Ils ont tous les deux moins de 30 ans, et déjà une volonté de fer, doublée d’un imaginaire singulier. Ils se sont rencontrés dans les couloirs d’une agence de mannequins, où l’un était agent et l’autre modèle. Leur envie commune de bousculer les conventions de la mode masculine prend vie en 2019 sous le nom d’Egonlab – clin d’œil à la ressemblance de Florentin avec le peintre viennois Egon Schiele. Mais leur propos est bien plus qu’une marque de vêtements. “Nous avons été un peu inspirés, il faut l’avouer, par la Factory d’Andy Warhol. Nous proposons des collections de vêtements, mais nous avons également un label de musique à travers lequel les artistes signent les bandes- son de nos défilés ou de nos vidéos. Et nous avons récemment inauguré un département technologies pour travailler sur toutes les questions ayant trait au métavers et aux NFT [certificats d’authentification et de propriété de pièces virtuelles].” La mode du futur, voilà un domaine qui n’effraie pas ces deux électrons libres, pleins d’idées et d’envies diverses et variées. Ils ont donc récemment lancé une série de NFT, en association avec la marque de chaussures Crocs, à laquelle s’ajoute une collaboration, bien réelle celle-là, dévoilée lors de leur défilé automne-hiver 2022-2023, en janvier 2022.
Defilé EGONlab automne-hiver 2022-2023
Si la mode masculine s’est tout d’abord imposée comme une évidence à Kévin Nompeix et Florentin Glémarec, le tandem ne s’interdit rien. “On aime créer des habits tout d’abord pour nous, la mode masculine nous semblait donc la chose la plus logique pour nous projeter, même si notre mode est plutôt genderless et inclusive. Mais on commence à développer des pièces plus féminines et d’autres avec des codes plus couture.” Récompensés en 2021 du prix Pierre Bergé de l’ANDAM, les fondateurs d’Egonlab y ont vu une vraie reconnaissance de leurs pairs, mais aussi un sacré coup de pouce commercial : “Cela a boosté les commandes de la part d’acheteurs étrangers.” Leur mode ? Un mélange des genres hybride, mêlant les codes classiques du tailoring, des accents dandy, des influences punk ou venues du sportswear. “Chacune de nos collections est façonnée à partir d’un imaginaire très fort. On construit un univers complet avant d’y esquisser nos personnages et nos vêtements.” Leur collection automne-hiver 2022-2023, baptisée “Egonimati”, s’articule autour de l’idée d’une secte à l’aura surpuissante, rassemblant les gens. “C’est une sorte d’adelphité rêvée, comme une fraternité ou une sororité mais sans distinction de genre.” Leur précédente collection, “Horror Story”, faisait, quant à elle, écho aux états mentaux perturbés par la pandémie et les différents confinements, tandis que “Dynasty” insufflait un message d’espoir pour l’avenir. Pour eux, être designer de mode en 2022 revient à affûter son propos : “On ne pense pas qu’une marque puisse aujourd’hui se contenter de produire des vêtements. Il faut apporter un univers et créer un peu de fantaisie, permettre aux gens de rêver et de s’échapper du quotidien. La mode doit délivrer des messages forts, quitte à être militante ou politique.”