Née aux Baléares d’une mère britannique et d’un père indonésien,la nouvelle révélation espagnole rejoint Barcelone pour travailler, mais démissionne rapidement, car elle doit se rendre à l'évidence : elle ne vit que pour la musique. Son audace est récompensée : à peine lancée, c'est la révélation… À 20 ans, adoubée par la presse espagnole, elle pourrait rapidement rejoindre la chanteuse Rosalía et son flamenco 2.0 dans le gang des stars de la péninsule ibérique. Mais Aleesha garde la tête froide : “En Espagne, beaucoup reproduisent le concept des artistes qu’ils apprécient. Il est très facile de savoir ce qui va plaire au gens et accéder rapidement à la notoriété. Ce n’est pas ma priorité.”
Avec ses fines lunettes nineties et sa moue de petite fille boudeuse, la jeune artiste distille une pop estivale efficace aux accents R’n’B, genre dans lequel elle se sent la plus à l’aise. Influencée par la diva déchue Whitney Houston, le chanteur et chorégraphe Jason Derulo ou encore l’Andalouse María Isabel, on la compare surtout à Rihanna, superstar dont, comme elle, la carrière a débuté très tôt : “Les gens pensent que je devrais me sentir fière d’être comparée à Rihanna. Bien sûr, c’est une déesse qui m'inspire depuis toute petite. Mais moi, je ne veux ressembler à personne, explique Aleesha. Si je lui ressemble à ce point, cela signifie que je fais mal les choses. Les gens qui nous comparent n'ont pas vraiment de critères musicaux, ils ne parviennent pas à nous différencier.”
En décembre dernier, alors que la célèbre foire d’art contemporain Miami Art Basel battait son plein, Desigual lançait sa première résidence artistique, la Desigual Colour House Miami, et conviait différents artistes à venir partager leur talent. En 72 heures, aux côtés du producteur Alizzz, Aleesha y a enregistré un clip survolté, entre poses lascives, piscine, néons et body painting. Le label espagnol, connu pour ses couleurs éclatantes et ses imprimés audacieux, a choisi d’articuler ses différents workshops autour de la peinture – qu’elle soit sur des vêtements ou sur le corps. Pendant une semaine, la slasheuse et artiste irrévérencieuse Miranda Makaroff, le performer genderfluid King Jedet, la styliste à la créativité débordante Laura Vandall, l'antimannequin à l’esprit punk Marina Guindi, la styliste et dessinatrice Blanca Miró, l’actrice Hiba Abouk, la graphiste Pilar Zeta et la DJ tokyoïte Alisa Ueno ont ainsi déplacé l'univers coloré de Desigual à Miami.
ALEESHA - “Myself again” (Prod. by Alizzz) for Desigual
Autrefois surnommée Baby Uzi, Aleesha apparaît désormais en femme fatale des nuits urbaines dans All In et Peligrosa, avertissement sur ses talents d’héroïne trap. Ailleurs, c’est en bombe sensuelle qu’elle s’illustre, comme dans le clip Outta Crtl, véritable tube aux influences latines. Pour Aleesha, le mélange des genre semble inévitable, “se réinventer ne signifie pas surprendre les autres, mais plutôt prendre un nouveau départ.” Dans la veine d’une Lolo Zouaï, tantôt tomboy explosif tantôt croqueuse d’homme sous la lueur de tubes luminescents, la jeune femme partage la culture de la différence prônée par Desigual : “J’ai refusé un certain nombre de collaborations dans divers domaines. Je fais énormément confiance à mon corps, il me dit quoi accepter ou refuser, confie-t-elle.
Aleesha, Peligrosa [Rose Records, 2019]. Elle sera en concert, à Barcelone, au festival Primavera Sound le 2 juin et au Sónar festival le 19 juillet.
ALEESHA - “Outta Ctrl”