1. Le triangle rose des Nazis
On l’appelle le “Rosa Winkel”, le triangle rose, l’équivalent de l’étoile jaune imposée aux Juifs. Dans l’Allemagne nazie et dès 1937 dans le camp de concentration de Dachau, il fut le signe infamant dont les homosexuels furent affublés (la lettre indiquant leur pays d’origine, ici la Tchécoslovaquie). Plus de 50 000 auraient été condamnés par la justice, parmi lesquels 5 000 à 15 000 furent déportés. Et nombre d’entre eux n’en sortirent jamais, victimes de tortures, de maladies ou de la faim. Preuve en est que la persécution des homosexuels ne date pas d’hier.
2. La lettre d'un jeune gay exilé de Russie
En 2013, Vladimir Poutine a ratifié une loi interdisant la “propagande gay auprès des mineurs”. Comment grandir sous un tel régime ? À 20 ans, Andreï, ne pouvant assumer son orientation sexuelle à Moscou – où les militants LGBTQI sont régulièrement arrêtés lors de manifestations et où le passage à tabac des homosexuels est un sport national – a fui la Russie pour venir vivre en France. Avant de s’exiler, tel un acte de foi, il s’est envoyé à lui-même cette lettre, en alphabet cyrillique, dans laquelle il s’est fait la promesse d’être enfin lui-même.
3. Le téléphone brisé d'un homosexuel passé à tabac
Des études récentes établissent que les jeunes sont plus ouverts que leurs aînés aux droits des homosexuels. Pourtant, partout en France, d’ignobles crimes se multiplient. Les malfaiteurs, des bandes de garçons souvent mineurs, tendent parfois des guet-apens à leurs proies via des applications de rencontre comme Grindr. En 2019, Kevin (32 ans à l’époque) a ainsi été tabassé, poignardé et abandonné sur un trottoir à Drancy. Avec un poumon perforé, il a frôlé la mort. Parmi ses trois agresseurs, un seul était majeur.
4. Le bracelet familial d'un jeune Tchétchène exilé
Parce qu’ils “entachent” l’honneur de leur famille, des homosexuels sont régulièrement assassinés en Tchétchénie par leurs proches – avec la bénédiction du Premier ministre, Ramzan Kadyrov, enfant chéri du Kremlin. C’est pourquoi Makkal, menacé de meurtre par son propre père, a quitté sa terre natale pour gagner les Pays-Bas, grâce à une association basée à Saint-Pétersbourg. Forcé à l’exil, le jeune homme possède pour seul souvenir familial ce bracelet que portait sa mère. Loin de son pays, il survit en changeant fréquemment d’adresse, de peur qu’un oncle ou un cousin ne vienne mettre en pratique la condamnation énoncée par son géniteur.
5. Une œuvre d'art aux airs de pancarte polonaise
Au cœur de l’Europe, l’homophobie continue sa progression. Tel est le cas notamment dans la Hongrie de Viktor Orbán, ainsi que dans la Pologne d’Andrzej Duda, où, depuis 2019, plusieurs dizaines de comtés et de municipalités se sont déclarés “libres de l’idéologie LGBT”. Pas de ça chez eux. Pour donner une visibilité criante à cette véritable discrimination fermement condamnée par Bruxelles, l’artiste et activiste Bart Staszewski plante à l’entrée de ces villages des pancartes “Zone sans LGBT”.
6. La perruque arc-en-ciel d'une militante queer tunisienne
En Tunisie, la militante queer et féministe Rania Amdouni fait valoir ses droits en aborant un nez de clown et une perruque arc-en-ciel. Dans son pays, où les relations homosexuelles sont toujours illégales et où les personnes présumées gay se voient imposer d’ignobles “tests anaux”, la jeune comédienne a été arrêtée le 27 février dernier et condamnée à six mois de prison ferme. Sous la pression populaire, sa peine a été réduite à une simple amende, mais l’activiste, constamment harcelée et menacée, a déposé une demande d’asile politique en France.
7. Un guide pour les thérapies de conversion
Bourrage de crâne, humiliations... et parfois même des électrochocs, des séances d’exorcisme, des injections d’hormones ou des viols. Chez les victimes des “thérapies de conversion” visant à transformer des homosexuel(le)s en hétérosexuel(le)s, ces pratiques barbares provoquent anxiété, dépressions et suicides. L’ouvrage ci-dessus a d’ailleurs été retiré de la vente sur Amazon. Fréquentes aux États-Unis dans les milieux ultra-religieux, ces tortures existent aussi en Europe. En France, une loi proposant leur interdiction sera présentée à l’Assemblée nationale en octobre.
8. La première robe d'une jeune femme transgenre
Assignée garçon à la naissance, Yasmine a entamé sa transition il y a trois ans. Cette jeune femme trans de 27 ans se souvient de son cœur battant et de ses mains moites quand elle a tendu cette petite robe noire à la vendeuse. Après l’avoir portée uniquement seule chez elle, elle ose un jour l’arborer dans la rue et au travail. Elle parvient ensuite sans trop de difficulté à changer son prénom, mais la reconnaissance de son genre féminin par l’état civil est une autre histoire... Bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait retiré en 2019 la transidentité de la liste des maladies mentales, de nombreux problèmes demeurent.
9. Une pancarte issue des manifestations pour la PMA
Il aura fallu plus de quatre ans au gouvernement d’Emmanuel Macron pour voter, en août dernier, la loi ouvrant la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Pour protester contre cette lenteur, le 25 avril dernier, était organisée la première marche lesbienne depuis 1980. Des milliers de manifestantes ont ainsi battu le pavé au son de slogans, parfois drôles mais toujours politiques, demandant la promulgation de ce texte de loi. Elles notaient, au passage, que cette “loi au rabais” excluait la transparentalité. Et pointaient une “parole lesbienne totalement absente” des débats. Pourtant, le futur sera lesbien ou ne sera pas.