Amanda Gorman, de son enfance à Los Angeles à ses études à Harvard
Amanda Gorman grandit à Los Angeles en Californie. Fille de Joan Wicks, mère célibataire enseignante, elle est entourée d'un frère ainsi que d'une sœur jumelle prénommée Gabrielle. Petite, elle doit faire face à des problèmes auditifs et un trouble de la parole qui l’empêchent de prononcer correctement les “r”. Pour pallier son bégaiement, elle se plonge à cœur perdu dans la lecture, et dira plus tard que la poésie lui a permis de prendre confiance en elle en s’appropriant la complexité des sons. Elle étudie à Santa Monica à l’école privée New Roads jusqu’à l’obtention de son diplôme, et intègre par la suite la prestigieuse université Harvard, dont elle sort diplômée de sociologie en 2020.
La poésie militante d'Amanda Gorman, inspirée par Maya Angelou et Toni Morrison
Dans ses écrits, elle aborde majoritairement des thématiques féministes et post-coloniales. Influencée par ses études de sociologie, elle dépeint les oppressions de classe, le racisme systémique ou encore le poids de la société patriarcale aux États-Unis. Par l’écriture, elle s’attèle à dévoiler les logiques de pouvoir qui sous-tendent la société américaine opprimant les minorités de genre, de classe et de race. De ce fait, elle s’inscrit dans la continuité d’une tradition poétique afro-américaine, succédant aux grandes figures que sont Maya Angelou – auteure, documentariste, actrice, scénariste, professeure à l’université de Wake Forest et figure iconique de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis –, Elizabeth Alexander – auteure , professeure à Columbia et ancienne directrice des études afro-américaines à Yale – ou encore l’auteure Toni Morrison – Prix Nobel de littérature en 1993.
En 2015, à 17 ans, elle publie son premier recueil de poèmes aux éditions Urban Word LA, The One for Whom Food is Not Enough. En 2016, elle crée l’association One Pen One Page, programme promouvant le leadership et la création littéraire pour la jeunesse défavorisée. En 2017, elle est la plus jeune poétesse à ouvrir la saison littéraire de la Bibliothèque du Congrès. Elle est par la suite invitée pour une lecture de poèmes sur la chaîne de télévision MTV. En octobre 2020, le label de sport Nike lui commande une ode aux athlètes noirs dans le cadre du Black History Month. En 2021, elle publie deux recueils, Change Sings: A Children’s Anthem et The Hill We Climb.
Amanda Gorman, de l'investiture de Joe Biden à la reconnaissance internationale
En décembre 2020, sur les conseils de sa femme Jill Biden, le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, commande à la poétesse un poème pour son investiture en janvier. La jeune Amanda Gorman a eu un mois pour composer le poème The Hill We Climb. Mais deux semaines avant la cérémonie d'investiture où elle doit le lire solennellement, le Capitole – siège du Parlement américain – subit une invasion brutale des partisans du président sortant Donald Trump. Ces troubles vont ainsi conduire la poétesse à insérer dans son texte des fragments de tweets et d’informations publiés sur le moment. Le 20 janvier 2021, habillée d’un manteau Prada jaune vif et d’un headband structuré rouge, elle fait sensation en déclamant ses vers sur les marches du Capitole, accompagnant son phrasé musical d’une gestuelle gracieuse et théâtrale. Elle est ensuite invitée par la National Football League américaine pour le 55e Super Bowl afin de glorifier, avec son poème Chorus of the Captains, trois héros du quotidien ayant œuvré pendant la crise du COVID 19 – une infirmière, un Marine à la retraite et une enseignante –. Suite à ces performances remarquées, des maisons d’édition en France, en Espagne ou encore en Allemagne décident de traduire ses œuvres. Ainsi, en mai 2021, les éditions Fayard publient une traduction française de The Hill We Climb réalisée par la rappeuse et mannequin belge, d'origine congolaise et rwandaise Lous and the Yakuza.