Marina Rubinstein, alias Dr. Rubinstein, virevolte au milieu d'une culture rave trépidante, entre acid hypnotique et techno dark des années 90. Née en Russie et élevée à Tel Aviv, elle a finalement rejoint Berlin, temple de la techno. Coutumière du Berghain et du About Blank, elle vagabonde dans les lieux les plus prisés du monde par les amateurs de musique électronique. Côté festivals, Dr. Rubinstein a su convaincre le public par des sets tonitruants au Sónar, au Dekmantel, aux Nuits Sonores de Lyon ou encore au Montreux Jazz Festival. Rencontre.
Numéro : Dr. Rubinstein est un pseudonyme énigmatique qui ressemble davantage à un personnage de film. Vous considérez-vous comme la doctoresse de l'électronique ?
Dr. Rubinstein : Quand j'ai choisi mon pseudonyme, je n'ai pas essayé de le rendre énigmatique ou hors du commun. Je trouvais juste que le préfixe “docteur” sonnait old school et, en même temps, totalement bad ass. Je considère la musique comme un véritable remède pour l'âme. Quand je danse, quand je mixe, je me sens toujours en paix.
Quand avez-vous débarquée sur la scène techno ?
Je me suis ouverte à la musique électronique quand j'ai commencé à faire la fête à Tel Aviv. Ma première rave, c’était il y a 13 ans. Et une fois que vous avez goûté à cela, il n'y a pas de retour possible. Alors j'ai décidé de me lancer sans forcément être liée à 100% à la techno. En réalité, ma musique gravite entre techno, acid house, électro, breaks, trance... tout ce qui est susceptible de faire danser les gens.
“Danser pendant de longues heures a toujours été ma plus grande source d'inspiration. J'aime la sensation que procure la piste de danse, je me perds dans les sons et me déconnecte de la vie. J'apprécie le fait d'exister juste à ce moment précis, tout en ressentant la musique en moi.”
La Boiler Room avec Dr. Rubinstein à Helsinki.
Qu’est ce qui vous inspire le plus ?
Les raves. Danser pendant de longues heures a toujours été ma plus grande source d'inspiration. J'aime la sensation que procure la piste de danse, je me perds dans les sons et me déconnecte de la vie. J'apprécie le fait d'exister juste à ce moment précis, tout en ressentant la musique en moi. Je suppose que je suis juste une raveuse dans l'âme.
Qu'en est-il de votre vision de la scène électronique d'aujourd'hui ?
La scène électronique se diversifie progressivement, le milieu s’ouvre de plus en plus. Internet, et les voyages low cost y sont pour beaucoup, la scène électronique devient un petit monde dont je veux absolument faire partie.
“Demander constamment aux femmes de remettre en question leur place dans le monde ou dans telle ou telle profession, plutôt que de les accepter comme un être à part entière, est une grande partie du problème.”
Comment envisagez-vous son avenir ?
En ce moment j'essaie de ne pas trop penser à son avenir. Dans le passé, quand je débutais dans le milieu, je pensais constamment à l'avenir, à ce qui m'attendait et à mes projets et, pendant ce temps, j'oubliais de profiter du présent. Bien sûr que j'ai une certaine vision sur l'avenir de la techno… mais je ne veux pas trop en parler, je ne veux pas le biaiser. La musique évolue constamment, autant lui laisser libre cours et voir ce qu'elle devient.
Avec toute cette vague de faits qui inonde l'actualité quant à l'émancipation des femmes, comment percevez-vous la place de la femme dans le monde des dj ?
La place de la femme est toujours aussi problématique, qu'importe le domaine. Et demander constamment aux femmes de remettre en question leur place dans le monde ou dans telle ou telle profession, plutôt que de les accepter comme un être à part entière, est une grande partie du problème.
Quels sont vos prochains projets ?
Mon agenda de tournée est assez serré. J'ai beaucoup de sets palpitants à venir, comme au Warehouse Project à Manchester, un autre en compagnie de Roi Perez à la Gay Pride au Berghain, puis un au club Bassiani à Tbilissi. Cette année je vais aussi jouer en Amérique du Sud pour la première fois.
Dr. Rubinstein en B2B avec Marcel Dettmann au Sónar Festival 2017.