Matisse, Rodin, Jean-Paul Goude, Xavier Veilhan, Camille Henrot… De la scénographie au design, de nombreux artistes ont fait leurs classes à l’École nationale des Arts Décoratifs. Chaque année, ils sont 75 nouveaux élèves à intégrer la bâtiment de la rue d’Ulm, dans le 5e arrondissement parisien. Pour entrer aux Arts-déco, la sélection est drastique : seuls 5% des candidats sont retenus au concours d’accès. Les lauréats s’orientent alors vers l’une des dix spécialités proposées parmi lesquelles l’architecture d’intérieur, la mode, le cinéma d’animation, la vidéo ou encore la photographie.
Après un an passé à l’université (histoire et sciences politiques), Milena Gateau occupe un poste de gérante dans un magasin de décoration, en Normandie : “J’ai pu mettre de côté suffisamment d’argent pour me payer une classe préparatoire en art. J’ai enfin pu intégrer l’EnsAD dans la section design textile, couleur et matière”, explique la jeune artiste de 26 ans, fière d’intégrer l’établissement de renommée internationale. Issue d’une famille peu concernée par l’art et le design, la jeune femme n’apprend l’existence de ce milieu que très tardivement. À mi-chemin entre l’artisanat, le design textile et l’art, le travail de Milena Gateau redonne à la matière ses lettres de noblesse : “J’ai toujours été fascinée par l’importance qu’on accorde à la matière. J’incorpore à mon processus créatif la notion de développement, un élément essentiel pour une société plus responsable. D’autant que je mêle savoir-faire artisanal et savoir-faire industriel grâce aux nouvelles technologies.”
Les sources d’inspirations de Milena son nombreuses : la créatrice française Anne Gelbard, l’illustratrice anglaise Alex Merry, collaboratrice de Gucci, et l’équipe de designers hollandais Precious Plastic qui recyclent les déchets de façon ingénieuse. C’est avec toutes ces références que Milena Gateau construit ses projets artistiques tels que Nuit d’hiver ou encore Couleur de ville. Il s’agit d’un subtil mélange entre le dessin d’imagination et le dessin réaliste : “Mon travail porte sur l’intention et mon ressenti immédiat face à un environnement. Mais c’est la matière qui guide mon geste selon le lieu dans lequel j’interviens”, explique-t-elle. Dans le projet Couleur de ville, la jeune femme s'attache à combler les zones estropiées de Paris avec son médium : le fil. Milena incite les passants à changer leur perception de la ville avec ces touches colorées issues de déchets et de restes textiles qu'elle intègre dans son processus créatif.
Si elle obtient son diplôme de fin d’études en juin, Milena souhaite “intégrer un grand groupe pour connaître cette frénésie du travail, en bureau de style ou en maison de couture, en France ou à l’étranger.”