La caméo de Donald Trump dans “Sex and the City” saison 2, épisode 8.
Avant d’envahir les petits écrans comme les feeds Twitter du monde entier en tant que président des États-Unis, Donald Trump avait déjà prouvé son amour farouche pour les médias – ou plutôt, la médiatisation. C’est en 2004 que le promoteur immobilier entame sa plus longue relation avec la télévision en devenant, et ce pendant 11 ans, le présentateur vedette de The Apprentice, l’émission de télé-réalité qu’il co-produit consacrée au monde des affaires, dans laquelle les candidats s’affrontent pour obtenir un poste de cadre supérieur dans l’une des sociétés du groupe Trump. La popularité du show, et de sa phrase fétiche “You’re fired!”, élèvera le salaire de Donald Trump à 1 million de dollars par épisode, lui vaudra de recevoir son étoile (vandalisée en 2016) sur le Hollywood Walk of Fame, et, pour beaucoup, sa victoire à l’élection présidentielle contre Hillary Clinton – un an après l’arrêt de l’émission.
Mais l’obsession de Donald Trump pour l’attention des médias remonte en fait au dernier millénaire, avec une première apparition sur petit écran en 1981, dans la série The Jeffersons. Par la suite, le futur-ex-président des États-Unis apparaîtra non moins de 19 fois dans divers téléfilms et séries (Le Prince de Bel-Air, Une nounou d’enfer, Saturday Night Live…), et à 13 occurrences dans des long-métrages, de Maman j’ai encore raté l’avion ! (1992) à Wall Street : L’argent ne dort jamais (2010). À chaque fois, dans son propre rôle ou sous les traits d’un homme d’affaires quelconque. Un palmarès de caméos certes loin de prétendre à un Emmy Award, mais qui forme aujourd’hui un stupéfiant univers parallèle dans lequel on tombe parfois par erreur, où Donald Trump n’est ni plus ni moins qu’un milliardaire chantre de la pop culture américaine… plus ou moins inoffensif. À tel point que, bien avant les polémiques autour de ses multiples déclarations misogynes, Donald Trump s’offrait une courte apparition dans une certaine sitcom HBO à quadruple-lead féminin : Sex and the City.
“Samantha, un Cosmopolitan et Donald Trump… On ne peut pas faire plus New York que ça.” Nous sommes en juillet 1999 quand la voix de Carrie Bradshaw entonne cette phrase. Et c’est ce commentaire équivoque qui introduit Donald Trump, et son apparition de 20 secondes dans l’épisode 8 de la saison 2 de Sex and the City. Dans cette scène, Samantha (Kim Cattrall), boit un verre dans un bar lounge après le travail, quand elle remarque les coups d’œil furtifs d’un septuagénaire, niché au fond de la salle et accompagné du fameux Donald Trump. Après que Samantha se soit retournée, Trump se tourne vers son partenaire et lui fait un signe de tête approbateur – y associant probablement une observation graveleuse, inaudible pour le spectateur. Puis Donald Trump de se lever, serrer la main de son compagnon, et réciter un presque humble “Écoutez, je dois y aller. Mais pensez-y” (sans doute en référence à une proposition d’affaires) avant d’enchaîner moins modestement sur “Je serai à mon bureau dans la Trump Tower.”
Si cette scène semble complètement anecdotique et d’une insignifiance effarante, il est pourtant difficile de ne pas la repasser en boucle pour se faire à l’idée que l’on vient d’apercevoir 20 secondes d’un Donald Trump sans gardes du corps, sans chercher le slogan “Make America Great Again”, ou tout simplement pour constater l’ineffable style capillaire du futur président des États-Unis. Mais plus sérieusement, parce que nous sommes tout simplement entrés, en l’espace de quelques secondes, dans une faille temporelle où la présence de Donald Trump dans un show télévisé considéré comme radicalement féministe – pour son époque – ne fait même pas sourciller ses protagonistes. Pire que cela, c’est la présence de Donald Trump – et donc, le signe du pouvoir et de la richesse – qui convainc rapidement Samantha de répondre aux avances du vieillard… La même Samantha qui, dans l’épisode pilote, compare Mr Big – futur grand amour de Carrie Bradshaw – à un “prochain Donald Trump, mais en plus jeune et plus beau”. En clair, nous sommes dans une époque où Donald Trump est un potentiel modèle de séduction… On trouvera malgré tout une consolation dans le titre de l’épisode, “The Man, The Myth, The Viagra”, qui bien qu’honteusement traduit “Légendes Urbaines” dans sa version française, ouvre le champ des interprétations créatives.