’équivalent de 107 euros (l’œuvre est considérée alors comme une copie). Restauré puis authentifié, le tableau intègre une exposition à la National Gallery de Londres (2011) avant d’atterrir entre les mains du marchand d’art suisse Yves Bouvier lors d’une nouvelle vente de Sotheby’s puis de de Dmitri Rybolovlev, milliardaire russe président du club de football de l’AS Monaco, qui débourse 127,5 millions de dollars. Attribuée à Léonard de Vinci, l’œuvre Salvator Mundi représente le Christ portant un orbe dans sa main gauche, globe utilisé comme insigne royal pour le sacre des monarques d’Europe. De sa main droite, levée, il donne sa bénédiction. Malgré l’authentification du tableau, plusieurs spécialistes émettent des réserves quant à la part du peintre italien dans la conception de l’œuvre, qui pourrait provenir d’un des ateliers du maestro de la Renaissance. Ainsi, l’historien de l’art Jacques Franck confiait à nos confrères de France Info : “Je ne reconnais pas, dans l’intégralité de cette œuvre, la présence de la main de Léonard de Vinci […] Ce qui cloche, c’est le majeur dans la main droite du Christ. Sa représentation est fausse dans l’anatomie et dans la perspective. Ça, c’est rédhibitoire pour Léonard, qui est un fin perspecteur et un grand anatomiste.”
Vendue 152 millions d’euros en 2015, l’huile sur toile de Pablo Picasso Les Femmes d’Alger (1955) atteignait le record mondial de prix versé pour un tableau dans une vente aux enchères. Il était donc évident que Christie’s s’affolerait face à l’engouement qu’a suscité l’œuvre de De Vinci, qui surpasse largement le Massacre des Innocents de Rubens qui – de son côté – avait atteint près de 85 millions d'euros (100 millions de dollars) en 2002.