Mannequin, actrice, auteure... aucun défi n’effraie la blonde androgyne. Repérée à l’âge de 15 ans par la directrice de l’agence de mannequins londonienne Storm, Cara Delevingne est devenue une icône de mode aussi fascinante que provocante. Se jouant des codes du monde de la mode sur les réseaux sociaux, cette Kate Moss de la génération Z biberonnée à Instagram a, depuis quelques années, délaissé les podiums des Fashion Weeks pour se lancer dans le cinéma. Est-il encore possible d’être passé à côté des portraits décalés, boudeurs et au second degré du top model britannique Cara Delevingne ? Sa moue angélique au rictus diablotin, ses sourcils broussailleux et sa nonchalance délicieusement magnétique ont fait de cette it-girl de 26 ans une personnalité à part dans l’univers de la mode. Après avoir arpenté les podiums des plus grandes maisons de couture, la mannequin et actrice britannique devient la nouvelle égérie beauté du rouge à lèvres Dior Addict Lipstick Stellar Shine. “J’ai toujours admiré la maison Dior, je suis donc très heureuse de figurer parmi ses ambassadrices aux côtés de Natalie Portman, Bella Hadid et Charlize Theron. Cette collaboration m’inspire parce qu’elle encourage les femmes à se sentir belles, fortes et audacieuses”, explique celle qui prête déjà ses traits malicieux à la maison depuis 2017 pour la ligne de soins Capture Youth. Sous l’objectif du photographe Jean- Baptiste Mondino et les pinceaux du directeur de la création du maquillage Christian Dior, Peter Philips, la désinvolte Cara Delevingne se mue cette fois-ci dans la peau d’une femme “confiante, pleine de vie et intrépide” au tempérament de feu : regard bleu glacier, coupe courte boyish et bouche rouge féline.
Inutile de rechercher des photographies épurées et retouchées sur son profil, Cara s’affranchit des codes et s’adonne à l’activité dans laquelle elle excelle : l’art de la grimace en tout genre.
Dix ans après sa rencontre avec la fondatrice de l’agence de mannequins Storm Sarah Doukas, connue pour avoir découvert “la Brindille” Kate Moss en 1988, la jeune adolescente rebelle issue de l’aristocratie anglaise a fait du chemin. Non loin de l’univers privilégié qu’elle a côtoyé enfant auprès de ses parents (le promoteur immobilier Charles Delevingne et lapersonal shopper du grand magasin Selfridges, Pandora Stevens) et de ses sœurs aînées Chloe et Poppy, la benjamine de la famille aux mimiques clownesques a su tirer son épingle du jeu pour construire sa carrière de mannequin internationale, en partie grâce à un détail de choc : ses sourcils sombres et étoffés reconnaissables entre mille. “Ma mère m’a toujours dit de ne jamais toucher à mes sourcils, et le temps lui a donné raison”, souligne celle qui n’a jamais caché avoir essuyé de nombreux refus et critiques à ses débuts. “Les gens passent leur temps à vous dire que vous n’êtes pas assez jolie, pas assez mince, pas assez grande, et que d’autres sont mieux que vous. Quand on est jeune, on croit que c’est de notre faute, que l’on devrait être autrement”, confiait-elle en 2015 sur le plateau du forum américain dédié à la parole des femmes d’influence : Women in the World. Et pourtant, quelle carrière allait s’ouvrir à elle ! Cet ovni de l’industrie de la mode n’a pas démérité. Le top model anglais compte à son actif plus d’une centaine de défilés, d’appétissantes apparitions sur les shows très prisés du label de lingerie Victoria’s Secret en 2012 et 2013, d’innombrables couvertures de magazines et campagnes beauté ou de prêt- à-porter de maisons prestigieuses ou de labels streetwear. Mais c’est à l’âge de 22 ans, vêtue d’un trench chic, que la belle Anglaise crève l’écran aux côtés de son amie et complice Kate Moss dans le film publicitaire pour le parfum My Burberry. Cara enchaîne une cascade de sourires aussi pétillants qu’hyper scénarisés. Mais pour cette casse- cou de caractère qui allie à la perfection insouciance et professionnalisme, rien n’est jamais de trop.
Convoitée par les couturiers et les photographes des quatre coins du monde, celle qui aimerait pouvoir se “téléporter d’une ville à une autre pour ne plus avoir à prendre l’avion” débute parallèlement une carrière d’actrice. En 2012, elle se glisse dans la peau de la princesse Sorokina, aux côtés de Keira Knightley et de Jude Law, dans le drame Anna Karenine du réalisateur anglais Joe Wright. Et c’est encore lui qui la dirige dans son rôle de sirène scintillante des profondeurs marines, dans le film Pan en 2015. Un magnifique tremplin pour la liane incendiaire qui tape aussi dans l’œil du réalisateur américain David Ayer pour camper le rôle de l’Enchanteresse dans le blockbuster déjanté Suicide Squad (2016). Mais c’est véritablement en 2017 que la jeune femme “devenue top malgré elle” concrétise son rêve hollywoodien en devenant la tête d’affiche du film Valérian et la cité des Mille Planètes, adapté de la BD éponyme et réalisé par Luc Besson. Le producteur français, qui a réuni pour cette superproduction l’acteur américain Dane DeHaan et l’une des meilleures amies de Cara, la pop star Rihanna, ne tarira pas d’éloges sur sa nouvelle muse, la qualifiant d’“actrice-née”. Plus motivée que jamais, elle interprétera prochainement le rôle de la fée Vignette Stonemoss aux côtés d’Orlando Bloom dans la série fantastique Carnival Raw, dont la sortie est prévue cette année sur Amazon. Sur fond d’enquête policière, cette fée réfugiée qui a fui sa patrie déchirée par la guerre devra surtout faire face aux préjugés des humains.
Discrète, la beauté mutine s’étale rarement sur sa vie privée dans les médias sauf quand il s’agit d’évoquer l’importance de la libération de la parole autour de l’orientation sexuelle.
Suivie par plus de 41 millions d’abonnés sur Instagram, c’est sur ce réseau de proximité que Cara Delevingne crée le teasing sur ses projets artistiques et partage des moments de vie entourée de ses amis, tous aussi sulfureux et célèbres qu’elle, comme la chanteuse Zoë Kravitz, l’actrice Margot Robbie, la mannequin activiste Adwoa Aboah ou le producteur de musique adulé Pharrell Williams, qu’elle considère comme l’une des personnes qui l’inspirent le plus. Inutile de rechercher des photographies épurées et retouchées sur son profil, Cara s’affranchit des codes et s’adonne à l’activité dans laquelle elle excelle : l’art de la grimace en tout genre. Entre deux coups d’œil à son fil d’actualité, elle apprécie les contenus délirants. “Les vidéos virales sur Instagram me font aussi bien rire que pleurer... de rire”, confie celle qui, pour autant, n’hésite pas à exprimer sur le réseau des positions sérieuses et engagées en faveur de la cause LGBT, de la tolérance et de l’acceptation de soi : “Je suis très sensible aux problématiques de la jeunesse et de la santé mentale. Ce sont deux causes cruciales pour notre avenir et je pense qu’il est important de passer du temps à les soutenir.” Un discours qui fait écho à ses années passées dans la mode durant lesquelles la petite Anglaise s’est souvent sentie “déconnectée” d’elle-même. Cette sensation de mal-être, Cara Delevingne s’en est servi pour l’écriture de son premier roman Mirror Mirror publié en 2017. Dans ce livre exutoire, la jeune femme s’adresse, à travers ses personnages principaux dans la fleur de la jeunesse, à tous les jeunes mal dans leur peau.
Bande-annonce “Valerian”
Discrète, la beauté mutine s’étale rarement sur sa vie privée dans les médias sauf quand il s’agit d’évoquer l’importance de la libération de la parole autour de l’orientation sexuelle. La jeune femme, qui se qualifie comme une personne à la sexualité “fluide”, ne souhaite pas être conditionnée et vulgairement étiquetée comme hétérosexuelle ou lesbienne. Aujourd’hui épanouie et engagée, elle mène bien des projets audacieux et se réjouit d’être là où personne ne l’attend. Créative et exigeante, Cara Delevingne aime l’idée de prendre le temps de se recentrer sur elle-même pour repartir de plus belle : “Chaque jour est différent. La seule chose que je fais tous les jours, c’est méditer le matin, au réveil.”