Le retour de Benedict Cumberbatch avec la série “Eric”
La dernière fois qu’Edgar a été vu, il se rendait à l’école… Mais l’enfant de neuf ans n’arrivera jamais à bon port. Vincent Anderson (Benedict Cumberbatch), marionnettiste alcoolique et solitaire, reste désemparé par la disparition de son fils qui s’est volatilisé dans le New York des années 80. Et c’est l’inspecteur Michael Ledroit (McKinley Belcher III) qui se charge de l’enquête alors que le père de famille, désespéré et rongé par le chagrin, commence à s’autodétruire… Pour maintenir la tête hors de l’eau, il se confie à Éric, un monstre imaginaire démesuré – semblable à une grosse peluche de Yéti – dessiné par son propre fils peu de temps auparavant.
Véritable “pépite télévisuelle” pour les uns, “drame convenu et caricatural” pour les autres, la série Éric, en six épisodes, n’aura pas laissé les spectateurs de la plateforme américaine indifférents. Le scénario a été laissé à la dramaturge Abi Morgan, récompensée à plusieurs reprises, notamment pour son travail sur Sex Traffic (BATA 2005), un thriller autour de l’esclavage sexuel aux portes de l’Europe, White Girl (BATA 2009) pour la BBC, ou encore le long-métrage La Dame de fer dans lequel Meryl Streep incarnait Margaret Thatcher, première et unique femme Premier ministre du Royaume-Uni (de 1979 à 1990).
Un bon thriller Netflix qui manque d'irrévérence
Avec Eric, Netflix nous propulse dans un New York gluant qui condense toutes les désillusions politiques de l’époque… et d’aujourd’hui. Homophobie, racisme et inégalité sociales liées à l'hégémonie du système capitaliste. Quant aux références, on pense à différents thrillers – en moins glauque – du Zodiac de David Fincher au Mystic River de Clint Eastwood en passant par le Prisoners de Denis Villeneuve mais aussi à l’improbable série Happy ! menée en 2007 par l’acteur Christopher Meloni et dans laquelle un ex-flic corrompu devenu tueur à gages, s’imaginait qu’un petit cheval ailé cartoonesque l’accompagnait dans ses pérégrinations ultra violentes.
Si Eric tient la route grâce à sa dimension anxiogène et ses acteurs principaux impeccables – Benedict Cumberbatch encore, et McKinley Belcher III très bon en flic afro-américain homosexuel –, peut-être qu’elle aurait dû s’autoriser davantage d’irrévérence d’autant qu’elle s’intéresse au proxénétisme et à la corruption des institutions. Par ailleurs, le monstre imaginaire n’apporte pas grand chose au scénario et demeure un artifice dispensable.
Eric (2024), avec Benedict Cumberbatch, disponible sur Netflix.