Placée sous le signe du labyrinthe, dans une atmosphère obscure, l’exposition Il était une fois… Sergio Leone présente des scènes cultes mais réserve une belle part à l’inatendu. Dès l’entrée : des images fortes, des bandes originales de films cultes, des mélodies à l’harmonica, des sifflements et des chaises qui grincent ravivent l’esprit western et l’insécurité propre aux saloons. Derrière des doubles murs, des extraits de films qui, tels des trompe-l’œil, favorisent l’interactivité de l’exposition. La Cinémathèque française célèbre le parcours du cinéaste Sergio Leone avec des documents et des objets inédits : une partie de la bibliothèque privée de la famille Leone, son fauteuil de bureau, son horloge de table Tiffany gravée par Robert De Niro, des costumes, la robe de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l’Ouest ou encore le matériel qui l’accompagnait sur ses lieux de tournage. Sous le feu des projecteurs : sa famille, sa jeunesse et tous les secrets de fabrication de ses œuvres cinématographiques.
Entre les années 1947 et 1961, le réalisateur prometteur participe à pas moins de 58 films.
Il était une fois… Sergio Leone s’attache d’abord au petit garçon qu’était le réalisateur. Bercé par le métier d’actrice de sa mère, Bice Waleran, et le cinéma de son père Vincenzo Leone, acteur et réalisateur connu sous le nom de Roberto Roberti (1879-1959), Sergio Leone assiste à sa première projection à l’âge de 10 ans. Il y découvre Les Temps modernes de Charlie Chaplin et Les Anges aux figures sales de Michael Curtis. Entre les années 1947 et 1961, Sergio Leone devient assistant réalisateur pour les italiens Fabrizi, Soldati ou Steno mais aussi pour de grands metteurs en scène américains invités à tourner à Rome : Wise, Zinnemann ou encore Wyler. Le réalisateur prometteur participe à plus de 58 films en 14 ans.
Extrait : "Pour une poignée de dollars"
Mais le début du mythe populaire naît en 1964 avec son premier western à succès : Pour une poignée de dollars qu’il signe sous le nom de Bob Robertson. Ce pseudonyme signifie "fils de Roberto Roberti" et résonne comme une déclaration d’amour à son père. Le réalisateur italien parfait son style et bouleverse les codes narratifs, visuels et sonores du western américain traditionnel. Il renouvelle le mythe de l’Ouest avec des personnages réalistes, sales, pauvres et aux ethnies multiples. Sergio Leone explore les limites du montage et du cadrage avec des plans axés sur une valeur émotionnelle et des textes réduits à l’essentiel. Il réalise entre autres les succès : Et pour quelques dollars de plus (1965), Le Bon, la Brute et le Truand (1966) et la trilogie Il était une fois dans l’Ouest (1968), Il était une fois la révolution (1971) et Il était une fois l’Amérique (1984). Un film encensé par la critique qui sort du registre western et bouleverse Cannes en 1984.
"S’il est vrai que j’ai créé un nouveau type de western, en inventant des personnages picaresques dans des situations épiques, c’est la musique d’Ennio Morricone qui les a fait parler", explique Leone.
Extrait : "Il était une fois dans l'Ouest"
Mais Leone serait-il Leone sans la musique du compositeur et chef d’orchestre Ennio Morricone ? “S’il est vrai que j’ai créé un nouveau type de western, en inventant des personnages picaresques dans des situations épiques, c’est la musique d’Ennio Morricone qui les a fait parler”, explique le réalisateur. Chaque musique complète et souligne les caractéristiques des personnages. Des claquements de fouet, des coups de pistolet et des chœurs renforcent bon nombre de séquences du cinéaste. Ce tandem artistique se fréquentait déjà sur les bancs de l’école à Rome. En 1964, Leone demande à Morricone de lui composer une musique de western. C’est le début d’un duo révolutionnaire. Conscient de cette valeur ajoutée, Leone demande même à Morricone d’écrire la musique avant le tournage. Elle est alors diffusée sur le plateau, inspire les acteurs et se fait métronome de la caméra. En 2016, le compositeur reçoit d’ailleurs l’Oscar de la meilleure musique de film pour la bande originale des Huit Salopards de Quentin Tarantino.
Disparu en 1989, Sergio Leone a toujours été enfermé dans une image de cinéaste à succès sans profondeur. Le metteur en scène est pourtant très apprécié du public pour son cinéma populaire. Il est aussi vénéré par de grands réalisateurs contemporains comme Quentin Tarantino, Steven Spielberg, Martin Scorsese ou encore Clint Eastwood qu’il a fait tourner. Toujours à la recherche d’espaces à explorer, Sergio Leone demeure “un cinéaste d’avant-garde populaire, commercial et expérimental, rare exemple filmique d’une avant-garde comprise et adorée par le plus large public”, estime Frédéric Bonnaud, Directeur général de La Cinémathèque française.
Il était une fois... Sergio Leone, exposition à la Cinémathèque française, jusqu’au 27 janvier.