Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Hicham Berrada, quatrième artiste accueilli par la collection Pinault, dans sa résidence à Lens (Nord-pas-de-Calais), fait de la phrase d’Antoine Lavoisier son credo. Né à Casablanca, ce trentenaire parisien issu des Beaux-Arts conçoit ses sculptures et ses installations à la manière d’un savant fou : dans sa Matrice Minerale, le bronze qu’il plonge dans l’eau laisse échapper un courant électrique, qu’il filme ou photographie aussitôt. Aux pigments et aux pinceaux, il préfère rendre visible les énergies qui s’échappent des minéraux. Hicham Berrada aspire en fait à “ré-agencer ce qui existe” afin de donner à de simples éléments naturels une allure poétique. Ce “régisseur d’énergie” cherche la confrontation des forces, le mélange des matières, pour en extraire les fascinantes réactions chimiques qui composent ses tableaux vivants.
S’il n’a pas reçu le prix Nobel de chimie, ce fanatique de la biologie s’est pourtant vu décerner le prix de la Fondation Bernard Vernet en 2009 et celui des amis de l’école nationale des Beaux-Arts de Paris l’année suivante. Trois ans plus tard il est élu résident à l’Académie de France à Rome et à la Cité Internationale des Arts de Paris et celle de Bombay, en 2015. Il est représenté par la galerie Kamel Mennour. Inaugurée en 2016 par les new-yorkais Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson, la résidence Pinault Collection de Lens accueille chaque année de nouveaux artistes contemporains. L’artiste plasticienne belge Edith Dekyndt y a exposé ses objets bruts et Lucas Arruda, ses forêts tropicales peintes de manière abstraite. Par ailleurs, François Pinault, ouvrira un nouveau site à Paris : la Bourse de Commerce sera inauguré en 2019.