Lors de sa première au Golden Theater de Broadway, la pièce Slave Play (“jeux d’esclaves” en français) avait été le théâtre d’un premier scandale qualifié par les médias américains de “Rihanna Gate”. Les spectateurs avaient en effet dû attendre l’arrivée de la pop star, en retard de quinze longues minutes, pour voir le rideau se lever. L’invitée prestigieuse s’était également fait remarquer pour avoir envoyé des textos pendant la pièce. Des textos destinés à nul autre que l’auteur de la pièce, le dramaturge afro-américain Jeremy O. Harris qui avait par la suite défendu son idole sur les réseaux sociaux : “Quand une demi-déesse arrive, tu l’attends”.
Un scandale minime comparé à la myriade de thèmes sulfureux abordés par “Slave Play”. Celle-ci démarre sur une retraite imaginaire entamée par trois couples interraciaux des temps modernes dans une ancienne plantation de Virginie, du temps de l’esclavage. Le ton est donné. Dans une mise en scène à l’esthétique queer, traversée par des coups de fouet, des vibromasseurs, de la nudité, des bottes en cuir, du bondage et des orgasmes atteints ou avortés, la provocation atteint son paroxysme lorsqu’une comédienne se masturbe en suppliant son conjoint de la traiter de “négresse”, sur fond musical de… Rihanna.
Une pièce dévastatrice qui questionne la sexualité, la race, le genre et la mémoire de l’esclavage dans la société américaine – aujourd’hui nommée dans 12 catégories différentes lors de la 74e édition des Tony Awards, dont la date de la remise des prix, virtuelle, n’a pas encore été communiquée.
“Slave Play” de Jeremy O. Harris, Golden Theater, New York.