“m.a.a.d” de Kahlil Joseph
Découvert par Kendrick Lamar
C’est en réalisant le court-métrage “Until the Quiet Comes” pour le groupe Flying Lotus, que Khalil Joseph a attiré l’attention du célèbre rappeur de Compton Kendrick Lamar. Dans ce premier court-métrage, le réalisateur s’intéresse à un haut lieu de gang et de traffics en tout genre, le ghetto “Nickerson Gardens”. Il y dépeint sans filtre les différentes communautés vivant dans ses quartiers, dans une succession de plans, de points de vue et de personnages à mi-chemin entre vidéo amateur et documentaire. Un melting pot visuel et urbain qui séduit immédiatement Kendrick Lamar, qui lui demande de réaliser une vidéo pour son album “Good kid, m.A.A.d city” sorti en 2012. À travers cette vidéo diffusée tout au long de la tournée “Yeezus”, Kahlil Joseph poursuit cette volonté de dépeindre la communauté afro-américaine de manière juste et réaliste, libérée des clichés qui lui collent à la peau.
“Video Girl” FKA Twigs
De FKA Twigs à Terrence Malik
Kahlil Joseph poursuit sa carrière dans la musique, mais ne veut pas qu’on le cantonne au statut de réalisateur de clips. Prise de position et discours politiques imprègnent systématiquement ses créations cinématographiques. À l’image du clip “Video Girl” de FKA Twigs, aussi impactant que déroutant, qui prend place dans une prison américaine où un condamné à mort reçoit une dose d’injection létale. Ses projets l’amènent à collaborer avec d’autres grands noms du milieu artistique comme Terrence Malik pour qui il réalise le making off de “To My Wonder”. Le célèbre réalisateur aura une grande influence sur le travail de Kahlil, comme on pourra le voir dans l’épopée visuelle “Lemonade” de Beyoncé, qui rendait également un vibrant hommage à l’esthétique de David Lynch.
"Music is my mistress” Kenzo campagne printemps-été 2017
Un pied dans la mode avec Kenzo
Le réalisateur enchaîne les projets et tourne en ce début d'année un court-métrage d’une douzaine de minutes autour de la collection printemps-été 2017 de la maison Kenzo. Une fable poétique qui met en scène l’activiste et acteur Jesse Williams, l’actrice Tracee Ellis Ross et la chanteuse Kelsey Lu. Ce court-métrage reprend tout ce qui fait la signature de Khalil Joseph : succession rapide de plans, alternance de rythmes et B.O puissante signée Shabazz Palace, groupe de hip hop au flow redoutable. Un “film à géométrie variable” comme le décrit Kenzo, qui fusionne les genres et dévoile toute la palette artistique du réalisateur. Ce dernier précisait d'ailleurs dans une interview donnée au média américain The Fader qu'il aimerait travailler pour d'autres créateurs comme Martin Margiela et Dries Van Noten.
“Hold Up” Beyoncé
Du clip à l'art contemporain
Les clips et court-métrages de Kahlil Joseph ne sont pas destinés à tourner en boucle sur MTV et ont plutôt souvent attiré l'attention des musées et galeries comme le MoCA à Los Angeles. En 2015, le célèbre musée d'art contemporain a proposé au réalisateur de diffuser son premier court-métrage “m.a.a.d” à travers différentes installations vidéos afin de questionner les liens entre clips musicaux, vidéos amateurs et cinéma réaliste. La scénographie dévoilait deux grands écrans sur lesquels était projeté le film, rappelant ainsi le concept de "Double Consciousness” ou “Double-conscience” du sociologue et historien W.E.B Du Bois qui met en lumière les deux identités de la population noire américaine, tentant de s'accepter à la fois comme africaine et américaine. Une crise identitaire difficile à mettre en lumière, mais qui associée à une scène hip hop puissante et à une réalisation incissive, peut toucher le grand public. Et c'est en cela que réside tout le talent de Kahlil Joseph.
À LIRE AUSSI : Qui est Frank Ocean, le plus adulé des rappeurs ?
SÉLECTION DE LA RÉDACTION : Beyoncé dévoile deux nouveaux clips tirés de son épopée musicale “Lemonade”